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L’illusion n’interdit-elle pas toute philosophie ?

Étude de cas : L’illusion n’interdit-elle pas toute philosophie ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Janvier 2014  •  Étude de cas  •  4 856 Mots (20 Pages)  •  819 Vues

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L’ILLUSION

I ] INTRODUCTION

Etymologiquement l’illusion vient du mot illudere : se jouer de. Ce mot apparaît donc comme l’état de celui qui est trompé (par le sujet lui-même ou par l’extérieur.)

L’illusion appartient donc :

au domaine de la perception : l’illusion des sens.

Au champ de l’esprit et de la raison qui croit à l’illusion.

A – PRELIMINAIRES

Dans un premier élan, l’homme établit un rapport spontané de confiance avec le monde et ce qui l’entoure :

Nous prenons le monde pour ce qu’il se donne.

Nous croyons autrui.

Nous nous fions à nos sentiments, à nos impressions.

Or, l’expérience de l’illusion vient contrarier cette confiance naturelle, elle s’en trouve ébranlée. La sentence « je peux me tromper », montre que l’illusion comme simple possibilité porte atteinte par avance à toute prétention d’atteindre la vérité, à toute possibilité de s’appuyer sur quelque certitude possible.

Faut-il dès lors suspendre tout jugement ? S’abstenir de tout ? doit-on être désabusé de tout ?

Plus grave encore : l’illusion n’interdit-elle pas toute philosophie ?

Car enfin, la philosophie est la recherche du vrai. Elle a pour but une lucidité envers soi-même et le monde. A ce titre l’illusion ne ferme pas la porte de la philosophie, mais l’ouvre sur la notion de l’illusion elle-même. En effet, l’illusion est un fait. Ainsi est-il normal de s’interroger sur la nature de l’illusion, sur ses mécanismes, ses origines, sa fonction.

B – DEFINITION

L’illusion est une erreur de perception causée par une mauvaise interprétation des données des sens.

La philosophie moderne a voulu voir dans l’illusion deux aspects :

Un aspect négatif : Un défaut de savoir, une absence de vérité. Le sujet est trompé par une personne, par soi même, bref, par l’apparence.

Un aspect positif (!) : Le sujet de l’illusion est de bonne foi dans ce qu’il affirme. Il croit et il est sincère. Et de cette croyance, il tire en général une énergie, voire un certain acharnement à affirmer son idée fausse.

L’illusion se définit donc à partir de l’ignorance. Mais celle-ci est double, car ce n’est pas un simple défaut de connaissance. En plus, ce défaut est méconnu. L’illusion est double dans le sens où elle ignore la vérité ; et de surcroît, le sujet ignore qu’il ignore, ce qui le pousse à affirmer quelque chose de faux.

L’illusion est donc une ignorance qui s’ignore…

Nous pouvons noter 3 exemples distincts d’illusion :

L’illusion donnant l’impression de voir des choses extraordinaires : la magie de l’illusionniste.

L’illusion sensitive (d’optique par exemple : le bâton dans l’eau, le trompe l’œil, etc…)

L’illusion de la paysanne attendant qu’un jour un prince charmant viendra l’enlever : manque de réalisme.

C – DISTINCTIONS

A ce stade, l’illusion se distingue de :

1) L’erreur.

Laquelle est un acte de l’esprit posant vrai ce qui est faux. L’erreur relève d’un processus actif, car elle est le fruit d’une recherche –même minime-. Alors que l’illusion est passive, comme une sorte d’évidence préalable à la déduction, antérieure à la démonstration. L’illusion est plus primitive que l’erreur.

L’illusion est un défaut de réalité, quand l’erreur est un défaut de vérité (il ne faut pas oublier de distinguer la réalité qui est ce qui est, de la vérité qui est l’expression de cette réalité.)

Parmi les 3 exemples, aucun n'appartient à l’erreur. Dans le premier et le second, on sait bien que ce que l’on voit n’est pas la réalité (car si on y croyait, on serait alors dans l’erreur.) L’illusion précède le jugement. Dans le troisième, il s’agit d’une « éventualité » imaginaire (si elle y croyait fermement : folie ou son amorce…) Cette croyance vient d’une affection liée à la réalisation d’un désir, à quelque chose de positif, se dégage donc une fonction de positivité… ?

Souvent, l’erreur est provoquée par l’illusion, elle en est le prolongement.

Le gros problème de l’illusion par rapport à l’erreur, est que celle-là n’est pas corrigible. En effet, on peut corriger l’erreur car c’est un défaut du jugement ou du raisonnement (cf. l’erreur mathématique.) Mais l’illusion est difficile à corriger –voire impossible : le bâton apparaîtra toujours cassé…- d’où la question : L’illusion est-elle naturelle est inévitable ? Nous avons beau savoir, nous continuons à voir.

2) Le mensonge.

L’illusion n’est pas mensonge, car celui-ci est intentionnellement fait pour tromper et laisser dans cet état de tromperie. L’illusion elle, est de bonne foi, elle est innocente.

3) La chimère.

La chimère est un être fictif reconnu comme tel. Dans ce cadre, on peut tout de même s’interroger sur la situation du spectateur ou du lecteur. N’est-il quand même pas dans l’illusion ? Certes il sait que ce qui s’offre à lui est faux. Mais il connaît souvent une attirance ou une répulsion : aimant le héros, détestant le méchant (qui n’existent pas), pleurant sur telle situation émouvante, riant sur telle fait, etc…

Pour conclure l’introduction, l’illusion est donc un leurre, une tromperie dont nous sommes les victimes. Fondamentalement, par quoi sommes-nous trompés ? Nous avons donc dégagé 2 axes sur lesquels repose tout le problème de la notion d’illusion :

L’illusion reposant sur un

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