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Le rêve Américain N'est-il Qu'un Mirage ?

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Par   •  15 Octobre 2014  •  1 288 Mots (6 Pages)  •  1 680 Vues

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Dans sa plus simple acception, c’est une aspiration à la liberté qui se manifeste en particulier par une ascension sociale et économique pour soi et sa famille. C’est donc un objet éminemment individuel où l’énergie ne saurait provenir que de l’individu, pas de l’État. Derrière cette idée s’en loge une autre, à savoir que ce ne sont en Amérique, ni l’héritage ni la chance qui font le succès, mais le travail et la valeur de l’individu. En d’autres termes, non seulement l’homme se libère ici de ses chaînes historiques, mais il devient maître de sa propre destinée en recevant la juste récompense de ses efforts, comme le proposait le projet des Lumières.

Le rêve américain n’est donc pas l’aspiration à une égalité des conditions tout au plus à une égalité des chances au départ. Il a ainsi pu faire bon ménage avec le darwinisme social: le pays des possibles (land of opportunity) est aussi celui des hiérarchies où la mobilité doit être comprise comme ascendante et descendante. Source d’espoir infini, le rêve draina chaque année des milliers d’immigrants vers les États-Unis, même si comme l’ont montré des études sociologiques l’immigration vers les États-Unis n’est pas toujours le moyen le plus rapide d’améliorer sa condition sociale et économique. Le mythe américain a la vie dure et la culture populaire télévisuelle américaine étant largement exportée, ses images participent à son maintien.

Mais le rêve américain n’est pas uniquement le rêve d’Amérique (pour les étrangers), c’est aussi le rêve des Américains qui croient en a la labilité de leur société. Malgré les réalités économiques – dont aujourd’hui pour beaucoup la perte de la propriété de son logement qui constitue une ligne de partage social entre classe moyenne (aussi petite soit-elle) et classe pauvre – les études montrent que l’optimisme qui caractérise le rêve est toujours là. Sa place est si fondamentale dans la conception de la vie et de la société aux États-Unis qu’il a encore de beaux jours devant lui. Le rêve en a vu d’autres!

Jean Kempf, Les Mots des Etats-Unis, Presses universitaires du Mirail, 2012.

Doc 2.

On sait que l’Amérique occupe une place dans l’imaginaire utopique : Nouveau Monde colonisé à une époque où l’Europe, émergeant du Moyen-Age, cherchait à étendre son influence dans le monde, elle symbolisait la possibilité d’une renaissance, en particulier pour les communautés puritaines persécutées en Grande-Bretagne, dont les valeurs dominèrent la construction des Etats-Unis. Face à de tels espoirs, la tentation de dresser un bilan, un inventaire de ce qui y a été bâti est forte.

Or, si on peut affirmer que le road movie existait dès l’époque du cinéma classique « hollywoodien », il est clair qu’il n’a émergé en tant que « genre » qu’au début des années 1970, période de remise en question de l’idéal américain. Easy Rider a été le catalyseur de l’émergence du genre, parce que l’équipe qui l’écrivit et le produisit (en particulier Peter Fonda, Dennis Hopper et Terry Southern) voulait créer un nouveau genre de films, dans un but à la fois commercial et politique pour refléter le débat de l’époque contre la guerre au Vietnam, contre la ségrégation dans les Etats du Sud, etc. Rien d’étonnant donc si le slogan publicitaire choisi pour Easy Rider était : « Un homme partit à la recherche de l’Amérique et ne la trouva nulle part », ce qui opposait l’Amérique telle qu’elle devrait être (le Rêve américain, c’est-à-dire la réalisation d’un monde de bonheur idéal dans le cadre institutionnel des Etats-Unis d’Amérique), et l’Amérique telle qu’elle apparaît dans le film : des lieux qui ne correspondent pas à cet idéal, des lieux de nulle part, vides de sens.

Le road movie construit donc un imaginaire pessimiste de l’Amérique, où les personnes circulent dans un espace incertain, fascinant mais vide de sens, où les gestes sont répétitifs. Dans ces lieux de nulle part, les personnages se refusent à aborder leur avenir, si ce n’est dans des rêves qu’ils savent illusoires ; certains d’entre eux se réfugient même dans le suicide, échappatoire ultime. Si l’on passe de l’échelle

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