Suffit-il D'être Certain Pour Avoir Raison ?
Rapports de Stage : Suffit-il D'être Certain Pour Avoir Raison ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar phino777 • 24 Février 2015 • 2 696 Mots (11 Pages) • 1 705 Vues
Suffit-il d'être certain pour avoir raison ?
Corrigé
Corrigé
Introduction
Être certain, c'est d'abord être intimement convaincu de posséder la vérité, au point qu'est d'emblée écartée la simple idée qu'il puisse en être autrement. La certitude est alors toute subjective : elle n'exprime rien d'autre qu'une assurance qui m'est propre – en ce sens, la certitude est un certain degré de la croyance. Mais la certitude n'exprime pas seulement la conviction du sujet, elle sert aussi à désigner ce qui est « objectivement » vrai et indubitable. La notion de certitude est ainsi ambiguë : tantôt elle traduit un état de mon esprit et s'apparente ainsi à la conviction, tantôt elle se confond avec un état de fait dont il est impossible de douter parce qu'il est objectivement fondé. Mais justement, être certain « que cela est vrai », cela signifie-t-il pour autant qu'on a raison de le croire, en d'autres termes que cela est effectivement vrai ? Après tout, au moment même où je me trompe, je suis certain de détenir la vérité, sans quoi je ne me tromperais pas et corrigerais de moi-même mon erreur : il ne s'agit pas de dire qu'une erreur apparaît en soi comme toujours plus certaine que la vérité, mais qu'une erreur qui n'aurait pas la certitude pour elle se dénoncerait d'elle-même et n'aurait sur notre esprit aucune efficace.
Nous voyons alors le danger qui guette quiconque croit posséder une certitude : la certitude subjective est-elle une raison suffisante pour fonder une certitude objective ? Autrement dit, suffit-il d'être intimement convaincu de la vérité d'un jugement pour que ce dernier soit vrai et s'impose par là universellement à tous les êtres dotés de raison ? Ce dont je suis convaincu peut se révéler erroné à l'examen : cela signifie alors qu'il me faut examiner mes certitudes car si elles sont subjectivement suffisantes (pour moi), rien ne prouve qu'elles le soient objectivement (pour tous). Comment alors passer d'une certitude subjective à une certitude objective, si ce n'est en réintroduisant le doute et la méfiance là où nous croyions les avoir abolis ? Mais qui les introduira, si ce n'est la raison elle-même ? En sorte que la question se pose : posséder la raison, n'est-ce pas justement commencer par douter qu'on a raison en toute chose (envers et contre tous s'il le faut), et exiger de soi la fondation en raison de nos convictions subjectives ?
I. Nécessité du doute face à l'ambiguïté de la certitude
1. La certitude comme attitude naturelle
Si être certain, c'est ne pas douter, il faut alors remarquer que la certitude est au fondement même de ce que, dans les Méditations cartésiennes, Husserl nommait notre « attitude naturelle » : lorsque nous ne philosophons pas, c'est-à-dire lorsque nous ne sommes pas guidés par la seule recherche de la vérité, nous sommes tout naturellement enclins à croire que le monde est comme nous le percevons et comme nous le pensons. Mais sur quoi repose cette certitude ? D'abord sur la confiance que nous accordons à nos sens : il est certain que l'eau est froide, parce que la main que j'y plonge me l'indique assez. Mais cela n'est pas encore suffisant : il est certain que la Terre tourne autour du Soleil ; or mes sens m'indiquent le contraire : quand je regarde le ciel, c'est le que je vois se déplacer au-dessus de l'horizon immobile. Certaines de mes certitudes vont donc à l'encontre de mes perceptions : elles se fondent non sur les sens, mais sur un raisonnement.
Or, précisément, je suis certain que l'eau dans laquelle je me baigne est froide, mais peut-être suis-je simplement malade, en sorte qu'un autre la trouverait tiède. Quand je dis que l'eau est froide, j'attribue donc à l'objet (l'eau) une détermination du sujet (le froid que je ressens) : sans même m'en rendre compte, je prends pour une certitude objective ce qui n'est qu'une certitude subjective ; en termes kantiens, je fais une subreption. Que je sois certain des informations que me fournissent mes sens n'est donc pas une preuve que ces informations soient certaines en soi : au reste, et comme l'avait montré Descartes, il arrive fort régulièrement que nos sens nous trompent. De loin, la tour carrée m'apparaît ronde ; et j'aurai beau savoir qu'elle est carrée, c'est ronde qu'elle m'apparaîtra.
Malgré toute la confiance que nous leur accordons, parfois les sens nous trompent. Serions-nous alors plus à l'abri de l'erreur en restreignant nos certitudes à celles qu'apporte le raisonnement ? Il est certain, avons-nous dit, que la Terre tourne autour du Soleil. Mais pourquoi en suis-je certain ? Parce que cela est un fait que la science a démontré. Néanmoins, et c'est là le problème, nous sommes pour la plupart incapables de reproduire la démonstration scientifique de ce fait ; davantage même, la plupart d'entre nous seraient incapables de seulement la comprendre. Ainsi, je suis certain que la Terre tourne autour du Soleil parce qu'on me l'a dit, et que je fais confiance à ceux qui l'ont affirmé. C'est peut-être pour eux un savoir ; mais pour moi, qui suis incapable de le démontrer, ce n'est en fait qu'une opinion infondée. Nous voyons bien par là que les certitudes ordinaires et irréfléchies qui sont les miennes, qu'elles se fondent sur « l'évidence » apparente de ce que je perçois ou sur celle d'opinions que j'admets pourtant au titre de savoirs, sont loin de pouvoir prétendre au statut de vérité pleine et entière, celle-là même dont je puisse rendre raison avec certitude, parce que je les aurai fondées en raison par une démonstration. Or je fais pourtant comme si tel était le cas ; alors, c'est justement cette confiance envers mes certitudes subjectives comme « attitude naturelle », c'est-à-dire comme dimension première de mon existence, qui ne va pas maintenant sans poser problème. Ce qu'il nous faut à présent éclaircir, c'est précisément ce qui fonde cette condition première qui est toujours la nôtre, celle d'avoir raison dans nos jugements.
2. Explication de l'attitude naturelle : la confiance
Parce que nos certitudes subjectives prouvent le plus souvent leur efficacité, et sont communément partagées, l'idée ne me vient pas d'en
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