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Dissertation : qu'est ce que faire sens pour l'Homme ?

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Par   •  28 Janvier 2017  •  Dissertation  •  4 752 Mots (20 Pages)  •  940 Vues

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        Faire sens serait de sortir du naturel, du sensible, de l'expérience pour aller vers l'intellectuel. Utiliser le langage est, d'une certaine manière, pour l'Homme, devenir un être intelligible. Est ce que faire sens n'est pas aussi apporter une signification nouvelle grâce au signe ? Si le signifiant était autre chose que convention, si c'était une parole : la parole n'est pas le signe de la pensée (MP : le signifiant n'est pas qu'une convention, le signifiant en tant que parole est un geste → « la parole est un geste et sa signification, un monde »).

Parler ce n'est pas additionner des mots, c'est rentrer dans le sens. Un synonyme ne signifie pas du fait du signifié, mais du fait aux autres signifiants : « faire l'amour aux mots » Paul Eluard, parler c'est incarner la signification dans un corps. Faire sens pour l'homme c'est incarner la signification dans un corps.

Quand je parle, j'incarne le sens dans un geste qui a une musique, un rythme, un corps. Et donc, ce sens corporel, charnel, ne relève pas du dictionnaire. La parole ne fait pas sens comme le signe fait sens parce que la parole fait sens dans un monde de corps parlants. Quand je parle, mon corps me transporte dans un monde de paroles et être transporté dans un monde de paroles c'est d'abord faire sens dans un monde.

La langue et le langage ne sont pas au final ce qui caractérisent l'homme mais bien plutôt la parole.

Cela signifie que nous avons des connaissances langagières (l'usage des signes, la connaissance de la langue, de la grammaire) mais ces connaissances langagières ne suffisent pas pour faire sens. Merleau-Ponty nous explique que la poésie est l'expression la plus pure de l'essence de la signification ; c-a-d que loin le poète est celui qui parle autrement que nous, c'est celui qui met au jour l'essence de la parole, celui qui montre quelle est l'essence du monde pour 2 raisons : le poète joue avec les mots, et notamment avec la chair des mots. Il nous montre qu'il y a du sens dans l'écho musical que les mots ont ensemble.

« L'écho esclave » -Mallarmé.

C'est un vers car dans « écho esclave », on entend un écho : le vers fait entendre ce dont en même temps il parle. Mais en faisant entendre ce dont en même temps il parle, il va au-delà de la signification de chaque mot car dans le langage courant, on ne rapprocherait pas l'écho et l'esclave ; il faut que le poète s'émancipe de la situation pour retrouver la puissance du sens, et dans la puissance du sens se donne un nouvel horizon de significations.

Est-ce que tout langage fait sens ? Est-ce qu'il suffit d'avoir un langage pour faire sens ?

Le mot « faire sens » peut avoir une double signification : il peut vouloir dire simplement pour un signe renvoyé au signifié, c'est-à-dire au concept. Dans ce cas là, l'acte par lequel recevant un signifiant (entendant un signe), je renvoie un concept, s'appelle en philosophie l'interprétation (=recevoir une image acoustique et renvoyer spontanément au sens, à « l'état d'âme » selon Aristote). Interprétation = activité de renvoi, le sens n'est pas immédiat (il faut réfléchir à qu'est-ce qui ne fait pas sens). La signification n'est pas dans les mots pris en sens de la voix. Puisque le sens n'est pas dans les mots, c'est que immédiatement quand nous entendons quelqu'un parler ou lisons un texte, nous nions ce que nous entendons. Interpréter c'est faire comme si ce que l'on entendait c'est pas ce que l'on comprenait (on entend → des sons). L'interprétation est donc déjà un acte, ce qui veut dire que celui qui écoute la parole de l'autre, il ne les reçoit pas passivement, il doit agir avec son entendement pour que les mots fassent sens.

Cela tient à l'arbitraire du signe (« l'aspect symbolique du signe » chez Aristote). Elle est la toute première cause du non sens. Premier cas où le langage ne fait pas sens : langue étrangère. La signification n'est peut être qu'une convention, peut être que les mots ou le langage ne fait pas sens vers une vérité (sens veut dire orientation, renvoyé vers). La thèse hermogénique : les mots sont des conventions, et donc le sens des mots est lui-même une convention. Le dictionnaire est une définition d'usage → définition qui ne fait pas signe sur la vérité, mais sur laquelle une certaine communauté s'entend conventionnellement dans son usage ; le sens change avec les usages, et donc cela veut dire qu'il n'a pas de vérité.

Par exemple, le pouvoir politique joue énormément sur la dimension conventionnelle du langage. Dans les années 90's, le gouvernement a voulu revaloriser les petits métiers, pas en les payant plus, mais en revalorisant leurs noms : les femmes de ménage se sont appelées techniciennes de surface. Ici, d'une façon très évidente, il change le nom non pour changer une vérité, mais un sens. L'image que l'on se donne de soi-même et changé par le nom. Cela veut dire que le langage ne fait sens que vers les croyances sociales. Peut être que le sens des mots ce n'est que ce que les communautés veulent entendre.

Pour illustrer cet aspect conventionnel, c'est peut être à cause du caractère social et conventionnel que certaines communautés à l'intérieur d'une langue créent des sous-langues de communauté comme l'argo, le langage des adolescents, etc... Je veux changer les mots, non pour me faire entendre de tous, mais pour me faire entendre d'une communauté particulière. Le langage ne poursuit pas du tout la vérité de la signification mais le besoin social de croyance. On ne parle pas pour dire le vrai mais par besoin de reconnaissance sociale.

Bourdieu, Langage et pouvoir symbolique : exposé de manière très approfondie la thèse que parler ce n'est peut être pas nommer, signifier au sens de la vérité, mais peut-être avant tout dominer. Pour lui, la timidité est une réalité sociale, le timide c'est celui qui, socialement, n'a pas la parole. Celui qui n'a pas la parole c'est celui qui, dans une communauté donnée, n'emploie pas les mots de la reconnaissance sociale, n'emploie pas le langage de la reconnaissance. Par exemple, les études littéraires montrent que pour réussir, il ne faut pas seulement avoir des connaissances, il faut savoir parler la sous-langue de la reconnaissance littéraire, et ce qui ne savent pas parler la sous-langue de la reconnaissance littéraire sont sanctionnés et n'ont plus la parole. Peut-être que nous ne parlons pas pour connaître, mais pour dominer, pour agir, pour avoir de la reconnaissance. Dans l'Antiquité, les grands réalisateurs de cette convention sont les sophistes → ceux qui démontrent par leur efficacité que la vérité n'est pas l'objet du langage, mais que l'objet du langage c'est le pouvoir.

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