Manon Lescaut
Analyse sectorielle : Manon Lescaut. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar azazazazaz • 29 Mai 2014 • Analyse sectorielle • 1 707 Mots (7 Pages) • 1 751 Vues
Séance 4:
Lecture analytique n°4: Manon Lescaut : L'enterrement de Manon, " Mon âme ne suivit pas la sienne" --> "sans perdre le peu de connaissance, et de sentiment qui me restait."
Introduction:
L’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut est un récit publié séparément en 1731 en Hollande, puis en 1733 en France. Mais cette « histoire » est inté grée par son « Avis de l’auteur » et ses premières pages dans une œuvre
plus vaste, les Mémoires d’un homme de qualité.
Ce long roman, paru par tranches de 1728 à 1731, racontait les voyages et les amours malheureuses du noble Renoncour (=narrateur du récit encadrant).
Très rapidement, cependant, l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut connut une carrière indépendante de celle des Mémoires d’un homme de qualité et son titre s’abrégea en Manon Lescaut.
Situation de l’extrait :
Le lieutenant général de police a condamné Manon à la déportation en Louisiane, où elle part avec un convoi de prostituées. Des Grieux a obtenu de s’embarquer avec elle. Alors commence la régénération de Manon, illuminée par la preuve d’amour qui lui est donnée. Cette métamorphose permet aux deux héros dix mois de bon heur paisible ; mais un duel de des Grieux avec Synnelet, le neveu du gouverneur de la Nouvelle-Orléans qui a des vues sur Manon, les contraint à fuir en toute hâte dans le désert, où Manon meurt d’épuisement.
Problématique: Une scène d'adieu pathétique avec toute la cérémonial de la mort.
I- le cérémonial de la mort
A- l'obsession amoureuse
• L’obsession amoureuse : nouvelle preuve de l’amour indéfectible du chevalier pour Manon. Cet amour est souligné par des formules hyperboliques (« mille fois », « toute l’ardeur du plus parfait amour ») et périphrases qui suggèrent que le mérite de Manon est au-delà même des possibilités du langage (« l’idole de mon cœur », « ce qu’elle avait porté de plus parfait et de plus aimable »).
Le désir, en cet instant crucial, de se rapprocher de Manon, se manifeste de trois façons. L’abandon de l’épée au profit des mains seules. Les prépositions ou locutions prépositives (double occurence de “sur”) : « la bouche attachée sur le visage et sur les mains » (discrète érotisation du cadavre ?), « près d’elle », « sur la fosse », « vers le sable ». Des Grieux tente de se rapprocher le plus possible d'elle.
L’étreinte par voie métonymique (« l’envelopper de tous mes habits »), il devient par l'intermédiaire de ses habits, le linceuil de Manon. On peut y voire une forme de jalousie irrationnelle à l’encontre de tout contact du corps de Manon avec autre chose (« pour empêcher le sable de la toucher » : ce verbe semble érotisé par syllepse).
B - Un rituel
• Un rituel précis : utilisation d’accessoires pour sacraliser sa mort (en fonction d’adjuvants), les «liqueurs », l’« épée », les « habits ». Une série de gestes dans un ordre strict avec des connecteurs logiques → « j’y plaçai […] après avoir pris soin de l’envelopper […] après l’avoir embrassée » : présentation des étapes par inversion de la chronologie référentielle; ce qui dramatise l'action et c'est aussi une façon de retarder la mort de Manon par l'écriture.
C - Une dimension religieuse
• Une dimension religieuse : scandale de l’application à un acte profane d’éléments religieux, par un héros au bord de la folie. Isotopie religieuse très fournie : « office », « idole », « j’invoquai », « exercice », « ministère ». Parodie blasphématoire des gestes codés de la communion : « recourir aux liqueurs » (boire le sang du Christ), « je rompis mon épée » (rompre le corps du Christ). Ton hiératique (=sacré, religieux) exprimé par les adverbes : « j’ensevelis pour toujours », « ne les ouvrir jamais ».
On a un paradoxe, une oppposition, puisque Des Grieux enterre Manon comme une divinité, une sainte, alors qu'elle ne le mérite pas; en effet, elle a menée une vie de profane.
On peut noter la follie amoureuse et morbide de Des Grieux.
II - Le registre pathétique
A - Un pathétique spéctaculaire
• On a une saturation stylistique : un pathétique spectaculaire, qui se donne à voir dans la chair du texte. D'entracte, on remarque un double pléonasme "il ne sortait point une larme (de mes yeux) ni un soupire (de ma bouche)" qui crée un effet d'exagétation et de redondance.
On remarque d'autres pléonasmes délibérés par coordination de synonymes («languissante et misérable », « du désespoir et de la douleur ») ou par adjonction d’une épithète de nature (« consternation profonde », « dessein déterminé ») : effet d’amplification.
Écho entre deux syntagmes (=Mot ou groupe de mots constituant une unité dans la phrase) construits sur le même modèle : « le triste office » / « ce lugubre ministère »; Des Grieux passe ton temps à redire la même chose. On a un agencement syntaxique qui marque l’intensité extrême du désespoir de Des Grieux : « si proche de ma fin […] que ».
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