Primo Levi
Compte Rendu : Primo Levi. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar psycopat • 9 Mai 2013 • 4 485 Mots (18 Pages) • 902 Vues
Ruy Blas : Etude Acte I sc 4
Séquence 5 / Séquence 7 : lecture analytique de la scène 4 de l'acte I
Introduction :
Le drame romantique, « troisième grande forme de l'art », ainsi que le rappelle Victor Hugo dans sa Préface à Ruy Blas en 1838, mêle les « deux électricités opposées de la comédie et de la tragédie » et conjugue la peinture des passions avec celle des caractères. Ainsi le premier acte de Ruy Blas, essentiellement consacré à Salluste, répond aux exigences de l'exposition tout en brossant le portrait en action du ministre de la police, récemment déchu par la reine. La première scène, à tonalité tragique, nous offre un personnage en proie à ses passions vengeresses. Ce désir de vengeance s'appuie sur le personnage haut en couleurs de Don César de Bazan, son cousin, qu'il convoque à la scène 2. Mais, si ce noble ruiné, reconverti en brigand, apporte au drame une dimension comique incontestable, il bouleverse surtout les plans de Salluste et complexifie l'intrigue puisqu'il refuse de s'en prendre à une femme. A ce premier coup de théâtre que représente ce sursaut de moralité chez César, s'en ajoute un autre, scène 3, lorsqu'il reconnaît, en la personne de Ruy Blas, un ami de jeunesse. Si cette scène de retrouvailles poursuit l'exposition, cette rencontre fortuite présente un double intérêt dramatique. Elle permet les aveux tragiques de Ruy Blas, « ver de terre amoureux d'une étoile » et elle offre à Salluste les ressorts d'une nouvelle machination. Il se découvre alors sous un autre jour à la scène 4. Ruse et duplicité l'emportent sur l'affliction des premiers vers. L'homme blessé cède la réplique à un être machiavélique et démoniaque qui s'assure la complicité involontaire d'un Ruy Blas aveuglé par ses propres passions.
Problématique possible :
Nous nous proposons d'étudier comment cette machination de Salluste constitue finalement un effet de théâtre dans le théâtre
Annonce de plan possible:
- axe I : le portrait d'un « maître en conspiration »
- axe 2 : un pacte diabolique
- axe 3 : mise en scène et machination de Salluste : un effet de théâtre dans le théâtre
Lecture linéaire : comme il s'agit d'aborder un nouveau genre littéraire mêlent l'étude du texte mais aussi des éléments de représentation, nous faisons le choix pour cette première analyse d'aborder initialement le passage sous la forme d'une lecture linéaire. Cette séance sera prolongée par un travail d'oralisation et les élèves devront jouer la scène par groupe de deux.
Mouvement du texte :
Le mouvement du passage reflète la peinture du caractère de Salluste, maître machiavélique qui déploie une fausse bienveillance envers Ruy Blas, son serviteur, pour fomenter son complot vengeur.
Dans un premier temps, du début jusqu'à « ni personne à Madrid », Salluste s'inquiète de savoir si la personne et le statut de Ruy Blas sont connus. Il vérifie ainsi la validité de son stratagème
Rassuré, des vers 474 à 496, le maître dépouille le laquais de son habit, le nomme provisoirement son secrétaire, ceci afin de le confiner surtout dans son rôle de complice inconscient.
Enfin, dans un troisième élan, du vers 497 à la fin, le faux ami alterne avec le seigneur, le maître du jeu, tandis que le laquais, déguisé en « seigneur parfait », signe un pacte avec le diable dont il devient le jouet. Ruy Blas devient alors le personnage d'une pièce seconde.
Première étape : un conspirateur précautionneux
Les apartés de la scène 3 laissaient présager que Salluste, caché dans l'ombre, découvrait la possibilité d'une nouvelle machination pour satisfaire sa soif de vengeance. A ceci s'ajoute la ruse qu'il élabore promptement pour évincer un César récalcitrant. La scène 4, puis la 5, vont donc dérouler un plan de secours, une solution de repli, organisés autour d'une figure de remplacement : Ruy Blas : « A peu près même air, même visage », réplique qui joue avec les attentes du public, complice malgré lui d'un stratagème auquel il n'adhérera sans doute pas.
L'apostrophe de Salluste, « Ruy Blas ? », surprend le domestique ainsi que le souligne l'adverbe « vivement » dans la didascalie « se retournant vivement ». Didascalie qui témoigne également de l'attitude de Ruy Blas. Ce dernier semble absorbé dans ses pensées amères après cette scène de retrouvailles, encore bouleversé par le retour du passé et surtout par l'aveu de sa passion grotesque pour la reine. Salluste l'a bien perçu et va abuser de ce sentiment pour assouvir ses propres passions. Mais avant d'orchestrer sa vengeance, Salluste, rusé et suspicieux, procède à quelques vérifications afin de s'assurer que rien ne risque de compromettre sa ruse. Il recourt à des interrogatives :
« je ne suis pas certain/ S'il faisait jour déjà ? » ou « Vous étiez en manteau ? »
Questions en apparence anodines pour Ruy Blas, qui, créent cependant un climat de mystère. Hugo joue donc ici de la double énonciation du théâtre pour établir une connivence entre le public et le ministre. Il apparaît de plus en plus clairement que ce dernier a une idée en tête. Mais l'atmosphère de mystère, déjà présente à la scène 3 lorsque Ruy Blas évoque le logis inconnu, la maison discrète de son maître, la porte secrète et les rencontres nocturnes, est confortée par le souci de discrétion qui semble animer Salluste. L'isotopie du secret, de la cachotterie domine en effet ce passage. Les circonstances de l'arrivée de Ruy Blas « avant le lever du jour », ainsi que le champ lexical de la clandestinité avec des termes comme « votre passe » ou « en silence », mis en relief en fin de vers, témoignent d'une tendance à la dissimulation chez Salluste. Il en est de même pour la fonction du laquais déguisée par le manteau. Les allitérations en sifflantes et en chuintantes,
Ce matin / quand vous êtes venu, je ne suis pas certain s'il faisait jour déjà ? / Pas encore excellence, J'ai remis au portier votre passe en silence Et puis je suis monté/ Personne, en
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