L'art Est-il Une Technique ?
Dissertations Gratuits : L'art Est-il Une Technique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chatonbell • 22 Avril 2013 • 1 900 Mots (8 Pages) • 4 675 Vues
Pour quiconque est un peu amateur d'art, une toile de Boticelli comme le Printemps, un recueil comme Les fleurs du Mal, ou un film comme Barry Lyndon ne peut laisser insensible quand on en vient à considérer la Beauté, le génie et la technique dont fait preuve l'artiste. Mais qui n'a pas déjà pensé, devant un tableau d'art dit « contemporain », dont la simplicité est presque choquante -on pense à certaines toiles de Picasso ou de Malevitch, ou encore les noirs de Soulages- : « j'aurais pu le faire » ou « un enfant de cinq ans en est capable » ? Néanmoins, malgré la simplicité apparente des œuvres que nous admirons parfois, il serait de mauvaise foi d'affirmer que tout le monde, avec un peu de savoir-faire, peut créer des chefs-d'œuvres. Qui oserait se comparer à Raphaël, à Rodin ou à Orson Welles ?Ainsi, peut-on réduire l'art à une simple technique ?
Les arts sont un ensemble de procédés permettant d'obtenir certains résultats et d'atteindre certains buts. Ils désignent aussi toute production qui n'est pas issue directement de la nature mais qui dépend de l'habileté humaine. L'objectif est de bien définir et délimiter clairement les deux concepts qu'englobent les « arts », c'est-à-dire la technique et les beaux-arts.
Nous verrons premièrement en quoi l'art est une technique, puis en second lieu l'art comme création originale et enfin nous nous pencherons sur comment l'art sublime la technique.
On ne peut objectivement refuser d'accorder à l'art une part de technique. De plus, la différence entre art et technique, et donc, entre artiste et artisan, n'apparait que très tard, à la Renaissance. Nous verrons donc en premier lieu en quoi la définition de la technique est proche de celle de l'art, ensuite nous verrons que l'art est quelque chose qui s'apprend et qui obéit à des règles.
La technique est un ensemble de procédés bien définis et transmissibles, destinés à produire certains résultats jugés utiles. En art, elle désigne l'ensemble de procédés exigés par l'emploi de certains instruments, ou de certains matériaux : on parle de la technique du violon ou de la technique de la fresque. C'est l'ensemble des procédés individuels d'un artiste, d'un écrivain. « Il se peut bien que parfois le peintre soit entrainé par sa technique jusqu'à la création, au lieu d'être conduit par son idée à sa technique. La parole a une part dans la création de la pensée. » Paulhan. L'artisan va même être privilégié dans la philosophie de Platon : celui-ci fait part d'une connaissance de l'Idée d'un objet et va réaliser une copie de cette Idée. Il propose un accès au réel, à la vérité. L'artiste, peintre ou poète, quant à lui, n'offre qu'une copie de la copie de l'artisan, il ne se contente que de l'apparence qu'il représente. Au Moyen-Âge, la distinction entre les artistes et les artisans reste aussi très floue, étant tous au service de l'Église. Ainsi, la définition de la technique est très proche de celle de l'art.
De plus, on peut convenir que l'art n'est pas quelque chose d'inné, un don divin, mais bien quelque chose qui s'apprend. A-t-on déjà vu des artistes qui n'avaient pas intégré les ateliers de quelques grands maîtres à la Renaissance, des écrivains dont le métier n'était pas déjà en partie littéraire ? Il est impossible de prétendre pouvoir peindre un portrait à la manière de Raphaël sans connaître les proportions, la technique du clair-obscur, celle du sfumato, du modelé … Tout comme il est impossible de créer une composition musicale sans connaître les notes, et sans avoir derrière soi un minimum de pratique musicale. C'est pourquoi aujourd'hui il existe tant d'écoles d'art, de musique : parce que l'art, ou du moins sa partie pratique, s'acquiert avec du travail.
Enfin, on ne peut pas composer tout et n'importe quoi. L'art comporte des règles. Les exemples les plus poignants en sont les Poétiques que publièrent Aristote ou encore Boileau. Dans sa Poétique, Aristote définit les règles de la tragédie comme étant la création la plus supérieure car elle est la plus à même de faire naître des sentiments chez un public averti. Il en donne ainsi les mécanismes pour atteindre ce but. Boileau, dans son Art poétique, publié en 1674, traite des règles fondamentales de l'écriture en vers classiques, et de la manière pour s'approcher au plus près de la perfection. Mais au XX e siècle aussi des artistes publient des ouvrages contenant leur conception de l'art, et les règles les constituant, comme, par exemple, Kandinsky, qui, dans Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier, nous explique la raison pour laquelle son art a pris cette forme, et nous en dicte les préceptes.
En conséquence, nous pouvons voir que l'art s'édifie sur un ensemble de règles et de procédés qui en font une technique. Mais cette manière d'aborder l'art n'est-elle pas quelque peu réductrice ?
L'art est un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat. Sans épithète, l'art ou les beaux-arts désignent toute production de la beauté par les œuvres d'un être conscient. Ces œuvres se doivent d'être authentiques et se distinguent des simples produits que fournit l'artisanat. Ainsi, nous verrons que l'œuvre d'art n'a pas pour vocation d'être reproduite, mais aussi qu'elle est particulière à une certaine sensibilité, et enfin qu'elle ne sert pas de but car elle est le sien.
L'art se distingue de l'artisanat par son aspect original, et donc unique. On imagine mal un artiste reproduire une œuvre à l'infini dans le but de la commercialiser (c'est la dérive actuelle que dénonce Banksy dans son film Faites le mur !) car cela est bien de l'artisanat. La raison est que l'idée de cette œuvre n'existe pas avant sa réalisation : certes, lorsque le peintre décide de peindre telle ou telle chose, elles ne sont pas forcément totalement sorties
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