Commentaire de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière
Étude de cas : Commentaire de la pièce de théâtre Dom Juan de Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Mai 2014 • Étude de cas • 3 665 Mots (15 Pages) • 740 Vues
Le plan du commentaire :
I. Une scène d’exposition
1) Un éloge paradoxal
2) Une scène pour exposer la situation
3) Le portrait de Dom Juan
II. L’inscription de la pièce dans une idéologie
1) Libertinage et matérialisme
2) L’imitation inavouée du valet
3) La critique implicite de la religion
Le commentaire rédigé :
Introduction
Ce texte est la scène d’exposition de Dom Juan de Molière. Molière, auteur de nombreuses pièces de théâtre au XVII° siècle, est classé parmi les représentants du classicisme. Le classicisme se caractérise par l’importance donnée à la clarté, la raison, la mesure, les codes et la morale, ainsi que l’imitation des Anciens et la fréquente référence à l’Antiquité. Molière choisit de représenter la morale sur scène mais préfère à la tragédie, la comédie, qui permet une critique des mœurs et travers de son temps. Dom Juan, qui est joué pour la première fois en 1665, connaît un succès considérable jusqu’à ce qu’il soit secrètement interdit par le roi sous la pression des dévots qui venaient de faire interdire Tartuffe. En effet, cette pièce, qui reprend un sujet à la mode déjà illustré par l’espagnol Tirso de Molina, est une tragi-comédie qui raconte la vie dissolue d’un libertin. Si Molière est considéré comme un classique, Dom Juan est néanmoins une pièce d’un genre hybride, une tragi-comédie, qui fait plus d’une entorse aux règles classiques, ainsi elle refuse la règle des trois unités, est écrite en prose, se finit mal ce qui est contraire au code de la comédie et mélange les registres. De plus, le héros est plutôt un représentant du mouvement baroque, de par son inconstance et ses tromperies, son jeu avec les apparences et sa capacité d’illusionner ceux qui l’entourent.
Nous allons voir que la première scène de l’acte I est bien une scène d’exposition mais qu’elle propose également une vision de la philosophie qui sous-tend la pièce.
I. Une scène d’exposition
Si à plus d’un titre cette scène peut nous surprendre du fait de cette ouverture originale par une tirade faisant un éloge paradoxal, celui du tabac, il n’en est pas moins que cette première scène peut se lire comme un scène d’exposition. En effet, cette scène commence par éveiller la curiosité du lecteur par un éloge paradoxal qui annonce une tonalité comique, elle reprend la traditionnelle discussion entre personnages qui se doivent de présenter la situation et Sganarelle fait le portrait de son maître, en cela il présente le héros.
1) Un éloge paradoxal
La scène s’ouvre donc sur une tirade de Sganarelle, valet du héros, qui va faire l’éloge du tabac. Il reprend ainsi un jeu inventé par les humanistes qui s’amusaient à faire un éloge ironique d’objets qui n’en étaient pas dignes.
Cet éloge place la scène dans un registre comique, et est lui-même comique à plus d’un titre. Il débute avec une référence à la philosophie antique totalement absurde et farfelue, car ce n’est pas un sujet digne de l’intérêt d’un philosophe, d’autant que le tabac n’y était pas consommé. Il s’agit donc pour Sganarelle de se donner un air savant et érudit alors même qu’il invente ses références et trahit par là son manque de culture. Il continue à donner une patine savante à son discours en prenant un ton sentencieux, avec, par exemple, l’emploi de « qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre » et en proposant un discours très construit ayant la forme d’un raisonnement, même si celui-ci est totalement absurde. Il expose donc sa thèse, ses arguments avant d’illustrer par un exemple. Or, la thèse est ridicule (« il n’est rien d’égal au tabac », le tabac est donc un bien), les arguments (« Non seulement il réjouit et purge les cerveaux humains, mais encore il instruit les âmes à le vertu, et l’on apprend avec lui à devenir honnête homme » repris par « tant il est vrai que le tabac inspire des sentiments d’honneur et de vertu à tous ceux qui en prennent ») sous couvert d’un rapport de conséquence lient ensemble des éléments parfaitement étrangers les uns aux autres. De même, l’exemple utilisé sous forme de question oratoire illustre une pratique mais pas les arguments faisant du tabac un maître de vertu et d’honneur. Il insiste dans son exposé philosophique sur la dimension morale du tabac, qui est soulignée par le champ lexical de la morale (« vertu », « honnête », « honneur », « vertu »), ce qui est risible car la morale et le tabac n’ont rien en commun.
Cet éloge paradoxal est un début de scène d’exposition surprenant néanmoins il introduit le registre comique et aiguise la curiosité du lecteur ou du spectateur.
2) Une scène pour exposer la situation
Le choix de mettre en scène deux personnages pour exposer la situation au début de la pièce n’est, par contre, en rien original. En effet, le dramaturge choisit souvent de débuter sa pièce par une discussion entre un maître et son valet. Ici, Molière préfère susciter la curiosité du spectateur quant au personnage de Dom Juan qui une fois sur scène ne la quittera quasiment plus étant présent dans 23 scènes sur 25. En choisissant, de faire dialoguer deux valets, il permet donc à Sganarelle de faire le portrait de son maître, portait sur lequel nous allons ensuite revenir en détail.
Mais avant de présenter son maître, il s’agit d’exposer la situation, nous apprenons donc par Gusman, le valet de Done Elvire, que celle-ci est partie à la recherche de Dom Juan, qui a disparu après l’avoir épousé : « Done Elvire, ta maîtresse, surprise de notre départ, s’est mise en campagne après nous, et son cœur, que mon maître a su toucher trop fortement, n’a pu vivre, dis-tu, sans le venir chercher ici ? ». En une tirade, Sganarelle a donc réussi à introduire les personnages principaux, son maître, Dom Juan, Done Elvire, la femme trahie, et son valet, ainsi que lui-même. Cette tirade précise la tonalité de la pièce à la fois comique, ironique et parodique, et nous indique déjà du ton libertaire et polémique que pourra revêtir cette tragi-comédie qui, comme
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