Analyse d'un extrait de Kant
Commentaire de texte : Analyse d'un extrait de Kant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 4 Janvier 2013 • Commentaire de texte • 3 459 Mots (14 Pages) • 1 700 Vues
Sujet
Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée :
" On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n'est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d'après des lois d'égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s'exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d'être accusée de propagande. "
Kant
Approche globale du texte
Quel est le thème du texte ? : ce texte porte sur la philosophie et, plus précisément sur le rapport entre la philosophie et le pouvoir politique.
Quel est l'objectif du texte? : ce texte cherche à réfuter une thèse philosophique, à savoir la théorie du philosophe-roi de Platon.
Quelle est la question à laquelle le texte tente de répondre ? : Quelle est la fonction politique du philosophe ?
Quelle réponse l'auteur donne-t-il à la question qu'il se pose ?(thèse du texte) : le philosophe n'a pas pour fonction de gouverner ("ce n'est pas désirable") mais il doit pouvoir s'exprimer pour éclairer le pouvoir en place.
N'existe-t-il pas une thèse opposée à celle de l'auteur ? : la thèse opposée est celle de Platon, la théorie des philosoples-rois, exposée dans La République
Quelle est la structure logique du texte ? : une relecture du texte nous conduit à repérer les mots logiques suivants :
" On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n'est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d'après des lois d'égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s'exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d'être accusée de propagande. "
Structure du texte :
1) Il est utopique d'attendre qu'un roi philosophe
2) il est utopique d'attendre qu'un philosophe devienne roi
3) il serait nuisible qu'un philosophe devienne roi
4) explication de l'idée 3 (caractère corrupteur du pouvoir)
5) définition du rôle politique du philosophe
6) Réponse à une objection-accusation contre les philosophes : thème de la propagande.
Analyse linéaire du texte (à faire au brouillon)- Sont soulignées les questions qui interrogent le texte :
" On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois "
On ne doit pas s'y "attendre". Cela signifie que si l'on s'y attend, ce sera vainement, qu'il s'agira d'un espoir utopique. Pourquoi ne peut-on s'y attendre ? Qu'est-ce qui pousse Kant à l'affirmer ? D'abord des exemples empiriques. On peut citer le cas, par exemple, de Denys 1er que Platon ne réussit pas à rendre philosophe. Mais donner des exemples ne suffit pas. Il faut aussi s'interroger sur les raisons de cet échec ? Est-ce qu'il ne s'agit que d'un essai malheureux ? En ce cas on peut encore s'attendre à ce que les rois philosophent. Y a-t-il au contraire des causes profondes comme, par exemple, une incompatibilité essentielle, radicale, entre le métier de philosophe et celui de roi. ? C'est ce que veut dire Kant. Qu'est-ce qui rend les deux fonctions incompatibles ?
Pourquoi, en premier lieu, les rois ne peuvent-ils philosopher ?
Les rois sont d'abord jaloux de leur pouvoir et cherchent plus la gloire que la justice. Peut-être cherchent-ils plus à satisfaire leurs intérêts égoïstes indépendamment de la justice et du droit. Or on sait que le philosophe vise à l'objectivité du savoir, qu'il est désintéressé, qu'il ne cherche qu'à connaître et à faire entrer dans la réalité une rationalité maximale. Il semble donc bien que le roi soit le contraire du philosophe, qu'ils s'opposent par définition. On voit mal comment un homme qui ne cherche qu'à satisfaire ses ambitions et intérêts personnels puisse devenir philosophe. Cependant, est-ce vraiment ce que veut dire Kant ? Si c'est vraiment ce qu'il affirme, alors nul gouvernement juste n'est possible, tout souverain est un despote au moins en puissance qui agit sans tenir compte de la justice. Si tel est le cas, alors Kant se contredit car comment un tel roi pourrait-il suivre les avis du philosophe comme le préconisera la suite du texte ? Pourquoi celui qui refuse de suivre sa raison irait-il suivre les conseils de celui qui fait profession de la raison ? C'est impossible. Ce n'est donc pas toujours le caractère passionné et injuste du roi qui est en cause (même si c'est parfois le cas). Qu'est-ce qui différencie alors le roi du philosophe, même lorsqu'il veut gouverner avec justice ?
Le roi, contrairement au philosophe est un praticien qui s'occupe moins de théoriser longuement que d'agir. Or il arrive que théorie et pratique soient incompatibles. Le roi, parfois, n'a pas le temps. Il ne peut suspendre son jugement en vue de savoir si oui ou non il fait bien d'agir ainsi. Il est des moments où l'action n'attend pas sous peine de la perte du pays. Or cela est contraire à l'attitude philosophique qui se doit d'être prudente, de suspendre son
...