Le Bonheur
Documents Gratuits : Le Bonheur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louise1502 • 7 Mai 2015 • 587 Mots (3 Pages) • 1 041 Vues
Sujet d'invention : Vous avez composé un recueil de poèmes, en prose ou en vers, faisant une large part au rêve et à l’imaginaire, à la manière d’Aloysius Bertrand. Vous écrivez à un éditeur pour le convaincre de publier cet ouvrage et défendre votre démarche poétique.
Sans cesse, les gens marchent, courent, se bousculent, se hèlent, ils sont pris au piège, à la manière d’une chauve-souris se heurtant de ses ailes au plafond d’un cachot, rejoignant leur morne quotidien même en plein cœur de leurs songes hasardeux et maladroits. Croyez-vous qu’ils soient, dès leurs volets clos, lorsque la nuit a déjà tout envahi, traversées d’une envie frénétique de se laisser emporter par un livre de Balzac ou d’Hugo ? Impossible.
Ils seraient voués à conserver sur leurs lèvres et sur le bout de leurs doigts calleux de travailleur l’épouvantable goût amer de leur médiocrité, souillant par la suite le moindre objet effleuré. Ils ne pourraient que prendre ombrage de leurs ressemblances inquiétantes avec cette multitude de personnages fictifs et néanmoins si réels, se sentir envahi par un sentiment de colère mêlé à une suave tristesse, qui les mèneraient à la mélancolie pour certains, et à un profond désespoir pour d’autres. Ces ouvrages, bien qu’excellents je vous le concède, m’évoquent une gigantesque araignée sombre qui emprisonnerait ses lecteurs dans ses filets pour mieux leur jeter leurs défauts et leurs vices au visage, et leur rappeler ceux qui grouillent sous leur peau et n’attendent qu’un signe pour se manifester. Il ne faudrait pas ce contenter de ces lectures mais y ajouter le large part d’imagination contenue dans la poésie, pour ne pas sombrer dans la folie ou tout autre sentiment négatif équivalent, à la manière des protagonistes des romans de Maupassant ou d’autres…
Les gens ont besoin de rêve, ils ont besoin de mêler à leur vie fade et grisâtre un soupçon de magie, laisser place à leur imaginaire qui se cache derrière les nuées de détails encombrants leurs journées sans fin. Ainsi, la vision idyllique d’un jardin en fleurs où, pleines d’ardeur, s’ébattent des créatures à la beauté insoupçonnée, ou celle, non moins fascinante, de ruines fumantes traversées de part en part par une procession de Magiciens vêtus de pourpre, suffiraient sans nul doute à faire danser une succession d’images fantasmagoriques dans l’esprit de ces gens écrasés par les plaies de leur époque.
La poésie, c’est cet instrument qui distille, au goutte à goutte, telle une pluie de notes de musique scintillante et mélodieuse, quelques mots évocateurs d’images douces et familières entremêlées de brèves lueurs éclatantes constituées de visions, paradisiaques ou ténébreuses, toutes droites sorties de l’imagination collective et de celle, particulière et unique, du poète. Elle ouvre une brèche dans la cloison enfermant nos pensées, lancinants cris d’ennui ou de désespoir, les transportant vers des destinations lointaines, exacerbant nos sens et aiguisant notre imagination, fiévreuse et empressée.
En tant qu’éditeur, vous possédez le moyen de jeter aux esprits avides et curieux quelques bribes de cet art dévorant, et leur procurer ce plaisir, cette échappatoire, est même un devoir.
Je joins à cette lettre un recueil. Il contient trente-cinq poèmes en prose et il
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