Extrait du Phédon sur l’immortalité de l’âme

Extrait du Phédon sur l’immortalité de l’âme

L’âme, dit Socrate,  l’invisible, qui s’élance vers un autre lieu pareil à elle, noble, pure, invisible, qui s’élance vers l’invisible véritable, Hadès pour le nommer, le dieu bon et sage chez qui, s’il plaît au Dieu, mon âme devra bientôt aussi aller ? Il faudrait croire que cette âme, telle que nous venons de la décrire, avec une pareille nature, dès qu’elle est séparée du corps se disperse entièrement et périt, comme l’affirme la plupart des gens ?  On est bien loin du compte, Cébès et Simmias, mes très chers ! Voici plutôt ce qu’il en est. Si, au moment où elle se sépare, l’âme est pure, et n’entraîne avec elle rien qui vienne du corps, du fait que tout au long de la vie, elle n’a volontairement rien de commun avec lui, le fuit au contraire en ne cessant de se concentrer en elle-même, du fait que c’est là toujours l’objet de son exercice : cela ne revient-il pas à dire que cette âme pratique droitement la philosophie, et qu’elle s’efforce droitement à être morte, sans faire aucune difficulté ? Ne serait-ce pas cela, s’exercer à la mort ?

Oui, tout à fait.

Donc, l’âme qui est dans cet état s’en va vers ce qui lui est semblable : l’invisible, vers ce qui divin, immortel, sensé ; vers ce lieu où une fois parvenu, il lui est donné d’être heureuse, puisque errance, déraison, terreurs, désirs sauvages, bref, tous les maux liés à l’humaine condition, elle en est débarrassée, et, selon la formule qui s’applique aux initiés, c’est dans la compagnie des Dieux, en vérité, qu’elle passe tout le temps à venir.

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