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Le Travail

Note de Recherches : Le Travail. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2013  •  2 179 Mots (9 Pages)  •  816 Vues

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Introduction : Au livre 3 de la Genèse, Dieu condamne Adam à gagner son pain à la sueur de son front, mais au livre 8, il ordonne à Noé de faire fructifier la terre et présente ainsi le travail humain comme le moyen de la rédemption. C’est dire qu’aux origines de notre culture le travail est pensé à la fois comme une malédiction, et le moyen du rachat. Signe d’esclavage ou moyen d’en sortir, rend-il libre ? Le travail est-il en lui-même la marque, inscrite dans notre condition, de notre dépendance par rapport au monde tant naturel que social, ou n’est-il pas plutôt le moyen ambivalent par lequel les hommes peuvent tout aussi bien conquérir leur liberté, que subir une dure servitude de la part de leurs semblables ? Si le travail est une nécessité, ou s’il est une obligation, quelles conséquences en tirer par rapport à la liberté ? Est-ce lui-même qui est en cause, ou ce que les hommes en font ? Enfin y a-t-il un « bon usage » du travail, qui nous permettrait de concilier ce que la nécessité nous impose et notre désir de liberté ?

1 – [Le travail est-il une nécessité naturelle pour l’homme, ou une obligation sociale ? que s’ensuit-il pour la question de sa liberté ? ]

Introduction :

On opposera ici la nécessité (ce qui ne peut pas ne pas être) à l’obligation (ce qui me laisse le choix). La première nous force, et nous n’avons pas de possibilité de nous y soustraire. En relèvent le besoin, notre caractère d’être mortels, et soumis aux lois de la nature. En revanche, l’obligation nous laisse libres de lui obéir ou d’y contrevenir : les règles sociales, morales sont de cet ordre. En bref, comme le dirait Rousseau, si je suis forcé d’obéir, je n’y suis plus obligé. Le travail relève-il de la nécessité ou de l’obligation ? Que s’ensuit-il pour la question de la liberté ?

1.1 – On représente souvent la liberté comme l’absence de contrainte. Si cela est le cas, si le travail est de l’ordre du nécessaire, s’il est essentiellement destiné à satisfaire nos besoins vitaux élémentaires, alors s’ensuit-il que nous ne sommes pas libres ?

1.1.1 – Le travail sous sa forme la plus primitive vise à satisfaire des besoins fondamentaux de l’homme, comme manger, boire, se protéger contre le froid, assurer sa sécurité. Or, si l’animal satisfait ces besoins par l’intermédiaire de son instinct, l’homme qui en est dépourvu doit palier cette carence : L’homme ne doit donc pas être dirigé par l’instinct; ce n’est pas une connaissance innée qui doit assurer son instruction, il doit bien plutôt tirer tout de lui-même. La découverte d’aliments, l’invention des moyens de se couvrir et de pourvoir à sa sécurité et à sa défense (pour cela la nature ne lui a donné ni les cornes du taureau, ni les griffes du lion, ni les crocs du chien, mais seulement les mains), tous les divertissements qui peuvent rendre la vie agréable, même son intelligence et sa prudence et aussi bien la bonté de son vouloir, doivent être entièrement son oeuvre. Kant insiste ici sur la faiblesse de la dotation animale de l’homme qui le contraint à tirer de lui-même sa subsistance de la nature. Ainsi aucune société ne peut survivre si elle ne produit les biens nécessaires à la satisfaction des besoins fondamentaux. Il existe donc bien un travail nécessaire, dont on peut penser qu’il est irréductible, quelque soit le type de société considéré.

1.1.2 Cependant, on pourrait nous objecter que ceci n’est vrai que sur le plan collectif : car dans un cadre social, l’individu peut toujours éviter la charge du travail nécessaire, soit qu’il décide de parasiter cette société (si du moins le contexte social le permet), ou encore qu’il bénéficie d’un type de division du travail (s’il a des esclaves par exemple) lui permettant d’échapper pour lui-même à cette contrainte. Toutefois nous pouvons observer que dans ce cas il n’échappe que fictivement à la contrainte, car il reste sous la dépendance d’une contingence : si la situation sociale change, si l’esclave se révolte ou encore si personne ne veut plus produire dans la société, le travail redeviendra une nécessité individuelle de survie.

1.1.3 Admettons donc que le travail soit bien de l’ordre de la nécessité. On serait tenté alors de dire, si nous maintenons notre définition initiale de la liberté comme absence de contraintes, que nous ne sommes pas libres. Mais une telle définition convient-elle à l’homme ? La définir ainsi n’est-ce pas plutôt la postuler pour un dieu, c’est à dire un être omniscient, omnipotent, et immortel. Or nous n’avons aucune de ces qualités. Maintenir notre définition nous conduit à une aporie, à une impasse qui reviendrait à dire qu’aucun homme n’est libre, puisque à l’évidence, des nécessités naturelles, et bien d’autres que celles du travail, pèsent aussi sur nous : pesanteur, déterminismes physico-chimique ou biologiques etc. Ne doit-on pas plutôt conclure que cette nécessité de travailler fait partie de notre condition d’homme, du cadre général dans lequel peut s’exercer notre liberté ? Il nous suffirait alors de la reconnaître comme telle, si, comme le dit Hegel « La liberté c’est l’intellection de la nécessité », c’est à dire si la connaissance que nous avons des nécessités auxquelles nous sommes soumis nous permet de nous en libérer. Mais si le travail en tant que nécessité ne ruine pas le projet d’être libre, qu’en est-il du travail en tant qu’obligation sociale ?

1.2 – Il se pourrait aussi que le travail soit une obligation, c’est à dire un devoir moral et social. Qu’est-ce qui peut dicter un tel devoir ? Qu’est-ce qui pourrait nous conduire à le respecter ? Sommes-nous libres ou pas de le faire ? L’intérêt collectif nous demande de contribuer à l’effort commun, à mesure de nos capacités. La raison peut aussi, à la manière Kantienne, nous dicter le devoir : serons-nous libres d’obéir ?

1.2.1 La raison pourrait nous dicter deux impératifs, qui nous conduiraient à considérer que le travail est pour nous un devoir. Le premier nous dit de ne suivre comme maxime de notre action qu’un principe qui soit universalisable ; le second nous dit de considérer autrui comme une fin, et non comme un moyen. Ainsi, la raison pourrait montrer que le travail est une valeur universelle, puisque aussi bien il s’agit de travailler pour le bien commun, et pour des bienfaits que tous partagent. Ne pas travailler, c’est supporter que l’autre travaille pour nous, ce qui serait contradictoire avec notre seconde exigence. C’est d’ailleurs pour cela que, selon Kant,

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