L'art
Commentaire d'oeuvre : L'art. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rosemarie6 • 21 Mars 2015 • Commentaire d'oeuvre • 1 970 Mots (8 Pages) • 616 Vues
Notre rapport à l’art est complexe, nous prenons en compte l’appartenance des d’oeuvres à des formes d’art particulières, chacune avec ses codes et son histoire, nous voulons y trouver une expression, une émotion, un message…mais nous nous permettons de dire que telle œuvre est belle et que telle autre ne l’est pas, notre jugement va même parfois jusqu’à penser que les œuvres d’art ne sont là que pour remplir les musées et les salons. Mais au-delà des ces considérations superficielles, l’art pourrait avoir un sens, celui de nous faire voir la réalité autrement. Certes, l’art n’a peut-être pas d’utilité immédiate, cependant il peut nous ouvrir au monde, nous conduire vers la contemplation du beau.
N’est-ce pas l’inutilité de l’art qui fait sa richesse ? Nous verrons tout d’abord que l’art peut être considéré comme quelque chose d’inutile. Puis nous tenterons de saisir l’œuvre d’art dans ce qu’elle peut avoir d’utile pour l’artiste et pour le monde. Pour enfin nous intéresser au sens de l’art.
Du point de vue du sens commun, l’utile est ce qui vise l’efficacité, la fiabilité. Or, l’art, vu par ce même sens commun, ne cherche pas la productivité efficace ou fiable. Le sens commun a tendance à saisir les objets par leur usage, l’art n’a pas d’usage particulier, il ne conserve pas la vie. Alors, le sens commun cherchera la technique de l’artiste, il décomposera pour trouver sa finalité, son but. Mais l’œuvre d’art s’impose à nous comme une réalité indécomposable. C’est l’artiste qui est cause de ce qu’il fait : en effet, dans la technique, les règles sont données à l’avance pour être répétées et faciliter la multiplication des produits fabriqués, alors que dans l’art, la règle se fait oublier dans l’ouvre, « l’artiste est spectateur aussi de son œuvre en train de naître ». C’est ce que nous explique Alain. L’œuvre d’art garde quelque chose de naturel car on ne voit plus la technique. Devant un objet technique, nous pouvons expliquer car nous le saisissons grâce à des connaissances, des concepts que nous lui appliquons. Nous allons du sujet connaissant vers l’objet étudié, Kant parlera de « jugements déterminants ». En effet, la plupart du temps, le sens commun est soucieux de la vérité d’un objet : on juge la perfection technique d’un objet donc la valeur marchande, son usage, en appréciant l’adéquation de celui-ci à son concept. Mais le principe d’adéquation ne peut pas s’appliquer dans l’art parce que l’œuvre va vers le spectateur et plusieurs interprétations sont possibles. Kant parlera alors de « jugements réfléchissants », car l’œuvre d’art suscite en nous des sentiments, des émotions et il n’est pas question de concept : seul l’état du sujet est important, la nature de l’objet représenté n’est que secondaire, voire inexistante. Donc, d’après le sens commun, l’art est a priori inutile : il n’a pas d’usage particulier, comme la règle tend à disparaître dans l’art, les œuvres sont ainsi inimitables ; elles ne peuvent donc être reproduites à des milliers d’exemplaires et pour finir, le jugement que l’on peut porte sur les œuvres est totalement subjectif.
C’est justement sur ce jugement, basé sur tout ce qui est sensible en nous, que Platon critique l’art dans son rapport à la réalité. En ce sens l’art est inutile car il produit une illusion, un mensonge, un simulacre. L’artiste est enfermé dans le monde sensible, une réalité fondée sur les sens, il ne peut alors que reproduire le « pâle reflet de la nature », l’artiste n’invente rien, il peint ce qui existe déjà, surtout en s’inspirant de la réalité, il la trahit. Les œuvres d’art nous paraissent très réelles car elles nous renseignent sur la réalité mais elles ne sont pas plus vraies que la réalité que l’artiste copie. L’artiste est infidèle, dans le sens où il ne connaît même pas la réalité qu’il représente. Platon utilise l’exemple d’un peintre qui peindrait un lit. Il nous fait croire que sa réalité est plus vraie que nature, alors qu’il ne connaît pas l’objet : il ne sait pas fabriquer un lit. Il nous donne une réalité dégradée car il n’occupe que le dernier rang dans le rapport à la vérité et à la réalité de l’objet. Avant lui, il y a celui qui a l’idée du lit, puis l’artisan qui, suivant les règles du concepteur, produit le lit alors que l’artiste reproduit de simples copies. Pascal dira même : « quelle vanité que la peinture qui force l’admiration pour la ressemblance des objets dont on n’admire point les originaux. » Pour Platon, l’artiste nous détourne du vrai car il nous éloigne de l’intelligible. La réalité n’est pas matérielle, sensible, mais dans l’Idée qui informe la réalité matérielle qui est la nôtre. L’Idée nous libère du sensible pour nous élever vers l’intelligible. Mais l’artiste se contente de reproduire la réalité sensible : l’art figuratif, les représentations de la nature…Platon pourrait trouver un sens à l’œuvre de Klein, avec son bleu IKB3 par lequel il a « matérialisé l’immatériel ». Il a représenté une idée en utilisant le monochrome comme un dépassement absolu de l’esthétique du matériel. Mais, encore une fois, pour le sens commun, l’art n’est pas utile : ce n’est qu’un bleu parmi beaucoup d’autres. Donc, non seulement l’art n’a aucun usage précis, mais il ne produit qu’une illusion, éloignée de toute réalité concrète.
Mais aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, l’utile a un autre sens : l’utile se définit comme ce qui produit de la richesse, or comme les œuvres d’art s’inscrivent dans le temps, elles ont une valeur inestimable : certains collectionneurs peuvent dépenser une fortune pour les acquérir. Les œuvres d’art sont donc utiles au sens le plus mercantile du terme car elles gardent une actualité, au contraire des objets techniques, qui disparaissent, sont remplacés par d’autres, plus performants. De plus aujourd’hui la culture est devenue un marché : on vient du bout du monde pour admirer La Joconde ou pour voir les pyramides
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