Artiste Et Artisan

L’artiste et l’artisan

Les 2 mots ont une origine commune : « ars », en latin qui correspond au grec « technè », à savoir la technique de production d’un objet.

Artisans et artistes ont été confondu jusqu’au 18e siècle pour désigner notamment les bâtisseurs des cathédrales. En cela, les deux sujets semblent être liés par l’acte de création.

Qu’est ce qui les différencie alors ?

1) le point de vue du sujet lui-même :

D’une part, si nous nous mettons du point de vue du sujet, lui-même l’artisan apprend les règles de son métier et les transmet. Il travaille contre une rémunération et sur commande, il ne choisit pas ses contraintes de travail (matériaux, techniques, couleurs…)

L’artiste, au contraire, possède ce que Kant appelle le génie : « c’est la disposition inné de l’esprit par laquelle la nature donne les règles à l’art ». Le génie est un esprit accompagnant l’artiste tout au long de sa vie pour le protéger, un don inexplicable reçu à la naissance. Il est distribué de manière incompréhensible à quelques rares individus, mais ne peut se transmettre volontairement. Ce don de la nature semble être héréditaire ; c’est pourquoi on trouve des familles de génies, comme la famille de J.S Bach qui compte une soixantaine de musiciens.

Contrairement à l’artisan qui a appris les règles de son métier, le génie donne à l’artiste les règles de fabrication de ses œuvres d’art. Ce ne sont pas des règles connues puisque l’artiste ne peut les expliquer lui-même, il est inspiré brutalement. Outre cela, l’artiste travail gratuitement et librement indépendamment des exigences d’un client.

2) Le point de vue de l’œuvre :

D’autre part, si nous nous plaçons du point de vue de l’œuvre en elle-même, l’artisan travaille uniquement dans un but utile, l’objet qu’il crée à une fin utile. En général, il produit des objets en série à partir d’un modèle et ces objets portent eux-mêmes les traces de son travail. Il conçoit toujours son produit avant de le créer.

L’artiste lui, crée des objets inutiles et uniques. En cela, il fait l’expérience de sa liberté puisque son acte de création est totalement désintéressé et arbitraire. Désintéressé parce que l’acte découle d’une volonté libre, d’une inspiration brutale. Arbitraire car l’artiste décide de l’agencement de son savoir pour la réalisation de son œuvre, il crée au fur et à mesure, décide des matériaux, de la forme qu’il veut lui donner.

Alain dans Système des Beaux-Arts fait cette distinction : « pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu’il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu’il emploiera à l’œuvre qu’il commence ; l’idée lui vient à mesure qu’il fait ; il serait même rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son œuvre en train de naitre. Et c’est là le propre de l’artiste. »

Si l’acte de création semble lié l’artiste et l’artisan, c’est bien la manière dont il crée son objet et le but recherché qui les

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