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Pourquoi refuser de reconnaître que l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme sont des fantômes qui hantent la société française ?

Fiche de lecture : Pourquoi refuser de reconnaître que l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme sont des fantômes qui hantent la société française ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2014  •  Fiche de lecture  •  3 702 Mots (15 Pages)  •  743 Vues

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Ce titre n’est pas un pamphlet. C’est une évidence. Les noirs français sont victimes de la discrimination et de l’exclusion subtiles au sein de la République. L’attitude de condescendance de l’élite française vis-à-vis des autres pays (Etats-Unis, Angleterre, etc...) sur ce sujet, sans pour autant condamner la discrimination récurrente en France, me fait pousser un cri de colère pour dire à tous ces donneurs de leçons de morale : ça suffit l’hypocrisie. Balayez d’abord devant la porte de la République. L’on ne sert pas la France en trahissant les valeurs humanistes qui font d’elle, aux yeux du monde, la nation des droits de l’homme. La démarche intellectuelle visant à dénoncer cette injustice dont sont victimes les noirs français, risque de choquer même le lecteur humaniste. Ne nous voilons pas la face, les faits sont accablants et la réalité implacable. Une trop grande passivité, mélangée au mutisme fait accepter le racisme et la xénophobie dans le subconscient de la mémoire collective. Alors, il est grand temps de réagir pour que ça s’arrête. Gageons même en affirmant : Plus jamais ça !

Pourquoi refuser de reconnaître que l’intolérance, le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme sont des fantômes qui hantent la société française ? Le noir français, qu’il soit chrétien ou musulman, n’a jamais rien voulu donner qui puisse faire du mal à la France. Il n’a jamais posé de bombes, ni commis d’attentats. Il n’est pas terroriste, ni fondamentaliste, ni intégriste. Il y a une question qui me taraude et qui mériterait d’être élucidée : comment se fait-il qu’ils sont les victimes héréditaires de l’exclusion et de la discrimination dans la société française depuis des siècles ? Nonobstant une présence séculaire dans les départements d’Outre-Mer comme dans l’Hexagone, il existe une différence chronique de traitement entre Français blancs et Français noirs. Les raisons qui viennent d’abord à l’esprit sont historiques. L’histoire des Noirs français semble être méconnue de tous les Français, à moins qu’ils ne soient victimes d’une mémoire hémiplégique. Par conséquent, il est nécessaire et important de le rappeler : les élites politiques, journalistes, intellectuels, sans frontière idéologique, qui se drapent volontiers dans les plis du drapeau tricolore de la République et philosophent sur la notion de nationalité française, ne se sont toujours pas donné les moyens de lutter efficacement contre le racisme et la xénophobie qui sont un frein à l’intégration des minorités. Le devoir de mémoire m’amène à interpeller toute la société française, surtout les objecteurs de conscience, et m’oblige à cet exercice d’exhumation de notre histoire commune.

L’image des Noirs en France

Les Noirs ont souvent été présentés comme des sauvages : les Dahoméens (Béninois aujourd’hui) au Champ de Mars, les Sénégalais Porte Maillot, les enfants pygmées recroquevillés sous une hutte sur la scène des Folies-Bergères... Il y a un siècle à peine, ces hommes, ces femmes, ces enfants étaient exhibés en plein Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes, Le Havre..., donnés en spectacle comme des bêtes de zoo. Moins d’un siècle même, le dernier grand show de ce type en France eut lieu en 1931 au Jardin d’acclimatation du Bois de Boulogne. Les vedettes, des kanak, « sauvages polygames et cannibales », claironnaient les médias et la publicité. Ces exhibitions coloniales entre 1830 et 1931, dans plusieurs villes de France, des « foires d’indigènes noirs » en bêtes de zoo et bêtes de somme, attiraient des milliers de visiteurs. Les villes de Bordeaux, Nantes, Marseille, Le Havre, ainsi que quelques familles héritières négrières aux Antilles, doivent leur prospérité, leur richesse et leur fortune de ce « commerce triangulaire ».

Ce bref rappel historique n’a pas pour but de susciter une polémique, ni de faire que l’antiracisme devienne une sorte de racisme à l’envers, mais uniquement de faire prendre conscience aux Français blancs qu’ils ont plus d’une raison de s’intéresser aux Noirs français et d’avoir pour leurs compatriotes d’Outre-Mer et d’origine d’Afrique noire une sympathie particulière.

Je crois que, parmi les problèmes qui sont posés aujourd’hui à la conscience des Français, il en est un en particulier d’où pourraient être éliminés les clivages dus à des pesanteurs sociologiques, aux idéologies et aux différents partis pris : c’est le problème du racisme. Un problème grave et douloureux. Ce phénomène est assez inquiétant pour que, une fois encore, nous ne cherchions pas à l’analyser et à envisager ce qu’il y a lieu de faire pour le combattre. Est-il vraiment impossible d’analyser ce fléau, souvent insidieux et parfois ouvertement déclaré, qui renaît inlassablement de ses cendres ? Combien de millions de vies de Noirs volées pendant la traite des Noirs et l’esclavage ? De la même manière que nous déplorons et condamnons la Shoa dont a été victime le peuple juif, nous devons aussi déplorer et condamner le génocide du peuple noir. Je ne le répéterai jamais assez, nous devons condamner de la manière la plus catégorique et la plus radicale, tout racisme quelle que soit sa forme et quelle que soit sa nature. N’est-il pas réaliste, au 21e siècle, de reconstruire la liberté, l’égalité et la fraternité républicaines dans un esprit humaniste ? Qu’a-t-on fait des œuvres de Victor Schoelcher et de Félix Eboué ?

La France, notre mère-patrie

Les descendants des esclaves, des colonisés, des néocolonisés, des tirailleurs des deux dernières guerres mondiales, les héritiers de ceux qui ont « combattu pour libérer la France de l’occupation allemande, et qui ont participé à sa reconstruction et à son redressement », méritent-ils d’être exclus et répudiés par la France, la mère-patrie ? Ne vous souvenez-vous pas de cette lointaine époque où nos ancêtres, pourchassés dans nos savanes et forêts africaines par des négriers venus de Marseille, Bordeaux, Nantes, Le Havre... n’avaient d’autres solutions que de se résigner et d’accepter leur destin ? Un destin tragique qui prend sa revanche plusieurs siècles plus tard et exige aux descendants des négriers d’assumer leur responsabilité historique avec équité dans cette communauté de

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