Le bien et le mal le même pour nous tous?

Le bien et le mal sont-ils les mêmes pour tous?

PHILOSOPHIE ET RATIONALITÉ

SALIM BÉDARD

Quand j’étais au primaire, je volais souvent des jouets à l’école puisqu’à la maison je n’en avais pas. Lorsque l’on m’a attrapé en plein délit, je ne comprenais pas pourquoi je me faisais chicaner. Pour moi, c’était correct de voler parce que tous les autres enfants avaient des jouets et je trouvais injuste de ne pas en avoir pour moi. Je ne voyais pas comment mon action était égoïste envers l’école qui paye les jouets et envers mes collègues de classe qui eux aussi n’avaient pas nécessairement de jouets à la maison, mais adoraient profiter des jeux de l’école eux aussi. Les éducateurs m'ont fait comprendre le mal de mon action, mais étaient quand même empathiques envers moi puisqu’ils comprenaient ma situation. Des évènements comme le mien, ou similaire arrive tous les jours sur la terre. Chaque humain est différent et pense à sa façon. Nous avons tous des valeurs et des visions différentes des choses. Le bien et le mal sont deux affaires qui sont difficiles de juger, car les interprétations peuvent être différentes.

Nous avons tendance à penser que la moralité est universelle. En réalité, elle ne l’est pas lorsque l’on parle de bien ou de mal. Il est difficile de les définir, car il peut y avoir un motif ou une raison derrière l’action. Tout d’abord, on pourrait énoncer que les mêmes choses sont bonnes ou mauvaises pour tout le monde, mais qu’autrui n’a aucune raison d’agir de façon qui soit considérée comme bien et de ne pas faire ce qui est considéré comme mal. Les seules personnes qui respecteraient cette façon de voir le bien et le mal sont ceux qu’on des bons fondements moraux, des personnes qui sont capables de penser à d’autres qu’elles-mêmes. Ces gens souhaitent faire le bien pour eux-mêmes et participent à la création d’une moralité universelle. Par contre, il y a des limites, car une personne ne devrait pas voler quelque chose et avoir comme justification que pour elle, elle causé aucun mal à personne.

Ensuite, nous pouvons dire que chacun a une raison de faire ce qui est bien et de s’éloigner de ce qui est mal, mais ces raisons ne dépendent pas des raisons que les gens ont réellement. C’est plutôt des raisons de changer nos motivations si elles ne sont pas les bonnes. Ainsi, la morale est liée aux raisons de l'action, mais laisse dans l'ombre la question de savoir quelles sont ces raisons universelles, qui seraient indépendantes des raisons que chacun a réellement. Pour expliquer ce point de vue, retenons cette citation du texte Bien et mal de Thomas Nagel : « Que veut-on dire lorsque l'on affirme qu'un meurtrier avait une raison de ne pas le faire, même si aucun de ses motifs ou de ses désirs présents ne lui donnait une telle raison? »

Finalement, on peut dire que la morale n'est pas universelle : l'obligation morale d'une personne ne peut excéder la raison d'agir, car cette raison dépend généralement du degré de préoccupation pour les autres. Si vous avez de fortes motivations morales, vous aurez de fortes raisons et de fortes exigences morales. Si votre motivation morale est faible ou manquante, vos exigences morales seront également faibles

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