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Suis-je Ce Que J'ai Conscience D'être ?

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Par   •  15 Octobre 2012  •  2 138 Mots (9 Pages)  •  3 132 Vues

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Analyse du sujet

Les mots du sujet

Il faut prendre ici le mot "conscience" au sens psychologique. La conscience de soi est l'intuition (la saisie immédiate) qu'a l'esprit de ses états et de ses actes. Ce que j'ai "conscience d'être" est donc le résultat de l'introspection c'est à dire de l'observation intérieure de soi-même en vue de se connaître.

"Je", ici, doit être pris au sens général. Il ne s'agit pas de ma personne en particulier mais de toute personne douée de conscience et donc capable de dire "je".

Le sens du problème

Le problème est de savoir si mon être correspond à la saisie que j'en ai. Autrement dit, est-ce que je suis transparent à moi-même (n'y a-t-il pas des illusions que je forme sur moi-même ?) et ai-je une conscience complète de moi-même (et non une conscience parcellaire, incomplète) ? Le problème posé est celui de la vérité de l'introspection. Constitue-t-elle une réelle connaissance de soi ?

Présupposé de la question

Il est admis par le sujet que j'ai conscience d'être quelque chose. Tout le problème est de savoir si ce que je suis "réellement" correspond à cette image que j'ai de moi. Cette image est-elle vraie et complète ou incomplète voire fausse ?

Réponse spontanée

Elle est affirmative. Nous avons spontanément l'impression de nous connaître.

Plan rédigé

I Conscience spontanée de soi et conscience philosophique de soi.

Il est possible d'opposer ce qui est en nous conscience spontanée et ce que nous sommes vraiment. C'est ce que fait Descartes. Cherchant méthodiquement à découvrir une vérité "entièrement indubitable", il décide de se débarrasser de tous les préjugés reçus depuis l'enfance. C'est alors qu'il est conduit à opposer ce qu'il a conscience d'être spontanément, avant sa méditation philosophique, et ce qu'il est vraiment, être dont il ne prend conscience qu'au terme de sa méditation.

1) La conscience spontanée de soi.

Avant la réflexion philosophique, "lorsque je m'appliquais à la considération de mon être, je me considérais premièrement comme ayant un visage, des mains, des bras et toute cette machine composée d'os et de chair telle qu'elle paraît en un cadavre, laquelle je désignais par le nom de corps" (Méditations, I). Cette première dimension de la conscience spontanée de moi-même comme corps, corps qui est mien, que je peux sentir, paraît plus claire que la conscience spontanée de l'âme, à laquelle je rapporte mes actions et que j'imagine, poursuit Descartes comme "quelque chose d'extrêmement rare et subtile" De ces deux formes de conscience de soi se contente celui qui n'a pas encore entrepris de dépasser l'opinion que donne l'expérience générale de la vie et de ses incertitudes.

2) Ce qu'est vraiment la conscience de soi.

Le travail par lequel Descartes se débarrasse de toute idée reçue, sa méthode philosophique, consiste en un doute volontaire, systématique et radical. Ce doute porte sur tout ce dont il est possible de douter, y compris ce dont, d'ordinaire, "on ne peut pas raisonnablement douter", par exemple que nous avons un corps. Rappelons que pour mettre en doute l'existence du corps, Descartes recourt à l'argument du rêve. Quand je rêve, je m'imagine éveillé, marchant, habillé alors que pourtant je suis allongé nu dans mon lit. Qui m'assure que je ne suis pas maintenant en train de rêver ce corps que je crois avoir ? Rien, puisque justement aucun indice au moment du rêve ne me révèle que je ne suis pas éveillé ! Il me faut donc douter de la réalité de mon corps.

Au doute cartésien rien ne résistera à une exception près : l'existence du doute lui-même c'est à dire à la fois l'existence de la pensée et l'existence d'un sujet qui pense (moi). Il n'y a pas de doute que je suis et que je suis ce pouvoir de douter de toute réalité extérieure, même de mon corps. Je prends conscience que je suis (j'ai conscience de moi comme existant) et, de plus, que je suis une intériorité, une substance pensante (consciente) purifiée de toutes les obscurités qui étaient attachées jusqu'ici à cette notion. Je suis certain d'être, à ce moment de la démarche, un moi qui doute, autrement dit qui pense. Je me connais comme res cogitans c'est à dire substance pensante.

Ainsi :

Ce que j'ai conscience d'être spontanément, à savoir un corps et une âme subtile, je ne le suis pas vraiment ; philosopher est nécessaire pour passer de l'évidence naïve et trompeuse de ce que j'imagine être à l'évidence philosophique de ce que je suis réellement.

Ce que j'ai conscience d'être, après avoir douté, à savoir "une chose qui pense", je le suis réellement ; ce moi n'est ni un corps, ni une âme mystérieuse ou subtile mais une pure pensée et, à cette pensée consciente, sera reconnu par la suite le pouvoir de gouverner le corps sans être gouvernée par lui, autrement dit un libre arbitre.

Selon le sens qu'on donne au concept de conscience, je suis ce que j'ai conscience d'être (conscience philosophique de soi) et je ne suis pas ce que j'ai conscience d'être (conscience spontanée de soi). La conscience peut faire erreur sur elle-même mais elle seule peut le savoir en prenant conscience de sa véritable nature. La conscience philosophique de soi est connaissance vraie de soi qui nous arrache aux illusions de la conscience naïve de soi.

Pourtant cette conscience philosophique de soi n'est-elle pas, en réalité, source de nouvelles illusions sur soi ?

II Les illusions de la conscience de soi.

1) Conscience et illusion.

Ce dont j'ai conscience, dit Spinoza, c'est ce que je veux, désire et fais mais non les causes qui expliquent ce que je veux, désire et fais. Les hommes sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par où ils sont déterminés. Par conséquent,

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