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Jean Paul Sartre - L'Être Et Le Néant, Explication De Texte

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Par   •  12 Décembre 2013  •  2 843 Mots (12 Pages)  •  8 889 Vues

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Introduction

Liberté. De nos jours, ce mot est utilisé quotidiennement, nous sommes libres de faire ceci, pas libre de faire cela etc. Mais au fond, nous ne nous posons que rarement la question de savoir ce qu’est la liberté et ce qu’elle implique. On retrouve dans la philosophie de Sartre – comme on le retrouve d’ailleurs dans beaucoup d’autres – ce thème de la liberté. Sa philosophie est « existentialiste », c’est-à-dire qu’elle repose sur la subjectivité, sur la personne consciente qu’est chaque individu humain. C’est au sein de cette subjectivité que nous retrouverons les valeurs fondatrices de la liberté sartrienne.

Nous nous proposons ici de parcourir cette thématique de la liberté et des questions qui l’accompagnent. La première partie présente une brève biographie de Sartre ; elle nous apparaît utile car elle nous permet de positionner sa philosophie dans un contexte temporel et sociétaire plus large que celui évoqué dans ses textes. La deuxième partie est une analyse du concept de la liberté telle qu’il nous est présenté dans un extrait de L’être et le néant. Enfin, la troisième partie, abordera le thème de la liberté chez Sartre d’une manière plus transversale au travers d’autres écrits de Sartre (et particulièrement L’existentialisme est un humanisme). Ces trois parties seront suivies d’une brève conclusion ainsi que d’une bibliographie non exhaustive à laquelle nous renvoyons le lecteur pour approfondir sa recherche.

I. Jean-Paul Sartre (1905 – 1980)

Eléments biographiques1). Jean-Paul Sartre naît le 21 juin 1905 à Paris. Orphelin de père à un an, il est élevé par sa mère, catholique, et son grand-père maternel, protestant et germaniste. Après ses études au Lycée de la Rochelle, il est admis à l’École Normale supérieure en 1924 et passe l’agrégation de philosophie en 1929.

Il enseigne au Lycée du Havre dans les années 1930 avant d’être détaché en 1933-1934 à l’Institut français de Berlin, où il étudie Heidegger et Husserl. A son retour, il s’attelle à une série d’œuvres philosophiques destinées à faire connaître la phénoménologie et l’existentialisme allemand, mais déjà s’affirme fortement sa propre pensée.

Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier, puis revient à Paris. Après la guerre, il s’engage alors politiquement, contre le colonialisme notamment, et devient proche des communistes, qu’il soutient sans jamais adhérer au Parti, jusqu’à la répression de l’insurrection Hongroise en 1956.

C’est dans L’être et le néant, publié en 1943, que Sartre fonde à proprement parler l’existentialisme français athée. Dans cette œuvre majeure de sa philosophie, le monde y est décrit comme le résultat du travail néantisant du Pour-soi sur l’En-soi. Le Pour-soi désigne le mode d’être de la conscience, propre à l’existant humain. La conscience se projette hors de soi, dans les choses et dans l’avenir. Elle n’est pas mais existe, c’est-à-dire qu’elle est pure puissance d’échappement, toujours à distance d’elle-même. Cette conscience fait apparaître le monde en se projetant sur l’En-soi, lui prêtant son absence d’être, tout en étant elle-même hantée par cette plénitude d’être aveugle qui l’attire et la rejette en même temps. L’homme se définit ainsi par le vain projet de fonder son être, pour échapper à la contingence de son existence.

Sartre décède à Paris en 1980, à l’âge de 75 ans ; laissant derrière lui l’œuvre d’un des derniers grands intellectuels français engagés. Ses funérailles rassemblèrent la communauté intellectuelle et le peuple de gauche français.

II. La liberté dans L’être et le néant

Dans la quatrième partie de L’être et le néant 2), Sartre aborde la question de la liberté dans un chapitre – d’où est issu notre extrait – s’intitulant « Être et faire : la liberté ».

Venant de caractériser la volonté en terme « d’événement psychique » supporté par une liberté originelle et ontologique, Sartre s’inquiète que la liberté nous paraisse d’emblée comme une « totalité inanalysable ». En effet, comment devrions nous la concevoir ? Car si nous prenons rapidement conscience que les motifs, les mobiles, les fins de nos actions sont intrinsèquement liées au concept de liberté, nous ne pourrions nous satisfaire d’une réponse légère dans ce domaine. Le fait d’être libre signifie-t-il que nous puissions vouloir n’importe quoi à n’importe quel moment ? Pour Sartre il va de soi que non, il y a bien sûr une réponse plus complexe à fournir, cependant, les conséquences dangereuses qui pourraient découler d’une interprétation légère de ce qu’est la liberté est ce qui, pour le penseur, a fait affirmer à de « bons esprits » que le déterminisme était « plus humain – si on se gardait de le confondre avec le fatalisme – » 3) que le libre arbitre. Cela se justifierait dans le fait que le déterminisme donne au moins une raison à chacun de nos actes alors qu’un libre arbitre inexpliqué ne ferait que rendre plus flou encore notre perception de la liberté d’acte. Par là même, ces « bons esprits » se sont détournés de la croyance en la liberté. Sartre ne rejette pas ce déterminisme, au contraire il affirme que « s’il se limite rigoureusement au psychique, [et] s’il renonce à rechercher un conditionnement dans l’ensemble de l’univers, il montre que la raison de nos actes est en nous-même : nous agissons comme nous sommes et nos actes contribuent à nous faire. » 4) Cette citation est riche de sens dans ce qu’elle implique, elle exprime clairement que nous contribuons nous-même à nous faire, en d’autres termes, elle signifie que nous sommes pleinement libres.

« La liberté humaine [ne fait] qu’un avec l’être du Pour-soi : la réalité humaine est libre dans l’exacte mesure où elle a à être son propre néant. » 5) Nous pouvons, sans prendre le risque de détourner la pensée de l’auteur, identifier le Pour-soi à la conscience. La liberté humaine se caractérise donc par la conscience, mais Sartre continue sa phrase et nous dit que la réalité humaine a à être son propre néant pour être libre. Le terme « néant » est également fort proche de celui de « conscience » dans la mesure où ce néant, comme l’auteur le décrit ici-même, doit prendre différentes dimensions, on pourrait presque dire qu’il a certaines conditions à remplir pour que la liberté apparaisse. D’abord ce néant – comme la conscience – a un devoir temporaliseur, c’est-à-dire que la réalité

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