Le rêve

Nous rêvons tous chaque nuit, au moins un quart de notre temps de sommeil. Cette période appelé le sommeil paradoxal est le moment où notre activité cérébrale est la plus forte. La rêverie quant à elle, est une forme de rêve à l'état de veille. Ces activités auxquelles nous nous abandonnons nous procurent diverses sensations, mais il est difficile de toutes les expliquer. Cette pratique à la fois unique et commune aux Hommes est elle cruciale à notre existence ? Est-ce une fonction inhérente à notre survie ou simplement une œuvre de l'esprit ?

Nous analyserons dans un premier temps pourquoi le rêve est amarré à la vie de l'Homme. Ensuite, nous verrons que le rêve possède diverses fonctions, non-indispensables et parfois même contraires à notre existence. Enfin, nous analyserons en quoi le rêve reste et demeure une formidable production de l'esprit, délivrant de nombreux avantages.

Le rêve à une fonction physiologique et psychique, qui donne à notre esprit toute ses capacités uniques qui nous différencient des autres espèces. Des hommes de sciences ont tenté d'expliquer en quoi le rêve est nécessaire pour l'Homme.

Pour Freud, médecin neurologue autrichien du XIXe siècle et inventeur de la psychanalyse, le rêve serait gardien du sommeil. Les images oniriques seraient l'expression de désirs refoulés et inconscients, se manifestant librement durant nos rêves. "Si les rêves n'existaient pas, l'homme serait confronté à des pulsions animales venant s'exprimer librement". Le rêve aurait donc une nécessité physiologique, et nous permettrait de nous contrôler. Les rêves sont également utiles pour une bonne compréhension de la manière dont nous pensons. Freud se servait du contenu des rêves, en distinguant rêve latent et manifeste, pour déceler des symptômes et aider ses patients. Dans « troisième leçon », tiré de « Cinq leçons de psychanalyse », essai de 1910, le psychanalyste explique comment les rêves lui permettent de soigner ses malades en se basant sur leurs rêves qui sont, pour lui, nullement prophétiques, mais facilement explicables. Il suffit de chercher les associations d'idées qui déclenchent le contenu manifeste du rêve et d'en découvrir les idées latentes.

D'autres psychanalystes et spécialistes du cerveau viennent compléter cette étude sur le rêve et sur sa nécessité. Jung (professeur et docteur psychiatre) décrit le rêve comme un cliché instantané de ce que nous sommes au moment présent, et explique que le rêve participe à notre individualisation. En effet, le rêve permet de nous guider, et de nous rappeler ce que nous sommes, et qui nous sommes. Il permet aux individus de ne pas s'égarer de leur propre personnalité. Jung et Freud décrivent le rêve comme une voie vers l'inconscient.

Les scientifiques Crick et Mitchison comparent notre cerveau à un ordinateur. Selon eux, les rêves effacent une quantité d'informations inutiles au profit d'autres reflétant davantage notre personnalité. C'est à dire que le rêve agit sur notre cerveau à la manière d'un centre de tri, effaçant la mémoire de la journée qu'il juge sans intérêt. W. ROBERT, en 1886, avance également l’hypothèse selon laquelle le rêve permettrait « d’évacuer » et de trier les informations perçues dans la journée. L'information conservée est, pour ces scientifiques, fondamentale pour notre individualité et notre identité. Chaque expérience, chaque acquisition et chaque connaissance nouvelle sont emmagasinées ou filtrées par le processus des rêves. Cette théorie rejoint celle de Jung, plus théorique, mais de façon plus rationnelle, elle donne une importance psychique au rêve.

Mais le rêve aurait aussi un rôle génétique, Michel Jouvet, neurologiste français, parle de reprogrammation du système nerveux lors du sommeil paradoxal, " une reprogrammation génétique définissant nos traits particuliers face au conditionnement et à l'oubli". Selon lui, certaines images que nous rêvons seraient inscrites dans notre Moi primitif depuis la naissance et définirait notre personnalité. Nous rêvons de ces idées pour nous rappeler sans cesse qui nous sommes, c'est un moyen de rester conscient de notre existence. Il rejoint l'idée du chemin à suivre décrit par Jung. Il pense cependant que la nécessité du rêve se joue au niveau cellulaire, permettant la reproduction des cellules et leur programmation. Ces scientifiques se rejoignent toutefois sur l'idée générale que le rêve contribue à notre équilibre psychique et physiologique. Il serait une aide au développement du système nerveux.

Ces chercheurs montrent de façon scientifique en quoi le rêve est nécessaire à notre développement intellectuel et à notre conscience de soi. On peut dire à travers ces études que le rêve est vital pour l'Homme. Mais le rêve n'est pas obligatoirement une nécessité existentielle, la rêverie possède différents atouts certes, pour améliorer notre quotidien, mais n'est pas un mécanisme primordial à notre survie.

Le rêve ou la rêverie ont diverses fonctions. Rêver permet de s'évader, d'oublier des malheurs et d'imaginer l'impossible. Pour Léon Daudet dans l'essai « Le Rêve éveillé », le rêve permet d'aider la prise de parole en public. Il affirme n'avoir jamais prit la parole sans imaginer un paysage imaginaire devant lui ("...devant les yeux de l'esprit, tantôt une immense prairie plantée d'arbres [...] entre Maillant et Saint-Rémy"). Cette aide n'est pas vitale, elle permet seulement d'améliorer sa concentration. Certes, il affirme que le rêve éveillé est "la matière

...