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Le déterminisme

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Par   •  17 Mars 2019  •  Dissertation  •  3 043 Mots (13 Pages)  •  1 860 Vues

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                                        Le déterminisme 

Pourquoi les choses adviennent-elles telles qu’elles adviennent ? Suis-je libre dans l’accomplissement de mes actions ? La question de l’existence d’un déterminisme fait partie des questionnements centraux en philosophie. L’existence d’un déterminisme suppose que les événements et les actions humaines adviennent relativement à une chaîne d’événement antérieurs, cela suppose que le présent soit engendré de façon nécessaire par le passé et qu’ainsi les événements se succèdent de façon prévisible. Pour  Aristote le déterminisme est un principe fort et chaque chose a une essence donnée qu’elle tend à réaliser. La nature tout comme l’humain seraient alors régis par un ensemble de lois qui à chaque action associeraient une conséquence et ainsi de suite. Les notions de déterminisme et d’indéterminisme relèvent de la métaphysique bien qu’elles s’ancrent dans l’expérience. La notion de déterminisme doit être envisagée relativement à la notion de liberté. Il s’agirait alors d’opposer métaphysique de la liberté et métaphysique de la nécessité. Un homme totalement déterminé serait en effet privé de liberté, il ne serait pas maître de son destin car il serait privé de libre-arbitre. Mais il faut envisager des nuances, ne pas confondre déterminisme et prédestination théologique, le déterminisme n’est pas nécessairement un fatalisme absolu et il se pourrait que la volonté humaine garde un rôle à jouer dans la détermination des actions. On définirait l’acte libre comme un acte sans antécédents et inexplicable par la science. Le monde est-il orchestré par un déterminisme causal nécessaire qui réduirait à néant toute liberté humaine ? Il s’agira dans une première partie d’envisager l’existence d’un déterminisme causal, il s’agira ensuite de voir que le déterminisme n’est pas une nécessité, et il s’agira enfin de voir que la liberté peut se conquérir par l’Homme même dans un contexte qui serait déterminé.

                        A en croire la philosophie antique de Aristote il existerait bel et bien un déterminisme nécessaire, une essence comprise dans les choses qu’elles tendent à réaliser.

                        Un déterminisme nécessaire suppose que chacune de mes actions entraînent des conséquences déterminées par la nature même de mon action, que deux événements se produisant dans la nature ayant les mêmes caractéristiques entraînent les mêmes effets et ce de façon nécessaire, prévisible ex ante. Pierre-Simon de Laplace, dans son Essai philosophique sur les probabilités de 1776, est le premier à affirmer le déterminisme universel avec rigueur. Selon lui, la connaissance du présent conduit à celle du passé et de l’avenir. Tout est suite des lois de la nature. Ainsi, il dit : « une chose ne peut pas commencer sans une cause qui la produise ». Il fait donc bien état d’un déterminisme universel et nécessaire, qui advient de façon systématique. On parle de « démon de Laplace » pour désigner l’existence d’une intelligence qui serait capable de connaître simultanément l’état géométrique de l’univers et l’état dynamique, cette intelligence serait donc capable d’une prévision absolue. Cette conception émane directement d’une idée d’un déterminisme de la nature, il s’agit d’un idéal d’une science qui serait entièrement prévisionnelle. Cependant cette prévision absolue ne serait possible qu’à condition de respecter certains présupposés comme ceux de l’invariabilité et d’une connaissance parfaite des phénomènes.

                        Cette réflexion nous porte vers la question du déterminisme comme condition du déterminisme naturel comme présupposé essentiel de toute recherche scientifique. En effet,  pour Karl Popper il existe un déterminisme scientifique, tout événement peut être rationnement prédit à condition que les événements passés soient connus avec précision et que le lois de la nature soient connues, il est dans ce sens en accord avec le déterminisme laplacien qui soumet l’existence d’un déterminisme universel à la vérification d’hypothèses initiales, il faut que la connaissance d’un phénomène soit totale si l’on veut en prédire les conséquences sous le prisme du déterminisme universel. De même, Claude Bernard pose le déterminisme de la nature comme point de départ indispensable, il ajoute le fait que ce déterminisme est indémontrable de toute science, il est considéré en tant que présupposé et « il faut l’admettre ». Sans déterminisme il n’y aurait donc pas de science, le scientifique se devrait alors de douter de tout mais jamais du principe même de déterminisme. Tout phénomène serait déterminé par une cause en fonction d’une loi constante de la nature de sorte que les conséquences ne puissent être que régulières. Le déterminisme apparaît donc comme nécessaire dans un monde  dans lequel la science est valorisée et joue un rôle central et déterminant dans le comportement humain, dans la perception que nous avons de nous-mêmes et de tout ce qui nous entoure (des comportements animaux jusqu’à la représentation que nous nous faisons des astres). En effet, ce déterminisme peut-être analysé comme nécessaire car si la nature ne répondait plus à des lois de façon régulière, si toutes nos actions entraînaient des conséquences totalement imprévisibles alors il n’y aurait plus aucun ordre sur Terre et nous assisterions à un règne anarchique du hasard et de la contingence.

                        Or si la nature est déterminée de façon nécessaire alors nous pouvons supposer que les hommes, faisant eux-mêmes partie de la nature, sont tout aussi bien déterminé. C’est la supposition que chaque action humaine est déterminée par une force qui dépasse la conscience de l’individu. Cette analyse de l’individu guidé par une force qui le dépasse est une vision qui correspond bien à l’analyse sociologique de Durkheim. En effet, Emile Durkheim est un sociologue qui défend l’idée d’un certain déterminisme social, son analyse est holiste, c’est-à-dire qu’elle part du principe qu’il existe une tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties. Autrement dit, il défend l’idée selon laquelle les individus sont déterminés par la société, et il y aurait alors primauté de la Société sur les individus. Il place le concept de fait social au coeur de son analyse, il le définit dans Les règles de la méthode sociologique comme « toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure; et, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses manifestations au niveau individuel ». Le fait social incarne le poids de la société dans l’action individuelle qui n’est alors rien d’autre que la manifestation du déterminisme à l’échelle humaine. Ainsi, les individus seraient déterminés par leur origine sociale, leur situation géographique, leur genre…Et si les hommes sont déterminés, nous pourrions avancer l’idée qu’il ne peuvent pas avoir de réelle emprise sur l’histoire, que les acteurs ne « font » pas l’histoire quand bien même ils en auraient l’impression. Ainsi, Hegel dit dans la Philosophique de l’histoire : «  L’histoire universelle n’est que la manifestation de la Raison » et en ce sens les acteurs ne peuvent pas changer le cours de l’histoire.

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