L'homme Est-il Fait Pour Vivre En Société

L’homme est-il fait pour vivre en société?

Dissertation de philosophie

A partir du moment où nous entrons en contact avec autrui, comme c’est forcément le cas dans le cadre d’une société, nous percevons une image déformée de nous-même. De la dispute de voisinage à la guerre civile, les conflits entre les hommes font partie intégrante de la société humaine. Ainsi, face aux difficultés qu’entraine le « vivre ensemble », nous sommes en droit de nous demander si l’homme est réellement fait pour la vie en société, si vivre au contact d’autres hommes est réellement dans sa nature.

Par société, on entendra la notion qui désigne un groupement d’individus, dépendants les uns des autres, et qui vivent dans un groupement organisé. En théorie, cette définition peut également s’appliquer aux sociétés animales, mais dans le cadre de cette réflexion, nous considérerons seulement les groupements d’hommes. La distinction faite entre l’homme et l’animal, à savoir sa capacité à raisonner, renvoie à ce qu’on peut appeler la « nature de l’homme ». L’homme est par définition un être raisonnant, doté d’une conscience, et ce qui le distingue de l’animal. La vie en société fait-elle partie de cette nature ? En effet, l’expression « être fait pour » implique une tendance naturelle, voire une certaine fatalité : l’homme ne pourrait pas vivre en dehors du cadre de la société. Mais peut-on réellement dire que se sentir membre d’une société est un fait naturel chez l’homme ?

Nous tenterons de répondre à ces questions en étudiant dans une première partie en quoi la société est indispensable à l’homme, bien qu’elle soit source de contraintes. Puis nous verrons dans un deuxième temps qu’elle est bien une tendance naturelle chez l’homme, car elle lui permet de progresser grâce au regard de l’autre.

I. La société : une construction humaine nécessaire mais source de contraintes

A.  Un état de nature intenable qui appelle au regroupement humain

On compte de nombreux philosophes refusant catégoriquement l’idée d’une sociabilité de l’homme. Parmi eux, Thomas Hobbes, philosophe du 17ème siècle. Pour justifier sa théorie, il part de ce qu’on appelle « l’état de nature ». L’état de nature est un état de guerre permanente, où chacun est contre chacun. L’homme est dominé par ses passions, qui le poussent à des actes en contradiction avec les grands principes de la société. Pour Hobbes, la rivalité, la méfiance et la fierté sont les caractéristiques naturelles de l’homme. Ce sont elles qui empêchent sa cohabitation avec ses semblables. Selon lui, l’homme est inapte à la vie en société, notamment à cause de son égoïsme et de sa générosité limitée. A cause de ces deux « défauts », l’homme va chercher en priorité à réaliser ses propres intérêts, sans chercher s’ils sont compatibles avec ceux des autres, ce qui est évidemment contraire aux principes de la vie en société. C’est cette liberté illimitée qui conduit à la guerre universelle entre les hommes, ce que résume Hobbes avec sa célèbre maxime « l’homme est un loup pour l’homme ». La lutte de chacun pour sa survie met incessamment en danger la vie de tous. Selon Jean-Jacques Rousseau, philosophe français du 18ème siècle, l’état de nature est une condition primitive de l’homme, dans laquelle il ne connait aucune forme de vie avec ses semblables. La société ne doit sa formation qu’à l’existence d’événements fortuits, les catastrophes naturelles par exemple.L’homme aurait pu rester solitaire si les conditions de vie avaient été faciles. Or, c’est dans le cadre d’une nature très hostile à l’homme que ce dernier cherche à se regrouper avec ses semblables pour former les premières sociétés.

B.  La société, la moins mauvaise des solutions ?

Les théories d’Hobbes pourraient donc nous amener à penser qu’il n’est pas dans la nature de l’homme de cohabiter avec ses semblables. Pourtant, force est de constater que c’est quand même le cas. Hobbes explique ce fait par un calcul de raison : les hommes jugent leur situation telle qu’elle est dans l’état de nature intolérable. Ils savent que, dans leur intérêt, il vaut mieux se défaire d’une partie de leur puissance pour la transférer à un souverain, ce dernier étant alors charger d’assurer leur sécurité. Le pacte passé entre le souverain et ses sujets s’appelle le contrat social, il est à la base de la société. Vivre en société, c’est la solution qu’a trouvé l’homme pour assurer sa survie. Ce n’est donc pas une tendance naturelle à vivre ensemble, mais bien un besoin de sécurité et de confort qui a entrainé la formation des sociétés humaines. Or, la sociabilité sous-entend

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