Étude du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert

Le XIXème siècle est marqué par l’ascension d’une littérature qui dépeint la société dans sa forme originelle et dénonce tous les vices qui affectent la nature humaine. Ainsi, certains auteurs osent introduire dans leurs œuvres des sujets tabous, tels que l’adultère, et dévoilent la déchéance affectant alors un grand nombre de femmes. Gustave Flaubert, un écrivain fidèle au réalisme, rédige dans ce contexte le roman « Madame Bovary », dans lequel il expose l’histoire d’Emma Bovary, fille d’agriculteurs, ayant épousé un médecin de campagne qui l’a emmenée à Yonville, dans le Nord de la France. Nourrie de fantasmes romanesques, elle voit ses rêves aristocrates s’écrouler sous le poids de l’ennui et sombre dans l’adultère. Le texte soumis à notre étude est extrait du chapitre 12, partie II. Il relate le comportement de Madame Bovary en compagnie de son amant, ainsi que la tumultueuse scène de conflit avec sa belle-mère. Afin de comprendre la vision que ce texte nous donne des tentatives d’émancipation d’Emma, nous observerons l’image que donne la jeune femme au sein de son entourage, par moments confrontée à des limites, comme l’illustre bien la scène avec Madame Bovary mère.

I- Différents points de vue sur le personnage

Le narrateur multiplie les points de vue sur Emma pour montrer comment est perçu ce que l’héroïne croit être une émancipation dans l’adultère.

a) Le point de vue de Rodolphe

=> Froid et calculateur : « supériorité de critique », « se tient en arrière ». => Séducteur sans scrupule qui ne voit dans cette liaison que des « jouissances à exploiter ». => Voit Emma comme un simple objet sexuel : « quelque chose » Emma croit s’émanciper et s’imagine s’être libérée du joug du mariage et être devenue maîtresse de ses sentiments et de sa vie, elle ne se rend pas compte qu’elle est toujours dépendante d’un homme qui la manipule avec cynisme : « il la traita sans façon », « il en fit ».

b) Le point de vue des habitants d’Yonville

=>Point de vue du « monde », des « bourgeois » => leur vocabulaire est employé, à savoir les dénominations distantes « Mme Bovary », « M. Rodolphe ». => Un regard qui ne juge que sur l’extérieur : « allure », « regards », « discours », vêtements. => Un regard qui montre comment Emma se démarque de son environnement campagnard et provincial très traditionnaliste, et souligne le côté superficiel de son émancipation. => La société provinciale est choquée par divers comportements d’Emma : - Elle revendique des libertés que la société refuse aux femmes : « ses regards devinrent plus hardis, ses discours plus libres ». - Elle affiche son adultère dans une sorte de provocation à l’opinion publique : « elle eut même l’inconvenance de se promener avec M. Rodolphe », « comme pour narguer le monde ». - Elle adopte des manières d’homme : « une cigarette à la bouche », « la taille serrée dans un gilet, à la façon d’un homme ». => La société la condamne visiblement pour immoralité.

c) Le point de vue de Mme Bovary mère

=> C’est une « bourgeoise », « une bonne dame » incarnant la moralité, la convention et les préjugés. => Elle est « scandalisée » par la conduite de sa belle-fille, discours indirect libre : « Charles n’avait point écouté ses conseils pour l’interdiction des romans ; puis, la maison lui déplaisait ». => Face à l’impuissance et la déficience de son fils, c’est elle qui endosse le rôle d’autorité morale, juge et critique => c’est ce qui est à l’origine de tensions perpétuelles entre elle et Emma au sein du foyer : « elle se permit des observations, et l’on se fâcha ».

II- Les limites de l’émancipation

a) La scène avec la belle-mère

=> Les deux femmes s’opposent à tous points de vue, dans une détestation mutuelle : - Parallélismes d’attitude : « elles s’étaient enfuies toutes les deux dans leur exaspération », « Emma trépignait en répétant »/ « Elle était hors des gonds, elle balbutiait ». - Parallélismes de paroles : exclamations

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