Peut-on Se Fier à La Raison Pour Bien Conduire Sa Vie

Peut-on se fier à la raison pour bien conduire sa vie?

Nous pouvons partir du constat que la raison est une faculté proprement humaine. En l’utilisant, nous nous permettons d’observer et d’agir selon notre réflexion, de nous forger notre propre opinion. La raison nous donne des clés pour devenir autonome. En raisonnant, nous pouvons nous fixer nos propres règles dans notre vie de tous les jours. Cependant, peut-on se fier à la raison pour bien conduire sa vie? Est-elle suffisante et nécessaire pour nous rendre heureux au quotidien? Bien conduire sa vie ne dépend-il pas également d’autres facteurs tels que les sentiments, une connaissance de soi passant par d’autres aspects de notre personne qui échappent à la raison?

Nous tenterons d’évaluer la pertinence et les limites de la raison et nous tâcherons de montrer que le choix unique de la raison n’est pas contraire au bonheur. Pourtant, nous devons aussi examiner la possibilité d’une nouvelle approche d’être heureux dans sa vie que la raison. S’il y a plusieurs façons d’êtres heureux une fusion de celle-ci peut nous donner l’équilibre qu’il nous faut pour bien conduire sa vie.

Conduire sa vie avec raison, c’est la vie de tous les jours, celle au cours de laquelle nous pouvons utiliser notre raison, notre bon sens. Dans la vie courante, au lycée, je peux utiliser la raison pour prévoir l’orientation que je prépare et mieux ajuster mon comportement à mon projet. Que ce serait bête, que ce serait manquer de bon sens que de venir passer des centaines d’heures dans un lycée pour faire autre chose que mes études ! C’est ce que nous suggère Descartes pour qui la raison est la seule chose qui nous rend hommes. Pour lui notre « lumière naturelle » ou raison doit être utilisée à bon usage.

Il apparaît que l’utilisation de la raison dans des situations concrètes reste fiable. Les hommes, embarrassés de leur sensibilité et leurs passions, sont loin de toute certitude. Le premier emploi de la raison dans la vie courante doit être de lever son esprit des choses selon un vieux thème platonicien et de maitriser ses passions terrestres vers les idées selon un thème stoïcien et cartésien. Il faut entretenir le désir de ce qui est perçu par l’intelligence et le sens de la réflexion. Il s’agit d’une morale présente à chaque instant de la vie quotidienne. De plus, pour le savoir, il faut appuyer ses raisonnements non pas sur ce que l’on voit ou ce que l’on sent mais sur des principes rationnels. La science expérimentale nous donne un bon exemple. Une expérience n’est valide que si elle obéit à un protocole rationnel. Ce que l’on voit est souvent trompeur, ainsi regarder le début et la fin d’un arc-en-ciel ou admirer un lever ou un coucher de soleil fait illusion. La raison est la capacité à découvrir le vrai au moyen d’une analyse logique des choses, c’est-a-dire en soumettant les choses à une raisonnement qui vise à en établir des preuves. Il apparaît que la raison correspond à une forme d’esprit critique profitable à tout homme puisqu’elle éloigne l’homme de la naïveté, des préjugés et des erreurs. Toutefois, si la raison cherche à expliquer logiquement les choses, elle reste soumise aux limites de l’homme qui ne peut jamais tout comprendre, tout ressentir, tout expérimenter, tout savoir. Qu’il soit question d’un exemple ou d’une idée, il s’agit de raisonner, d’approfondir pour comprendre, expliquer, justifier nos pensées. La raison, c’est le pouvoir de distinguer le vrai du faux grâce au principe de contradiction. Un discours contradictoire ne peut être vrai. Cette affirmation « qu’un Dieu infiniment bon punit sévèrement car c’est un Dieu vengeur »ne peut atteindre notre bon sens, étant contradictoire, elle ne peut être vraie.

Depuis l’antiquité grecque, l’usage de la raison est présente dans les discours philosophiques. Pour les grecs, la raison est ce qui définit l’homme. L’homme est avant tout un animal, un animal doué de raison. Il a des instincts, des reflexes que la raison ne contrôle pas toujours. Ceux-ci concernent surtout la survie : manger, boire, boire, dormir, se reproduire. La vie humaine ne se résumerait qu’à cela si la raison ne nous permettait pas de dépasser ces besoins primaires pour s’ouvrir à d’autres activités. En effet, grâce à la raison, un homme ne pensera plus seulement à la survie de l’espèce, il pourra réfléchir au nombre de sa descendance. Ainsi, Je peux très bien désirer une grande famille, mais la raison me dit que je ne peux dépasser un certain nombre d’enfants si je veux pouvoir leur assurer un avenir. Même si je les aime, il me faudra les nourrir, les habiller, les éduquer, de quoi leur assurer un avenir. Faut-il encore avoir assez d’argent pour tout cela, mes sentiments seuls ne suffiront pas à les faire vivre. Ici, suivre sa raison plutôt que son envie, c’est être réaliste par rapport à sa condition et sa volonté de vivre décemment pour bien conduire sa vie.

Par ailleurs, Kant, à la période des Lumières, rêvait d’un monde, d’une société basée sur la raison et non plus sur un pouvoir despotique, arbitraire justifié uniquement sur la croyance. Son désir, à double tranchant, à employer la raison pour renverser le pouvoir en place et pour déboucher sur la démocratie, a eu un rôle important émancipateur lors de la révolution française à partir de 1789, mais le règne de Robespierre, Danton s’est transformé en règne absolu de la raison a tout prix. Les analyses de Kant montrent que l’usage de la raison ne rend pas heureux mais digne d’être heureux.

Nous pouvons nous demander ici, si l’opposition de la raison à être heureux dans la vie est légitime. On dit qu’une personne raisonnable signifie qu’elle ne doit pas se laisser emporter par sa passion ou ses désirs mais les faire taire, les réduire au silence. Etre raisonnable, c’est être mesuré, se contenir. N’est-ce pas grâce à notre raison et à son usage que nous pouvons être heureux? Nous pouvons nous reporter aux analyses des stoïciens qui montrent que le sage est cet homme heureux qui fait usage de sa raison en commençant par distinguer ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui. En lisant des textes d’Epictète (stoïcien), nous sommes capable alors de montrer en quoi la recherche du bonheur est en accord avec la raison. Il affirme que personne n’est maître de ce qui est important pour nous et nous n’avons nul souci des choses dont les autres sont maîtres. Selon le stoïcisme, celui qui donne son accord à la nature est heureux. La recherche du plaisir est exclue. Le plaisir est contraire à l’ordre du monde. Suivre l’ordre du monde, c’est suivre la raison.

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