Principe De L'honneur
Rapports de Stage : Principe De L'honneur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar amouro • 7 Mars 2013 • 4 081 Mots (17 Pages) • 1 280 Vues
INTRODUCTION
Dans la cité, l’honneur est un principe qui fait partie intégrante des valeurs qui depuis toujours existent et qui continue d’exister dans les rapports humaines. C’est un principe qui a conduit à la naissance de toute sorte de sociétés. Qu’est-ce donc le principe de l’honneur ?
I-CLARIFICATION DU CONCEPTE
L’honneur est le « principe » des monarchies, la passion dominante commune aux gouvernés et aux gouvernants. Montesquieu en propose une définition originale : « préjugé de chaque personne et de chaque condition », il s’apparente à l’ambition, au désir de préférences et de distinctions qui incite les hommes à accomplir de grandes actions (EL, III, 6-7). L’honneur se trouve ainsi opposé à la crainte, principe des États despotiques : il est inconnu de ces lieux où les hommes, égaux dans leur commune servitude, ne peuvent être distingués que par la faveur, en récompense d’une inconditionnelle soumission (III, 8). Il se distingue également de la vertu politique, réservée aux citoyens des républiques : dans les monarchies, « l’État subsiste indépendamment de l’amour pour la patrie, du désir de la vraie gloire, du renoncement à soi-même, du sacrifice de ses plus chers intérêts, et de toutes ces vertus héroïques que nous trouvons dans les anciens, et dont nous avons seulement entendu parler » (III, 5). Plus traditionnellement, les Lettres persanes considéraient l’honneur comme récompense de la vertu, entendue comme dévouement civique (LP, 87 [89]). Mais L’Esprit des lois, en élaborant la notion de « principe », creuse la différence entre l’amour de la patrie, « renoncement toujours très pénible » requis par les républiques antiques, et l’honneur qui, « favorisé par les passions, les favorise à son tour » (IV, 5). Cette différence induit celle des récompenses qui conviennent aux différents régimes : alors que dans les républiques, la vertu trouve en elle-même sa propre récompense, dans les monarchies, où chacun « tend à la supériorité » (V, 4), « l’honneur règne seul » et doit être récompensé par des préférences et par des distinctions (V, 18). En réalité, l’opposition entre honneur et vertu n’est pas cantonnée à une dimension politique : les principes d’évaluation de l’honneur sont distincts à la fois des critères moraux, considérés comme vulgaires, et des normes du droit. L’honneur, qualifié de préjugé « bizarre », légifère sur les vertus, et décide de la validité de tout ce qui est prescrit. Animé de devoirs envers lui-même plutôt qu’envers autrui, il exerce sa juridiction sur les principes, qu’ils aient leur source dans la religion, dans la politique, ou dans la morale (IV, 2). Cependant, cette irrationalité et cette immoralité ne doivent pas être déplorées : le ressort des monarchies se substitue économiquement à l’amour de la patrie, en conduisant les sujets à contribuer, sans le savoir ni le vouloir, à la réalisation du bien commun ; l’honneur, en inspirant les plus belles actions fût-ce au péril d’une vie, peut « conduire au but du gouvernement comme la vertu même » (III, 6-8). Entre la vertu républicaine, définie par la subordination volontaire de l’intérêt particulier à l’intérêt public, et la crainte despotique, qui suppose l’étouffement autoritaire des intérêts, l’honneur réalise la convergence involontaire des intérêts privés dans l’intérêt public : « L’honneur fait mouvoir toutes les parties du corps politique ; il les lie par son action même ; et il se trouve que chacun va au bien commun, croyant aller à ses intérêts particuliers » (III, 7).
Vices privés, vertus publiques ou vice moral, vertu politique (XIX, 11) : Montesquieu semble ainsi appliquer à la définition de l’honneur le paradoxe mandevillien de la Fable des abeilles – disjonction de la fin envisagée par l’individu et des effets réels qui découlent de son action, des intentions égoïstes et des résultats sociaux. L’indignation suscitée chez les lecteurs philosophes de L’Esprit des lois ne saurait donc surprendre : que ce soit au nom des principes républicains ou au nom d’une défense de la monarchie absolue éclairée, une telle conception de l’honneur ne pouvait que choquer des esprits accoutumés, dans la continuité de la tradition aristotélicienne, à voir l’honneur défini comme « prix de la vertu » (voir Binoche, p. 118-121). En soutenant que l’honneur « prend la place de la vertu et la représente partout » pour conclure que « dans les monarchies bien réglées, tout le monde sera à peu près bon citoyen, et on trouvera rarement quelqu’un qui soit homme de bien : car, pour être homme de bien, il faut avoir l’intention de l’être » (III, 5-6), Montesquieu s’exposait plus immédiatement encore aux foudres de ses censeurs : l’« honneur faux », fondé sur l’égoïsme et l’ambition, semble inconciliable avec la vertu chrétienne, et sa définition risque d’apparaître comme un dénigrement de la monarchie française. Mais les ajouts de détail et les précisions formelles suscitées par ces attaques ne doivent pas occulter l’essentiel : Montesquieu n’hésite pas à soutenir que la distinction entre les principes (honneur et vertu) « est d’une fécondité si grande qu’ils forment presque tout mon livre » (Réponses à la Faculté de Théologie, Masson, t. III, p. 660).
II- CARACTERISTIQUES DE L’HONNEUR
A- L’HONNEUR « FAUX » MAIS UTILE AU PUBLIC(L’HOMME)
Cependant, cette distinction conduit à s’interroger : ne doit-on pas déplorer la dégénérescence de l’honneur en frivole savoir-vivre, la corruption de l’ethos chevaleresque en art de plaire purement mondain (IV, 2) ? Ne faut-il pas considérer les vestiges de cette éthique féodale – le point d’honneur –comme une dangereuse chimère (Pappas) ? D’un côté, la valorisation de l’honneur ne peut être liée à celle des exploits militaires. Dans la lignée de l’opposition aristocratique à Louis XIV, l’héroïsme subit un discrédit profond : « la gloire, quand elle est toute seule, n’entre que dans les calculs des sots » (Pensées, n° 810 ; voir aussi nos 760-761). Après le Dialogue de Sylla et d’Eucrate (vers 1725), le Dialogue de Xantippe et de Xénocrate (vers 1727) récuse ainsi l’« être chimérique » qu’est l’honneur et ses conséquences sanglantes, au nom d’une conception de la vertu comme stricte obéissance aux lois (OC, t. VIII, p. 580, l. 97). Qu’il s’agisse de la recherche de signes certains de la virginité là
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