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Condamnation du triomphe de la technologie (en particulier la technologie nucléaire)

Commentaire de texte : Condamnation du triomphe de la technologie (en particulier la technologie nucléaire). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2013  •  Commentaire de texte  •  619 Mots (3 Pages)  •  750 Vues

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La catastrophe qui s’abat sur le Japon nous rappelle opportunément que – quoi qu’en on dise – l’humanité n’est pas vraiment maîtresse et dominatrice de la nature. D’ailleurs, au demeurant, de quelle nature s’agit-il ? De la « bonne nature » récupérée au fil d’un néo-rousseauisme passablement naïf ? de l’épicurienne marâtre prête à sacrifier ses enfants ? Les peuples premiers (comme on dit aujourd’hui) connaissent tous les secrets des plantes et vivent de cette manière en harmonie avec une nature bien consentante. Mais les occidentaux prédateurs n’ont eu de cesse de martyriser la nature, d’en fouiller les profondeurs, d’en exploiter les ressources jusqu’à plus soif. Ils en paieraient naturellement (cela va sans dire) le prix. Les écologistes, quant à eux, qui oublient volontiers leurs origines idéologiques hexagonales [la France de Vichy – l’inventeur du néologisme, Haeckel, songeait à autre chose : l’étude des relations entre les organismes vivants (Generelle Morphologie der Organismus, 1866)] s’emparent du cataclysme pour faire valoir leurs droits (ce qui est de bonne guerre) ; les défenseurs du nucléaire proclament que les catastrophes naturelles ne sauraient remettre en question l’efficacité et l’extrême utilité de leur maison (rien de plus normal). On serait tentés de les renvoyer dos à dos. Ce serait oublier que, comme le disait le philosophe Francis Bacon, on ne triomphe de la nature qu’en lui obéissant : autrement dit, en étant en mesure de découvrir les lois (s’il y en a) qui la gouvernent, qui l’orientent et qui, à l’occasion, la désorientent aussi. Les « écarts de la nature », les « monstruosités », étaient à son programme pour autant qu’ils permettaient, mieux que le cours paisible et ordinaire de la réputée « nature », de révéler ses secrets et de mettre ainsi en évidence, à travers ses déviances mêmes (à nos yeux en tout cas) les processus cachés qui en animent le dynamisme.

C’est donc que la nature – ou ce que nous désignons comme tel faute de mieux – serait perverse et pas seulement bienveillante. Le pari écologique qui – quoi qu’on en pense par ailleurs – repose finalement sur le postulat d’une « bonne nature » ou, à tout le moins, d’une nature bien disposée (à tous les sens du terme), en prend un bon coup, et ce n’est pas le premier.

A bien y réfléchir, et quoi qu’en pensent ou disent les vichystes attardés et, à l’occasion, volontiers affalés sur le sofa heideggérien de la condamnation sans appel du triomphe de la technique (notamment nucléaire) comme éminent symptôme de l’achèvement (aux deux sens du terme) de la métaphysique, on a tendance à oublier (pas l’Etre pour une fois !) que – quelles que soient les critiques acerbes que l’on puisse (et doive) émettre à l’encontre de l’industrie nucléaire, de ses mensonges, de ses secrets, de ses dissimulations - cette dernière n’a fait qu’amplifier (et non pas créer ex nihilo) un phénomène par ailleurs « naturel » (la radioactivité, pour dire les choses simplement), afin de lui conférer la possibilité (peut-être illusoire, peut-être féconde) d’améliorer (malgré les risques évidents) le sort des populations humaines, dès lors qu’il s’agit de nucléaire civil (le Japon, faut-il le rappeler ? en a connu d’une autre sorte).

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