Roman d'Alexis Jenny
Cours : Roman d'Alexis Jenny. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar HansMeyer • 7 Février 2014 • Cours • 383 Mots (2 Pages) • 720 Vues
Curieux objet littéraire que cet Art français de la guerre. Pour son premier roman, Alexis Jenni présente un texte pétri de plus de paradoxes que la plupart des livres ne le sont aujourd’hui. Paraissant dans une rentrée servant d’ordinaire de boulevard aux auteurs confirmés, le roman inaugural de Jenni en était annoncé dès le printemps comme le texte incontournable, dans la collection la plus prestigieuse de la littérature française. Après lecture, l’inclinaison du livre pour le paradoxal se confirme avec fermeté : convoquant les fantômes de l’Histoire pour tenter d’expliquer les troubles sociaux d’aujourd’hui, le roman met en scène deux personnages également très opposés. Abordant tous les genres, mêlant essai et fiction, L’art français de la guerre débouche au final sur une nouvelle opposition : celle d’être l’un des tout meilleurs romans de cette rentrée littéraire, sans toutefois réussir à convaincre complètement.
Un trentenaire anonyme, laissé pour compte dans les impératifs économiques de la société actuelle, se découvre une nouvelle passion : la peinture. Voulant apprendre l’art du pinceau auprès d’un maître, il rencontre par hasard sur un marché un vieil homme se débarrassant de ses toiles anciennes. Il lui demande de lui apprendre à peindre. Entre l’homme et Victorien Salagnon naît alors une relation complice, basée sur un échange mutuel. Salagnon apprendra donc au jeune homme l’art de la peinture. En échange, il lui demande d’écrire son histoire, celle d’un vétéran de l’armée à la retraite, qui a vécu toutes les grandes batailles militaires de la France. Des tranchées de la seconde guerre aux tortures de la guerre d’Algérie en passant par les paysages boueux d’Indochine, l’autoproclamé “narrateur” nous replonge dans la « guerre de vingt ans » menée par le vieil homme, aujourd’hui perclus de doutes et de remords sur l’attitude et les ambitions d’un pays qu’il a défendu tout au long de sa vie.
Divisant son texte en treize longs chapitres, Jenni construit son texte en alternant sept “commentaires”, récits aussi enjoués qu’angoissés se déroulant aujourd’hui, avec six parties de “roman”, qui retracent la biographie militaire de Victorien Salagnon. Cette structure mêlée tente de relier les expériences de guerre du passé de la France avec sa réalité sociale d’aujourd’hui : celle d’un pays rongé par le racisme, la précarité économique, se couvrant des meilleures intentions politiques pour dissimuler l’infamie de son quotidien.
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