Les Oeuvres D'art éduquent-elles Notre Perception ?
Commentaires Composés : Les Oeuvres D'art éduquent-elles Notre Perception ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lachiips • 14 Octobre 2014 • 1 406 Mots (6 Pages) • 841 Vues
Question étonnante puisqu’on pense spontanément que la perception est immédiate. Ainsi il faut se demander si les effets de la culture ne travaillent pas jusque dans notre intimité et ne modifient pas, voire même structurent notre rapport au monde.
I Les perceptions sont le fruit d’une culture
- Le cas des enfants sauvages montrent que les perceptions sont modelées en profondeur par notre environnement et notre éducation. Par exemple Victor de l'Aveyron perçoit le moindre bruit de châtaigne qui tombe au sol à l’extérieur alors qu'il ne sursaute pas au bruit d'une balle de pistolet.. Ce qui est attesté par l'observation c'est que la perception est instruite et « vise » le monde en fonction de cette instruction. Husserl affirme ainsi « toute conscience est conscience d'un objet ».
- La perception (ici les 5 sens) est le fruit d'une culture et non d'une immédiateté . Plus encore la phénoménologie appuyée sur la Gestalttheorie (théorie de la forme) montre que toute perception ne prend sens que dans le cadre d'une construction perceptive globale d'un monde (ex : illusions optico-géométrique)
- Dans ce contexte les œuvre d'art ont une place privilégiée parce qu'elle participe de ce travail d'organisation de la perception (ex : importance du dessin chez l'enfant pour structurer l'espace mais aussi le schéma corporel). Mais plus encore les grandes œuvres d'art révèle ce caractère construit en opérant justement une déconstruction (ex : pointillisme de Seurat ou Signac qui déconstruit la perception en micro perception identique à ce que reçoit passivement l'oeil, ou Nu descendant l'escalier de Duchamp qui déconstruit le mouvement)
Transition : mais éducation signifie rendre meilleur, élever. Est-ce le cas pour les œuvres d'art ?
II L'élévation de la perception par les œuvres d'art
– La perception ordinaire est organisée en fonction d'une visée utilitaire, en vue de l'action. Or les œuvres d'art permettent de dépasser cette visée et d'élever l'homme. En particulier elles l'élève au-dessus du désir d'appropriation. Cf Hegel : « Les relations de l'homme à l'oeuvre d'art ne sont pas de l'ordre du désir. Il la laisse exister pour elle-même, librement, en face de lui ; il la considère, sans la désirer, comme un objet qui ne concerne que le côté théorique de l'esprit. C'est pourquoi l'oeuvre d'art, tout en ayant une existence sensible, n'a pas besoin d'avoir une réalité tangiblement concrète ni d'être effectivement vivante. Elle ne doit même pas s'attarder sur ce terrain puisqu'elle ne vise à satisfaire que des intérêts spirituels et qu'elle doit exclure tout désir. »
– Ainsi l'oeuvre d'art rend visible non seulement le monde mais l'homme lui-même. Cf Bergson : « Quel est l'objet de l'art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous‑mêmes, je crois bien que l'art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la nature. Nos yeux, aidés de notre mémoire, découperaient dans l'espace et fixeraient dans le temps des tableaux inimitables. Notre regard saisirait au passage, sculptés dans le marbre vivant du corps humain, des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. Nous entendrions chanter au fond de nos âmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. Tout cela est autour de nous, tout cela est en nous, et pourtant rien de tout cela n'est perçu par nous distinctement. Entre la nature et nous, que dis‑je ? entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut‑ce par malice ou par amitié ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression
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