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Extrait du texte Apologie De Platon

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Par   •  15 Janvier 2015  •  Analyse sectorielle  •  3 426 Mots (14 Pages)  •  851 Vues

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Extrait

"Admettons que, malgré cela, vous me teniez ce langage : « Socrate, nous ne voulons pas en croire Anytos, nous voulons t’acquitter, à une condition toutefois : c’est que tu ne passeras plus tout ton temps à examiner ainsi les gens, ni à philosopher. Si on t’y reprend, tu mourras

Cette condition là, juges, si pour m'acquitter, vous vouliez me l'imposer, je vous dirais: « Athéniens, je vous sais gré et je vous aime; mais j'obéirai au dieu plutôt qu'à vous; et tant que j'aurai un souffle de vie, tant que j'en serai capable, soyez sûrs que je ne cesserai de philosopher, de vous exhorter, de faire la leçon à qui de vous que je rencontrerai.

Et je lui dirai comme j'ai coutume de le faire: «Quoi! cher ami, tu es Athénien, citoyen d'une ville qui est plus grande, plus renommée qu'aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins à ta fortune, pour l'accroître le plus possible, ainsi qu'à ta réputation et à tes honneurs ; mais quant à ta raison, quant à la vérité, quant à ton âme qu'il s'agirait d'améliorer sans cesse, tu ne t'en soucies pas, tu n'y songes pas!

Et si quelqu'un de vous conteste, s'il affirme qu'il en a soin, ne croyez pas que je vais le lâcher et m'en aller immédiatement: non, je l'interrogerai, je l'examinerai, je discuterai à fond. Alors, s'il me paraît certain qu'il ne possède pas la vertu, quoi qu'il en dise, je lui reprocherai d'attacher si peu de prix à ce qui en a le plus, tant de valeur à ce qui en a le moins. jeunes ou vieux, quel que soit celui que j'aurai rencontré, étranger ou concitoyen, c'est ainsi que j’agirai avec lui, et surtout avec vous, mes concitoyens, puisque vous me tenez de plus près par le sang. Car c'est là ce que m'ordonne le dieu, entendez-le bien; et, de mon côté, je pense que jamais rien de plus avantageux n'est échu à la cité que mon zèle à exécuter cet ordre.

Ma seule affaire, c'est en effet d'aller par les rues pour vous persuader, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps, ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible; oui, ma tâche est de vous dire que la fortune ne fait pas la vertu; mais que de la vertu provient la fortune et tout ce qui est avantageux, soit auxparticuliers, soit à l'État. Si c'est par ce langage que je corromps les jeunes gens, il faut donc que cela soit nuisible. Quant à prétendre que ce n'est pas là ce que je dis, quiconque l'affirme ne dit rien qui vaille. »« Là-dessus, dirais-je, croyez Anytos ou ne le croyez pas, Athéniens, acquittez-moi ou ne m'acquittez pas - mais tenez pour certain que je ne changerai jamais de conduite, quand je devrais mille fois m'exposer à la mort."

Introduction

On a parfois présenté Socrate, condamné à mort par le tribunal d'Athène, soit comme soit la victime impuissante et malheureuse d'une injustice, soit comme un martyr; mais c'est oublier son attitude face à ses juges: il leur demande de l'acquitter s'ils considérent qu'il est coupable de corrompre la jeunesse en philosophant ou de le condamner s'ils l'estiment coupable; mais en refusant de renoncer à sa mission, dans les deux cas il met celle-ci au dessus de tout et dans un cas comme dans l'autre il prouve la supériorité de la vie philosophique: sa mort acceptée, voire approuvée, n'est en rien un malheur, ni l'aveu d'un échec, car elle démontre par l'exemple l'authenticité de son engagement , et la valeur transcendante de sa mission par rapport à l'intérêt personnel et à l'injustice politique légale; son acquittement éventuel, auquel il ne croit pas une seconde, signifierait empiriquement la puissance sur les autres de l'idée qui l'anime sans que sa mort ne mette en question sa valeur réelle. Encore moins est-il un martyr au sens chrétien: Il n'attend pas dans la souffrance impuissante le salut d'un Dieu sauveur, et s'il veut ne pas se compromettre avec sa conscience ce n'est pas en temps que pécheur mais en tant que philosophe qui croit en l'erreur mais non à la faute. Enfin, il n'est pas le Christ qui par sa passion souffrante veut sauver les hommes de la mort et du péché auquels il ne croit pas. C'est pourquoi il ne se défend pas comme une victime: l'injustice des autres à son égard n'est pas la sienne et il n'en souffre aucunement ; en retournant l'accusation de corruption et d'impiété contre ceux qui le condamnent et en refusant tout compromis pour sauver sa peau, il provoque ses juges et leur prétendue autorité pour opposer clairement l'injuste justice légale à la vraie justice philosophique que son attitude, sans concession, incarne. Qu'en est-il du sens profond de cette plaidoirie paradoxale, en forme de contre-attaque, par laquelle, au nom de la vraie justice, il fait front à la mort injuste sans la craindre et, partant, fait la preuve de l'injustice de ceux qui le condamnent? Pour le savoir il conviendra d'examiner attentivement les arguments par lesquels ils oppose l'idée du bien philosophique au biens empiriques mondains; opposition qui lui permet de justifier sa difficile car, pour les autres, souvent déplaisante, mais néamoins, pour tous (et donc pour eux aussi et surtout), nécessairement bonne mission.

Texte:

« Admettons que, malgré cela, vous me teniez ce langage : « Socrate, nous ne voulons pas en croire Anytos, nous voulons t’acquitter, à une condition toutefois : c’est que tu ne passeras plus tout ton temps à examiner ainsi les gens, ni à philosopher. Si on t’y reprend, tu mourras » »

Explication: Après l’intervention d’Anytos Socrate sait qu’il va probablement être condamné à mort car cette intervention signifie que la majorité des juges semblent pour cette condamnation ; mais il imagine par hypothèse que certains, qui pourrait faire la différence entre ses ennemis et d’autres, vrais amis, qui voudraient l’acquitter, pourraient lui proposer contre le réquisitoire d’Anytos, son accusateur et ennemi, de renoncer à philosopher publiquement afin d’échapper à la condamnation à mort que son intervention philosophique mérite aux yeux de ses accusateurs; ces juges centristes sont présentés donc comme des « faux amis », qui sans vouloir suivre la condamnation demandée par Anytos pour des faits antérieurs, considèrent que le comportement philosophique de Socrate est politiquement

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