Autobiographie Et Mytho-graphie
Dissertations Gratuits : Autobiographie Et Mytho-graphie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nutella13 • 28 Janvier 2013 • 807 Mots (4 Pages) • 957 Vues
S'il est une forme littéraire qui, par excellence, rencontre le mythe, c'est certainement la biographie, et a fortiori l'autobiographie. En effet, tout comme le mythe, ces genres littéraires se consacrent aux actions de personnes considérées comme mémorables. Aussi la référence mythique est-elle utile pour fonder le caractère exemplaire de l'individu appelé à s'immortaliser dans le récit de sa vie. De plus, biographie et autobiographie sont des récits d'origine: ils font revivre une réalité première de la personne, le temps de ses commencements, pour paraphraser la formule de Mircea Eliade. Ils racontent comment quelqu'un a commencé à être, comment il s'est produit. Et ils attribuent souvent une valeur étiologique, c'est-à-dire explicative, à ces événements primordiaux, susceptibles de déterminer une destinée, une personnalité. Ces moments originaires, de même que les personnages auxquels ils s'attachent, si ce n'est le héros même du récit auto/biographique, font aussi l'objet d'un culte, d'un rituel du souvenir. Ainsi, Leiris forge un mythe en évoquant les premières années de sa vie, et recourt aux images d'Epinal de son enfance:
En définitive, la seule [image] qui reste vraiment chargée de sens pour moi est celle du "méli-mélo", parce qu'elle exprime à merveille ce chaos qu'est le premier stade de la vie, cet état irremplaçable où, comme aux temps mythiques, toutes choses sont encore mal différenciées, où, la rupture entre microcosme et macrocosme n'étant pas encore entièrement consommée, on baigne dans une sorte d'univers fluide de même qu'au sein de l'absolu.
L'Âge d'homme
Enfin, l'écriture d'une vie est appelée elle-même à fonder une nouvelle naissance, littéraire cette fois, qui s'arrachera à la réalité historique et se placera sous le signe de l'éternité. Qui résoudra les incohérences d'une existence, les trous de mémoire et les obscurités de la personnalité, en les comblant de sens. C'est particulièrement vrai de l'autobiographe, nécessairement confronté à la tentation du mythe pour inventer le moi. Comme l'écrit le psychanalyste Pontalis, l'autobiographe réalise son acte de naissance mythique: il "restitue un Je à celui qui l'a perdu", il "donne par l'écriture un langage à l'infans" qui a disparu (l'infans se rapportant à l'enfant qui n'a pas encore fait l'apprentissage du langage). L'autobiographie construit le monument mythique d'un sujet profane.
Tout récit d'une existence serait ainsi touché par une "vocation mythique", comme l'écrit Daniel Madelénat, qui rappelle que dans l'histoire de la littérature, les premières biographies se sont adossées au mythe: les Vies parallèles de Plutarque affabulent les récits de personnages historiques illustres, en les structurant sur un mode dualiste (Alexandre le Grand vs César). De même, les hagiographies médiévales reprennent des éléments mythoïdes, pour faire des vies de saints un nouvel héroïsme fondateur de la Chrétienté. Le mythe fournit donc un modèle narratif et symbolique, une forme archétypique, à la fois disponible et inévitable,
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