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Qu'est-ce que l'ego

Analyse sectorielle : Qu'est-ce que l'ego. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 177 Mots (9 Pages)  •  566 Vues

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" Qu'est-ce que le moi ? " Quel type de question est introduit par la locution " qu'est-ce que " ? Il s'agit de la question de la définition ou, en termes philosophiques, la question de la nature ou de l'essence. Il s'agit donc de s'interroger sur la nature du " moi ", c'est-à-dire de la personne. On définit ordinairement la personne à la fois comme un tout, une unité mais aussi comme une individualité qui la rend différente des autres. Examinons la réponse de Pascal.

" Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier. " Pascal commence par examiner les qualités physiques. Le premier exemple est celui de la qualité d'être " passant ". Le passant n'est pas une individualité. Etre passant, c'est être un individu quelconque, qui ne se distingue pas des autres. C'est être " monsieur-tout-le-monde ". L'homme qui me regarde passer ne " me " voit pas. Il ne me regarde pas comme un être " particulier ". Le rôle de ce passage est donc de montrer que le moi ne se situe pas dans la généralité indistincte. Je ne peux me définir comme passant, ni comme homme, car je suis plus que cela : je suis quelqu'un qui se distingue des autres. Ajoutons que je suis encore moins passant que je ne suis homme car être passant est une qualité accidentelle, contingente, attribuée de l'extérieur. Je suis un passant pour celui qui me regarde, mais pas en moi-même. Je ne suis pas " passant " par nature. Celui qui me regarde et me qualifie de " passant " est indifférent à l'égard du moi.

" Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. " Nous avons vu que la personne se situe dans l'individualité, la particularité. Or qu'est-ce qui me différencie des autres ? En premier lieu (" premier " parce que cela se voit, de façon évidente), ce qui me distingue d'autrui est mon apparence physique. Mis à part le cas très particulier des jumeaux monozygotes, nous sommes physiquement des êtres dissemblables. Est-ce qu'on pourra alors définir le moi par l'aspect physique, dans la mesure où il m'est propre ? On remarquera que Pascal ne parle pas du corps en général mais d'une qualité du corps : la beauté. La question est posée sous le biais de l'exemple de l'amour. L'amour est une passion humaine mais elle a aussi un sens théologique. Dieu est amour et nous devons aimer Dieu selon la religion catholique. Quand il s'agit d'un texte de Pascal, cela doit éveiller notre attention. Quand on m'aime pour mon physique, m'aime-t-on, moi ? Si n'importe qui peut être regardé comme passant, on ne peut pas aimer n'importe qui pour sa beauté. M'aimer pour ma beauté n'est pas être indifférent pour ma personne (progression par rapport à l'exemple du " passant ").Pourtant, dit Pascal, celui qui m'aime pour ma beauté ne m'aime pas, moi, car il cessera de m'aimer si cette beauté disparaît. Rappelons que la petite vérole est le nom donné autrefois à la variole, maladie qui défigurait ceux qu'elle ne tuait pas. Cette maladie, aujourd'hui disparue, était fréquente à l'époque. La beauté ne fait pas partie de ma nature puisqu'elle peut disparaître avec la maladie. Elle est un accident. Le raisonnement de Pascal ne se fonde-t-il pas ici sur un présupposé ? Pascal présuppose que le changement physique ne me change pas. Or, est-ce si sûr ? Je me sens toujours moi-même mais n'ai-je pas changé ? Peut-on s'abstraire ainsi de son apparence ? Peut-on s'abstraire du regard des autres sur soi, regard qui ne sera pas le même si je suis beau ou si je suis défiguré par la maladie ? Le corps n'est-il effectivement qu'une apparence ou a-t-il des répercussions sur notre individualité, notre personne, notre comportement, notre manière de penser, de juger, d'être, bref sur notre personne ? Pascal semble dire ici que cela n'a aucune incidence sur ce que je suis.

" Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non ; car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. " Nous franchissons ici un nouveau pas dans l'énumération et la démarche par élimination. Puisque nous n'avons pas trouvé le moi dans les qualités physiques, ne pourrons-nous pas le trouver dans les qualités intellectuelles ? Nous ne nous distinguons pas d'autrui que par les qualités physiques mais aussi par nos facultés (notre jugement, notre mémoire dit Pascal). Nous nous situons ici au niveau de l'âme mais, là encore, non pas au niveau de l'âme elle-même mais de ses qualités. Mon jugement et ma mémoire me distinguent d'autrui. On peut avoir plus ou moins de mémoire, le jugement plus ou moins sûr etc. Ces facultés sont-elles ce qui définit ma personne ? Non pas selon Pascal et en vertu d'un raisonnement identique à celui qu'il a mené à propos de l'exemple de la beauté. Je peux perdre la mémoire et devenir amnésique. Je peux perdre mes qualités de jugement et devenir fou, je ne me perds pas pour autant moi-même, ma personne n'en est pas pour autant évanouie. Nous retrouvons ici un nouveau présupposé. Suis-je vraiment toujours le même si je deviens amnésique ou fou ? Certes, je garde le même corps biologique et la même identité civile. Mais suis-je le même ? Suis-je encore moi ? S'il est clair que je ne suis pas beau, intelligent etc. comme cette table est rectangulaire, peut-on pour autant affirmer qu'il n'y a aucune connexion entre le moi et les apparences ? Le prétendre, c'est supposer que le moi existe comme une substance, qu'il est invariable et permanent. Cette conception est problématique, comme le montrera la philosophie existentialiste et notamment celle de Sartre. Pascal entrevoit quelque chose de fondamental, à savoir la mouvance du moi, son caractère insaisissable qui pourrait nous faire conclure que le moi n'est pas. Mais il ne va pas jusqu'au bout, prisonnier de sa vision essentialiste de l'âme : c'est qu'il faut que le salut reste possible et que Dieu garde ses sujets. Pourtant, il va reconnaître lui-même que cet essentialisme lui-même se heurte à une impasse comme le montre la suite du texte.

" Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? Et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités

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