Le pouvoir des images

Le pouvoir des images :

DISSERT:

        "Une image vaut mille mots" affirma le philosophe Chinois Confucius. Autrement dit une simple représentation graphique est vraisemblablement bien plus explicite qu'une description. Nous pourrions alors nous interroger sur l'utilité même du language vis à vis des images. En effet, une image dans son unicité parle d'elle même. Qu'elle que soit sa nature, sa représentation, son fond ou sa forme, une image peut représenter une multitude de thèmes, d'actions ou de phénomènes. En ce sens, nous allons nous intéresser au "pouvoir des images". D'une part, le sujet introduit la notion de pouvoir, du latin potere. En philosophie, le pouvoir est par essence un concept relationnel, il met en relation des termes. C'est la capacité de faire ou de produire et donc de disposer de moyens. Et cette notion revêt une pluralité de sens. En effet, le pouvoir peut désigner une faculté matérielle ou une permission de faire quelque chose, mais aussi une capacité légale d'action. Par ailleurs, le pouvoir désigne l'ascendant, l'emprise, la domination qui sont exercés sur une personne ou un groupe d'individus. Il peut être physique, moral ou psychologique. Il existe d'ailleurs toute sorte de pouvoir, c'est une notion et une aptitude très large. D'autre part le sujet suggère le pouvoir exercé par les images. Le mot image dans son origine, désigne la représentation, l'imitation de la réalité par l'homme. D'ailleurs, la première image que l'homme a eu de lui-même et du monde est celle reflettée par la transparence de l'eau. Cependant ce premier sens n'offrait aucune liberté à l'homme, puisque l'image ne pouvait être interprétée. Ainsi, l'homme a voulu imposer sa propre représentation du réel. Les supports se sont alors diversifiés et par métonymie, le mot "image" renvoie à la "représentation analogique d'un être ou d'une chose". Ici intervient une part d'abstrait puisqu'aujourd'hui, l'image ne caractérise plus le réel, mais la perception qu'on en a, de manière matérielle ou même immatérielle, autrement dit une illustration mentale. Les images font partie intégrante de l'ordre mondial dans la vie humaine sur terre, elles semblent omniprésentes et même indisociables à nos vies. En s'interrogant sur le fondement même de l'image, on pourrait demander à notre ami photographe si ses multiples clichés vont avoir une réelle utilité, ou bien si ses images vont s'évaporer avec le temps. C'est la toute la difficulté de l'image. Elle semble passagère, presque furtive. Bien qu'elles soient associées à nos quotidiens, ne sont-elles finalement pas que des bribes volages qui deviennent insignifiantes ? Aussi, les images ne sont-elles pas perçues par des êtres uniques dotés de sensibilités propres et donc subjectives ? Et une image est-elle simplement une illusion ou peut-elle se concrétiser par sa perception ? Afin de répondre à cela nous allons nous interroger sur le pouvoir, la puissance et le poids que peuvent exercer de simples images.

Nous verrons tout d'abord que la puissance des images est atteinte grâce au service des arts. Les limites de cette seule perspective nous amèneront ensuite à nous interroger sur les capacités de nos propres images.  Et enfin nous tenterons de comprendre le fait que l'image, est aussi un moyen de détournement.

        Une image est une représentation, souvent artistique. Elle plaît, elle attire les convoitises. Elle est dotée d'une beauté qui la rend forte. C'est d'ailleurs pendant l'antiquité que les égyptiens ne communiquaient graphiquement qu'à l'aide d'images dessinées. Ces hiéroglyphes seraient d'ailleurs à l'origine de l'alphabet phénicien, source de nos alphabets actuels. Cela est très représentatif de l'utilité même des images. Ces oeuvres d'arts presques fictives sont pourvues d'une grandeur. D'ailleurs, le philosophe grec Plotin désigne toute oeuvre d'art comme une "échelon" pouvant mener à la beauté intelligible. Cette beauté là est extrême. Autrement dit les images sont designées comme belles en ce qu'elles représentent un modèle intelligible, qui peut être compris et interpréter. Dans la mesure où celles ci sont appréhendées, alors elles deviennent d'une part des oeuvres d'arts et d'autre part elles se rapprochent de ce qui peut être considéré comme beau et bon. L'art des images explicites véhicule donc un message presque fastueux, et donc poignant. Ayant la capacité d'être appréhendée, l'image tire finalement sa puissance dans sa perception.

Les images coulent de source des inventions humaines. Depuis toujours, c'est l'homme qui façonne les images, quel qu'elles soient. Ces images là permettent en un sens de s'affranchir des conditions naturels dans lequel vit l'homme. En effet, par image on entend nouveauté et création. Les images ne resultent-elles finalement pas que de l'esprit ? C'est justement ce que défend le philosophe Hegel. De fait, il affirme que ce qui vient de l'esprit est supèrieur à ce qui existe dans la nature. Le spirituel transcende ici le naturel. Et justement, dans la mesure où les images artistiques sont engendrées par l'esprit humain, elles semblent dépasser l'état de nature. Par ailleurs, le contenu d'une image est une représentation spontanée et soudaine. Elle consiste à saisir le monde tel qu’il est avec une certaine sensibilité. Ainsi, en saisissant ce qu’il y a de plus fugitif et passager, une image semble rendre l’art triomphant sur la nature éphémère. Nous pouvons par exemple nommer les célèbres publicités de la marque de textile italienne "Benetton". En effet, ces célèbres images viennent transcender toute logique raciale, religieuse, ethnique et font l'éloge d'un politiquement incorrect assumé. Elles suscitent aussi bien du dégoût, de la colère, de l'admiration, ou du rire. Elles sont communicatives et elles brisent les codes tout en rendant le contenu de l'art de l'image puissant.

Comme dit précédemment, chaque image est une oeuvre d'art à part entière. Elle communique au moins une pensée. Une image est un réservoir d'émotions. Elle peut signifier beaucoup plus qu'un simple discours. Elle représente des situations et est en capacité d'alarmer le monde entier sur l'une d'entre elles. Elle octroît de réelles prises de conscience collectives qui dépassent les frontières locale. D'ailleurs, une image détient le pouvoir de stopper des forces destructrices en marche. Par sa seule essence, l'image apparaît alors comme une réelle contradiction, une mise en valeur ou même une dénonciation. Ces arguments là s'affirment d'ailleurs dans l'histoire. Prenons l'exemple des images devenues des symboles de lutte pour l'arrêt des conflits lors de la guerre du Viêt Nam en 1975, mais aussi la célèbre photo de Rayan kurdin, le jeune garçon syrien âgé de trois ans mort noyé, dont le cadavre a été retrouvé sur les plages de Bodrum, en Turquie. Le pouvoir des images prend tout son sens ici. En moins de vingt-quatre heures, la photo a fait le tour du monde, et cela a justement permis de montrer aux yeux du monde entier la triste réalité subie par les migrants Syriens qui fuyaient la guerre civile dans leur pays. S'en est suivit l'accélération des prises de décisions politiques, comme en témoigne l'ouverture des frontières de plusieurs pays européens. Depuis la nuit des temps les images sont exploitées comme des regards adressés au monde. Nous pouvons par ailleurs citer l'efficacité des images sur les réseaux sociaux grâce à l'ultramédiatisation et l'ultraconnectivité entre les personnes qui permet aujourd'hui à l'Ukraine d'alerter le monde quant aux crimes commis par la Russie à son encontre.

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