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La liberté n'est-elle qu'une illusion

Dissertation : La liberté n'est-elle qu'une illusion. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Octobre 2011  •  Dissertation  •  2 084 Mots (9 Pages)  •  5 492 Vues

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Sujet : « La liberté n’est-elle qu’une illusion ? »

Introduction

La conscience me donne le sentiment d’être libre. Mais puis-je en déduire qu’elle me démontre que je suis réellement libre ? Non répond le déterminisme : se sentir libre n’est pas être libre. La croyance en notre liberté repose sur une ignorance des causes réelles qui nous font agir. A ce propos, Spinoza affirme dans l’Ethique que « ceux donc qui croient qu’ils parlent ou se taisent ou font quelque action que ce soi, par un libre décret de l’âme, rêvent les yeux ouverts ». En effet, c’est concevoir l’homme un empire dans un empire », croire naïvement « que l’homme trouble l’ordre de la nature plutôt qu’il ne le suit, qu’il a sur ses propres actions un pouvoir absolu et ne tire que de lui-même sa détermination ».

Ne peut-on pas sauver la liberté contre ce déterminisme ? Comment penser la possibilité de la liberté humaine ? En un mot, La liberté n’est-elle pas une illusion ?

1. Un fait de conscience : le sentiment immédiat de liberté.

a. Le sentiment immédiat de la liberté.

Le sentiment d’être libre est un fait de conscience qui paraît irréfutable. Spontanément, je me sens libre de faire ce que je veux comme je l’entends. C’est ce qu’on appelle le libre arbitre. Il consiste en l’idée de la présence dans la conscience d’un pouvoir indéterminé et absolu de vouloir.

Mais n’y a-t-il pas une différence entre spontanément se sentir libre et effectivement être libre ? On comprend dès lors qu’on ne peut reposer l’enjeu de la liberté sur le simple sentiment, qu’on ne peut se contenter de se croire libre.

Est-il possible de faire véritablement l’expérience du libre arbitre ?

b. L’expérience du choix.

L’expérience du choix est le lieu privilégié où se forme et s’éprouve ce sentiment du libre arbitre. Même si j’ai dû me déterminer dans mon choix, il me semble toujours que j’aurais pu choisir autrement, contre toute raison, contre tout motif, si seulement je l’avais voulu. Pour cette raison, ce libre arbitre peut être appelé liberté d’indifférence.

Mais est-il possible de démontrer ce qui vient d’être affirmé ? Par quoi pourrait-on mieux se prouver le libre arbitre sinon par la démonstration d’un acte sans motif décelable, sans aucune détermination ni intérieure ni extérieure qui puisse en expliquer la production ?

c. L’acte gratuit (l’exemple de Lafcadio).

Tel est le raisonnement tenu par Lafcadio, un des personnages des Caves du Vatican d’André Gide, qui possédé par l’incertitude de sa liberté, décide de commettre un acte totalement gratuit.

Lafcadio se trouve être dans un train, la nuit, et un vieillard être face à lui, ne se doutant pas de l’expérimentation insensée dont il va faire l’objet : « Qui le verrait, pensait Lafcadio? Là, tout près de ma main, sous cette main, cette double fermeture que je peux faire jouer aisément ; cette porte, qui cédant tout à coup le laisserait crouler en avant ; une petite poussée suffirait … on n’entendrait même pas un cri … Un crime immotivé, quel embarras pour la police! Ce n’est pas tant des événements que j’ai curiosité, que de moi-même ». Et Lafcadio laisse la décision au hasard. « Si je puis compter jusqu’à douze, sans me presser, avant de voir dans la campagne quelque feu », l’homme est sauvé; Il je commence une; deux; trois; quatre; (lentement, lentement) cinq ; six ; sept ; huit ; neuf … dix, un feu ! » Et le crime s’accomplit.

Ainsi, il suffirait de le vouloir pour être libre ; la liberté serait l’essence même de la volonté et serait aussi simple que de vouloir vouloir.

d. Mais un acte gratuit est-il vraiment possible ?

On peut en douter ! En effet, tout d’abord il est à remarquer que Lafcadio remet sa décision à des signes ce qui signifie que sa décision ne lui appartient pas intégralement, elle est ici déterminée par une extériorité. Lafcadio semble ici pressentir tout le problème d’une volonté qui serait libre arbitre absolu, pure contingence indéterminée : comment ce qui serait purement indéterminé pourrait-il se déterminer? D’où le besoin de signes. Ensuite, l’absence de motifs qui est l’essentiel de l’expérience ne semble guère évidente. En effet, Lafcadio ne prend-il pas pour une absence de motifs ce qui n’est qu’une ignorance de ces motifs? Et le premier de ces motifs ne serait-il pas le désir même, si fort qu’il va jusqu’au meurtre, de se prouver sa liberté? L’expérience de l’absence de motifs est alors son motif même et, par là, s’annule elle-même.

Tout n’est-il pas nécessairement déterminé, produit par une cause? Ne semble t-il pas que ce ne soit qu’illusoirement que je fais l’expérience de l’indéterminé, simplement par ignorance de la détermination en jeu.

2. La critique déterministe.

Tout ce que l’individu entreprend doit avoir une cause. Si rien dans la nature n’est sans raison pourquoi l’homme ferait-il exception?

a. L’illusion anthropocentrique du libre arbitre.

La notion du libre arbitre n’est pas rationnelle, rationnellement elle ne se justifie pas. Elle désobéit au principe de raison qui est ce par quoi le réel nous devient intelligible et pensable. Comme le dit Spinoza, l’homme se croit ainsi un « empire dans l’empire », il s’octroie un privilège de liberté absolue par lequel il s’excepte des lois universelles de la nature sous lesquelles tombent tous les autres êtres et se justifie ainsi de les dominer.

b. La conscience réfléchie dénonce la liberté.

C’est toujours la conscience immédiate qui me donne le sentiment que je suis libre. Mais la conscience réfléchie, celle qui recherche une connaissance vraie des choses et de leurs mécanismes, ruine progressivement cette prem1ere impression.

La conscience

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