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Pascal, Pensées, Fragment 230

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Par   •  14 Mai 2014  •  1 570 Mots (7 Pages)  •  1 001 Vues

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Pensées

Introduction

Blaise Pascal (1623-1662) était un mathématicien et un chrétien convaincu. À la suite d’une révélation mystique, il consacre son énergie à défendre la religion chrétienne auprès des “libertins”, des libres penseurs mondains.

Dans les Pensées, œuvre posthume publiée en 1670, Pascal réunit les notes qu’il destinait à l’élaboration d’une apologie (= justification, défense) de la religion chrétienne, exercée en tant que scientifique au maniement de la logique.

Dans ce fragment 230, intitulé “Disproportion de l’homme”, Blaise Pascal s’attache à représenter la situation inconfortable de l’homme entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Conscient des limites de la pensée humaine, il la juge incapable de rendre compte de la complexité du monde et il considère le recours à Dieu comme le seul moyen d’échapper à l’illusion et au désespoir.

Comment Pascal s’interroge-t-il sur la place de l’homme dans l’univers ?

La représentation vertigineuse de deux infinis

Un texte structuré autour de la notion d’infini

plan du texte :

Infiniment grand

Infiniment petit

Disproportion

pour A) et B), plan semblable :

termes désignant l’infini

élargissement par un mouvement d’amplification

mêmes mots pour évoquer l’infiniment petit et l’infiniment grand (“immensité” [l.29], “univers” [l.3-17-29-30-36], “terre” [l.4-17-31-32]) donc parallélisme

ordre d’énumération inversé dans la description

 parallélisme

L’infiniment grand

description grandiose de la voûte céleste à l’occasion de laquelle il multiplie les procédés stylistiques

double évocation du thème de la lumière à l’aide d’une périphrase, où le soleil est désigné par l’expression “cette éclatante lumière” [l.3], puis une comparaison étonnante : “une lampe éternelle” [l.3]

gradation qui dépeint l’enchaînement sans fin des orbites décrites par les différents astres (trois niveaux de cercles : la Terre et le Soleil sont le premier tour par exemple) associé à la métaphore scientifique de la pointe très délicate qui constitue ce vaste ensemble aux regards de l’immensité de l’Univers.

jeu de sonorités (que les astres qui roulent dans le firmament embrassent : assonance en [r]) évoquent ce développement infini des cercles dont l’homme ne voit pas la fin

la majesté du spectacle est mise en évidence par un rythme ternaire (“qu’il regarde…” [l.2]) qui donne une impression de vertige dans la mesure où il épouse les étapes de la gradation qui amène l’homme aux confins de l’inconcevable

amplification progressive : d’abord ce que l’homme voit, ensuite ce que l’homme imagine

le fait de prendre l’homme comme point de référence (“que l’homme contemple…” [l.1]) souligne la petitesse de celui-ci par rapport au Cosmos

L’infiniment petit

présenté comme un autre prodige

on part du ciron qui s’est décomposé jusqu’à ne plus être sécable

une longue phrase décompose l’animal en parties de plus en plus petites. L’ensemble est une suite d’épanadiploses :

“des jambes avec des jointures, des veines dans ses jambes, du sang dans ses veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes” [l.22 à 24]

l’aboutissement de cette décomposition “le dernier objet où il peut arriver” [l.26], “l’extrême petitesse de la nature” [l.27] amène une nouvelle image, celle d’un univers à part entière, dont les éléments vont à nouveau être décomposés en allant vers le plus petit. Cette nouvelle évocation se fonde sur une antithèse violente :

décomposition infini : “l’extrême petitesse de la nature” [l.27] devient “l’immensité qu’on peut concevoir de la nature” [l.29], “ce raccourci d’atome” [l.30] devient “une infinité d’univers” [l.30]

gradation descendante : “firmament”, “planètes”, “terre”, “animaux”, “cirons” [l.30] + pluriels alors qu’on envisage des éléments très petits accentuent le vertige qui naît de cette décomposition infinie

l’homme se sent un “colosse”/“un monde”/“un tout à l’égard du néant” [l.37-38]

L’importance du mouvement

suggérer le tourbillon, la spirale vers le bas, et par là faire naître le vertige chez le lecteur

mouvement de chute, expressions “sans fin et sans repos” [l.34], “un abime nouveau” [l.28]

longueur des phrases mime nettement ce mouvement

très nombreuses répétitions (outre les épanadiploses dont on a déjà parlé) qui concourent à donner l’illusion du mouvement l ainsi le terme “petitesse” est employé 3 fois, et l’adjectif “petites” se retrouve à la ligne 22

fréquence des hyperboles appuie cette impression de vertige :

“les choses les plus délicates” [l.21] (superlatif)

“incomparablement plus petites” [l.22] (adverbe lourdement insistant)

“raccourci d’atome” [l.30] (atome, originellement la plus petite partie de la matière)

“une infinité d’univers” [l.30] (redoublement de deux infinis)

La stratégie argumentative de Pascal

Guider le lecteur en apologiste

On sait que le but de Pascal était une apologie de la religion chrétienne : dans ce texte, sa position est donc celle d’un apologiste, avec la virulence que cela implique.

l’énonciation est essentiellement à la troisième personne (“que l’homme…” [l.1]

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