Les conditions de l'échange économique
Analyse sectorielle : Les conditions de l'échange économique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tete9 • 15 Janvier 2014 • Analyse sectorielle • 1 604 Mots (7 Pages) • 771 Vues
On dit au sortir d'une conversation que les interlocuteurs ont échangé leurs points de vue ; on parle couramment d'échanger nos expériences, nos sentiments, nos avis ; on se propose même d'échanger des nouvelles avant de partir en voyage ; quand notre situation nous déplaît, ou nous dépasse, nous souhaiterions parfois échanger notre place contre celle d'un autre ; et lors de la cérémonie du mariage, on dit des futurs mariés qu'ils échangent leurs promesses. Il est bien évident alors que l'échange échappe au cadre strictement matériel du troc, c'est-à-dire de l'échange de biens : on n'échange pas que des choses et des objets, en particulier parce que le langage et la culture au sens large permettent toutes sortes d'échanges symboliques. Il semble alors en première analyse difficile de prescrire des limites aux échanges. Peut-on pour autant tout échanger ? Car enfin, quand nous échangeons des biens, nous supposons que ces biens échangés ont une valeur équivalente ou du moins comparable. Pouvons-nous alors échanger d'une part ce qui n'a pas d'équivalent, et d'autre part ce dont la valeur est absolue ?
I. Les conditions de l'échange économique
1. L'échange suppose une égalité de valeur
Que faisons-nous lorsque nous échangeons des services ou des biens ? J'échange avec autrui quelque chose dont je n'ai pas ou plus besoin contre autre chose, dont il n'a de son côté pas ou plus besoin. L'échange suppose donc que chacun possède ce dont l'autre a besoin et dont on n'a pas l'usage soi-même ; il suppose aussi que la valeur des produits échangés soit commensurable, c'est-à-dire susceptible d'être rapportée à une mesure commune, autrement dit qu'on puisse déterminer la valeur de chacune des choses échangées l'une par rapport à l'autre. Cette valeur, certes, est fluctuante et dépend largement des circonstances (la valeur que j'attache à un verre d'eau augmente singulièrement quand je meurs de soif), mais elle doit être à peu près la même pour les deux choses échangées, du moins si nous donnons à l'échange son sens strictement économique. Si tel n'est pas le cas, nous sortons du cadre de l'échange pour pénétrer dans celui du don ; or le don compense la disparité dans la valeur d'échange par un surcroît de valeur symbolique : lorsque deux personnes échangent des biens de valeur très différente, celui qui semble avantagé par l'échange devient en fait le débiteur de l'autre. Tout échange disproportionné entraîne son lot d'obligations, parce que celui qui reçoit plus qu'il ne donne accepte en fait d'être redevable à l'autre du surcroît et rentre de ce fait dans ce que Nietzsche déjà nommait « l'implacable logique de la dette ».
2. La monnaie permet de fixer la valeur d'échange
C'est précisément pour pouvoir déterminer l'égalité de la valeur des biens ou services échangés que les hommes, selon Aristote, ont inventé la monnaie : on ne troque plus directement un bien contre un autre, avec toujours le risque que la valeur des biens échangés ne soit pas égale, on vend un bien contre de l'argent, qui permet à son tour d'en acheter d'autres, l'argent devenant ainsi la mesure commune de tous les produits. Du coup, comme tout est susceptible de recevoir un prix, tout semble pouvoir être échangé contre n'importe quoi : après tout, un salarié vend son temps et sa rétribution lui permet d'acheter des biens matériels ou les services d'autres personnes. La seule chose venant limiter les échanges semble alors pour le coup être la simple loi économique de l'offre et de la demande, qui fixe le prix de toute chose : je ne saurais vendre que ce dont autrui a besoin, en sorte que les seules choses qu'on ne peut échanger sont celles dont la possession n'intéresserait personne.
3. Le prix marchand n'est pas nécessairement égal à la valeur
N'avons-nous pas cependant ici opéré un glissement remarquable de la valeur au prix ? Car enfin, quelque chose peut avoir une valeur symbolique qui excède la détermination de tout prix marchand : un objet peut fort bien avoir un prix dérisoire et une valeur immense, par exemple parce qu'on y est sentimentalement attaché. Or qu'est-ce qui définit la valeur symbolique de quelque chose ? Sa singularité, qui rend l'objet irremplaçable. Quand cette singularité est réelle, fût-ce symboliquement, l'équivalence de valeur marchande que suppose l'échange est rendue impossible : on ne peut échanger quelque chose qui est sans pareil, et dont par conséquent la valeur d'échange ou prix est indéterminable, puisqu'une telle valeur est par définition relative à la valeur marchande d'autre chose.
II. La limite des échanges
1. Ce qui est sans équivalent ne peut être échangé
Voilà sans doute ce qui permet d'affirmer que tout ne peut pas être échangé : ne peut être aliéné que ce qui a un équivalent
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