Qu'est-ce que la beauté
Analyse sectorielle : Qu'est-ce que la beauté. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar manaax • 4 Février 2015 • Analyse sectorielle • 2 799 Mots (12 Pages) • 908 Vues
II- Qu'est-ce que la beauté ?
A quelle expérience renvoie le jugement « c'est beau » ? ce qu'on appelle le jugement esthétique
Dans une première approche, nous pouvons décrire notre attitude face à ce que nous trouvons beau
Il peut s'agir d'une beauté naturelle – un beau ciel, le désert, la mer
Il peut s'agir de la beauté d'une personne – une femme (ou autre)
Il peut s'agir de la beauté créée par l'homme – une oeuvre d'art, une musique, un tableau...
Nous pouvons d'abord dire qu'il s'agit d'un certain rapport entre ma sensibilité et un objet extérieur
La beauté correspond à quelque chose que mes sens perçoivent – l'idée d'une beauté intellectuelle qui ne serait pas perçue ou ressentie, paraît inconcevable
C'est donc un état de ma sensibilité
Ajoutons que finalement c'est une chose qui n'est pas si commune
Nous ne trouvons pas toutes les formes belles, ni tous les paysages beaux
Il s'agit plutôt de l'exception que de la règle – de ce qui sort de la norme en quelque sorte
Par définition, la beauté est rare
En règle générale, je ne suis pas dans un rapport esthétique à ce qui m'entoure – mon rapport au visible est plutôt fait d'indifférence – je ne fais pas attention aux choses, elles me sont utiles ou inutiles, elles favorisent mes projets ou y font obstacle – je ne les perçois pas comme spécialement belles, je n'y prête pas attention
Quelle attitude mon regard ou mes sens adoptent-ils ?
Le propre du beau est de retenir mon regard – c'est ce qui brise l'indifférence à l'égard du visible
Ainsi je suis davantage sensible devant une chose belle, que devant un objet quelconque
Mon regard (ou mes sens) s'arrêtent – j'éprouve un certain plaisir à contempler, j'oublie tout autre but, je veux prolonger ce plaisir – je me concentre pour mieux voir ou pour mieux écouter
Une forme belle, comme un corail dans les fonds marins, tranche fortement sur la grisaille du reste
Inversement, qu'est-ce que la laideur ?
C'est la difformité ou le caractère mal proportionné, le manque d'harmonie – qui provoque une fuite du regard
Cela fait peine à voir, cela va de pair avec un sentiment de déplaisir ou de dégoût (répulsion)
Je peux difficilement fixer mon regard sur le laid (en tout cas sans peine ni effort)
Un cas particulier pourrait être celui du monstrueux – où la laideur atteint un tel degré que mon regard hésite entre fascination et répulsion – je détourne les yeux et en même temps j'ai une certaine curiosité
Texte de Baudelaire « une charogne »
Poème qui nous décrit un spectacle censé provoquer le dégoût – une charogne, un corps animal en décomposition
Le poète mélange un ton lyrique avec une description qui un peu à peu donne un sentiment d'écoeurement
Puis il se conclut par l'évocation de l'être aimée – et en dédiant son poème à la femme qui l'aime
Alliance des contraires : le même texte tire prétexte d'une description du laid et de la mort pour évoquer la beauté et l'amour – les deux termes étant fortement opposées
Rappelons le titre du recueil de Baudelaire – les « fleurs du mal », la beauté du laid, du vice, du mal
Rappelons ce vers qui figure dans les 1ères pages :
« Donnez-moi de la boue et j'en ferai de l'or. »
Le projet du poète n'est pas de faire de jolis vers en décrivant des belles choses, des sentiments nobles, la bonté, l'amour, tout ce qui est positif – non, c'est de prendre nos expériences les plus négatives, celle du mal, de l'ennui, du désespoir, de la mort.... pour les transformer en poèmes
Comme les alchimistes qui voulaient transformer le plomb en or, le poète veut transformer la laideur en beauté
Ce qui provoque en général le dégoût, va devenir ici l'occasion d'une expérience esthétique
Que nous dit-il au sujet de la beauté ?
Le texte associe la laideur de la charogne à la beauté de la femme aimée – mais comment ?
Il précise « Vous serez semblable à cette ordure, à cette horrible infection, étoile de mes yeux, soleil de ma nature... »
Autrement dit, il nous parle du caractère fragile et éphémère de la beauté des visages et des corps
La beauté est donc de la laideur en préparation
Il rappelle, comme dans ces tableaux qu'on appelle les Vanités, comment le temps et la mort finissent par tout enlaidir définitivement
(Guitry disait ainsi : « Inutile de se venger des femmes, le temps s'en charge bien tout seul »)
Ce rappel à notre condition d'homme, à notre mortalité, est un lieu commun dans l'histoire de l'art
Mais le poète en tire une autre conclusion un peu différente :
« Dites à la vermine qui vous mangera de baisers, que j'ai gardé la forme et l'essence divine de mes amours décomposées ! »
Ici il faut comprendre qu'il parle en tant que poète – il affirme que grâce à son art quelque chose de cette beauté si éphémère résiste à l'usure du temps
A travers l'art, il s'agit en effet de laisser une oeuvre durable, d'empêcher le temps et la mort de tout détruire
Ainsi, si le temps détruit toute chose, l'art peut être décrit comme l'effort pour
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