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Faut-il En Finir Avec Le Désir?

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Par   •  4 Janvier 2013  •  571 Mots (3 Pages)  •  1 623 Vues

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2. Le désir n’est pas souffrance mais joie (Spinoza)

Spinoza s’oppose frontalement à l’idée de Schopenhauer selon qui le désir est souffrance. Les affects de joie (plaisir, amour, bonheur) sont le résultat d’une augmentation de notre puissance, tandis que les passions tristes (tristesse, haine, douleur, crainte) sont le résultat d’une diminution de notre puissance. Aussi le désir, qui est le moyen par excellence de nous développer, est-il vécu comme une joie et un plaisir. L’éthique spinoziste, qui est une éthique de la vie, repose toute entière sur cette distinction et sur l’idée qu’il faut rechercher les passions joyeuses et fuir les passions tristes.

Il faut toujours voir le bon côté des choses pour être déterminé par la joie : « en ordonnant nos pensées et nos images nous devons toujours prêter attention […] à ce qu’il y a de bon en chaque chose afin qu’ainsi nous soyons toujours déterminés à agir par un affect de joie. » (Ethique, V, 10, scolie). Spinoza s’oppose ainsi à tous les philosophes classiques pour qui philosopher, c’est apprendre à mourir (Platon, Montaigne), et qui recommandaient de méditer la mort (Stoïciens) : « L’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. » (Ethique, IV, 67)

3. Le désir est créateur

Enfin, Spinoza contredit Aristote mot à mot : « nous ne nous efforçons pas vers quelque objet, nous ne le voulons, ne le poursuivons, ni ne le désirons pas parce que nous jugeons qu’il est un bien, mais au contraire nous ne jugeons qu’un objet est un bien que parce que nous nous efforçons vers lui, parce que nous le voulons, le poursuivons et le désirons. » C’est le renversement subjectiviste de la modernité : désormais le sujet est au centre, il est créateur de valeur. Les valeurs ne précèdent plus l’homme, c’est lui qui les pose. La sécularisation a commencé.

On peut aller encore plus loin, et dire que le désir n’est pas seulement créateur de valeurs, mais qu’il est à l’origine de la pensée elle-même. C’est d’abord évident du point de vue phylogénétique, du point de vue de la constitution de notre être au cours de l’évolution. Ce sont nos désirs et nos intérêts qui ont produit nos sens et notre cerveau. L’esprit est d’abord un outil de chasse. Le corps est déterminé par nos désirs vitaux, et notre âme, notre raison, n’est qu’un instrument créé par le corps et à son service. « Cette petite raison que tu appelles ton esprit, ô mon frère, n’est qu’un instrument de ton corps, et un bien petit instrument, un jouet de ta grande raison. » Enfin, ajoutons cette remarque de Pascal : « La volonté est un des principaux organes de la créance ; non qu’elle forme la créance, mais parce que les choses sont vraies, ou fausses, selon la face par où on les regarde. La volonté qui se plaît à l’une plus qu’à l’autre, détourne l’esprit de considérer les qualités de celles qu’elle n’aime pas à voir ; et ainsi l’esprit, marchant d’une pièce avec la volonté, s’arrête à regarder la face qu’elle aime ; et ainsi il en juge par ce qu’il y voit. »

4. Le désir produit son objet : la cristallisation (Stendhal)

Dernière idée, élégante

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