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Les règles et notre façon de définir l'art

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Par   •  15 Décembre 2014  •  Analyse sectorielle  •  2 674 Mots (11 Pages)  •  613 Vues

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PLAN :

Introduction

1) De quelles règles parle-t-on en art ?

2) De qui parle-t-on lorsqu'on parle « d'art » ?

3) Dé passement. Une façon hégélienne de concevoir le rapport aux règles.

4) Les règles et notre façon de définir l'art.

Conclusion

INTRODUCTION

L'art étant le domaine de la créativité et de la spontanéité, il paraît, au premier abord que c'est le propre de l'artiste de se passer de règles, d'aller vers le nouveau. Pourtant toute chose a des règles, les sociétés, les jeux, même ceux du hasard, les métiers (les arts sont d'abord de métiers). On dit parfois « c'est fait dans les règles de l'art ». Le terme latin « regula », faisait allusion a cet instrument qui nous permet de tracer une ligne droite (tout comme le terme norme vient de « norma », l'équerre). Une question historique se présente alors en parallèle : cette dernière expression fait allusion à un art classique, fait justement selon de règles bien précises, comme la tragédie antique ou la peinture du moyen âge ? Si la question était posée par rapport à ces périodes, la réponse négative s'imposerait. Mais dans la modernité l'art est vu comme un domaine de liberté. Nous allons considérer cette façon de voir l'art, sous l'impératif de création, d'aller vers l'inconnu, comme le voulait un Baudelaire.

Se passer de règles voudrait dire que l'art se met en dehors des carcans que la culture d'une société lui impose. Cela paraît nécessaire pour faire œuvre de création. Mais jusqu'à quel point ce « en dehors » est possible ? Même révolutionnaire, même avant-gardiste, un art est l'art d'une société humaine, avec ses langages et ses codes, en dialogue, voire en opposition à elle, mais jamais entièrement en retrait. Jusqu'à quel point l'artiste peut-il se placer en dehors de ces contextes qui donnent signification à son œuvre ? Mais s'agit-il proprement de « règles » ? Quel est le rapport de l'activité artistique aux règles ? Quelles sont ces règles ?

1) De quelles règles parle-t-on en art ?

Il est vrai qu'aucune activité humaine peut se passer entièrement de règles, si l'on entend par règles tout ce qui conditionne le mouvement, en commençant par les lois de la gravitation pour des êtres corporels, des besoins du maintien de la vie, mais aussi de l'activité, de l'exercice des facultés. La liberté même de l'homme en société n'est jamais comprise comme totale, que ce soit les lois dictées par l'autorité ou résultantes d'un contrat social, elles encadrent et de ce fait permettent la liberté. C'est pourquoi on parle souvent de la « loi de la jungle » ou d'un contexte « sans Dieu ni loi », comme d'autant de situations où la vie proprement humaine est difficile et la liberté se voit empêchée.

Mais si dans la vie des sociétés, des règles les plus simples, « ne pas tuer », par exemple, ou le droit à la sécurité de la personne, semblent indispensables puisque des enjeux vitaux en dépendent, les règles en art semblent moins chargées de gravité et ses violations moins catastrophiques. Quels sont-elles, plus précisément ?

Nous pouvons distinguer entre des règles qui font qu'un art soit tel art, bien établie, et non pas un autre, nous les appellerons « règles constitutives », et des « règles opératives » ou techniques à l'intérieur d'un art, dont il dépend, dans un contexte donné, la réussite ou la valeur esthétique de l'œuvre. Les premières font que si l'on est sculpteur on travaillera des matières avec de volumes et si l'on peintre on s'en tiendra à des « points et ligne sur un plan », pour utiliser l'expression de Kandinsky et à des couleurs. Si l'on est poète on travaillera les puissances évocatrices d'une langue écrite ou parlée, sans utiliser de mise en scène, qui sera le propre du théâtre ou de musique, ce qui sera réservé au compositeur

Les règles opératives ou techniques, à l'intérieur d'un art seront celles qu'une école ou une époque fixe : par exemple la versification et le rythme des alexandrins pour un poète, les fameuses trois unités pour la tragédie classique ou le contrepoint pour un auteur de motets ou la perspective pour un peintre et en générale la proportion pour la sculpture. Nous voyons bien ainsi que toutes ses règles changent et sont essentiellement liées à une époque. Aucune d'elles ne fait référence absolue dans toutes les cultures périodes de l'histoire. Nous avons connu bien des constructions sans le nombre d'or - pourtant omniprésent dans les cathédrales gothiques -, de la peinture sans perspective, de la musique sans le système tonal, de poèmes en vers libre et même de romans sans ponctuation.

Les règles constitutives de chaque art seraient-t-elles plus fortes ? En effet, une poésie sans mots, une peinture sans couleurs, ou une musique sans sons, paraissent difficiles à concevoir. Cependant, si nous considérons l'art dit contemporain, c'est-à-dire à partir du deuxième quart du XXe siècle, nous trouvons une multitude de tentatives de dépasser les limites de chaque art : sculpture avec son propre corps, musique faite avec du bruit, poésie sans mots compréhensibles, juste un rythme, tableaux monochromes : On peu situer la limite franchie par Malevitch, avec son carré blanc sur fond blanc, la « fontaine » Duchamp, la composition « 4'33 » (de silence) de John Cage ; installations, performances, art éphémère (qui met en question l'idée même d'œuvre), etc. Nous sommes conduits à accepter que ces règles qui définissent les différents arts ne sont pas plus inéluctables que les autres.

2) De qui parle-t-on ?

×Ads by OffersWizardIl y un point que cette question laisse un suspend : « l'art », c'est qui ? Se passer ou ne pas pouvoir se passer de quelque chose ces sont des actions, possibles ou impossibles pour un agent, mais l'art, ce n'est personne. Nous appelons l'art à un contexte humain de grande importance pour toutes les cultures, mais ce n'est pas un sujet humain. Il s'agirait donc des artistes ? Cela semble logique, ils sont les principaux agents de ce que nous appelons l'art.

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