Ais-je le devoir d'aimer autrui ?
Dissertation : Ais-je le devoir d'aimer autrui ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Janicefr • 4 Avril 2022 • Dissertation • 1 488 Mots (6 Pages) • 551 Vues
DISSERTATION : AIS-JE LE DEVOIR D’AIMER AUTRUI ? |
Il est paradoxal d’associer l’amour des autres à un devoir, car l’amour ne se contrôle pas, c’est quelque chose d’inné, tandis que le devoir est une obligation. On pense donc qu’aimer autrui n’est pas un devoir. En effet, éprouver un sentiment d’affection et de tendresse par rapport aux autres ne peut pas être une action exigible d'un point de vue moral . Par exemple, si on tombe amoureux d’une personne, ce sentiment fort et spontané n’est à aucun moment une obligation ; aucun facteur extérieur ne peut influencer ce choix libre et personnel. Aimer les autres ne serait donc pas un devoir, mais un choix personnel qui ne dépend de personne d’autre, seulement de notre propre volonté et morale. Mais est-ce que certains facteurs extérieurs ne nous obligerait pas, sans que nous en prenions conscience, à aimer les autres ? Cependant, le sentiment d'amour est le produit de plusieurs causes qui nous déterminent. Cela implique des facteurs extérieurs qui influencent une morale que l’on tend à s’approprier entièrement. Par exemple, si on tombe amoureux d’une personne, nous penserons alors qu’elle nous attire car elle répond à certains de nos critères, mais ces critères se soumettent à des normes sociales, familiales… En effet, si la société nous impose certaines règles par rapport à ce choix à l’origine personnel et subjectif, l’amour devient dès lors une obligation, un devoir.
Ainsi, nous nous demanderons ; Le devoir peut-il déterminer notre sentiment amoureux ?
Le problème et l’enjeu serait de savoir si l’amour est déterminé.
PLAN DÉTAILLÉ
I- on semble subir le devoir d’aimer | II- mais le véritable amour c’est l’amour de soi, donc nous n’avons aucune obligation d’aimer autrui | III- il existe une “forme amour”, qui n'est pas un devoir mais qui semble être une obligation innée |
A) argument 1 De manière inconsciente, nous envisageons l’amour comme quelque chose de déterminé qui nous attache à une exigence morale qui est d’aimer autrui → selon Schopenhauer, l’attirance que nous éprouvons envers quelqu’un est voulu par l'espèce humaine, fondamentalement (le même instinct primaire qui pousse les animaux à se reproduire pour la sauvegarde de leur espèce). Il l’évoque dans Métaphysique de l’amour (1818) : « Toute passion [...] n'est pas autre chose qu'un instinct sexuel plus nettement déterminé, spécialisé ou, au sens exact du mot, individualisé » ex. si nous n’aurons pas eu le besoin de développer l’espèce humaine plus qu'elle ne l’est déjà, nous n'avion pas envisagé d’aimer autrui, car il n’y aurait aucune finalité, tandis que maintenant nous avons le devoir de nous reproduire Nous sommes donc obligés, contraints par nature d’aimer les autres , c’est un besoin inné et nous sommes déterminés à réaliser ce besoin B) argument 2 Le véritable amour, c’est d’aimer universellement les autres → selon Spinoza : le véritable amour c'est de s’oublier soi-même L’éthique de Spinoza (1677) : « le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection » → En effet comme le pensait son prédécesseur chrétien Leibniz ; « Aimer, c'est trouver plaisir au bonheur d'autrui » Il l’évoque dans Notionibus juris et justitiae (1693) C’est en effet dans le chirstiannisme, que l’on retrouve une exigence morale de l’amour ex. il est du devoir du chrétien d’aimer son prochain, sans distinction, lui ôtant toute capacité de choisir, d’être libre de son sentiment d’amour Nous avons l’obligation d’aimer les autres, contraints par des facteurs extérieurs mettant en avant une moralité collective. Nous sommes donc privés de choisir notre sentiment d’amour, car il ne pourrait convenir aux exigences morales de la société, nous avons donc le devoir d’aimer autrui dans le but d’instaurer un principe universel de moralité. Transition : mais le sentiment d’amour doit être associé à la liberté, c’est un choix propre à l’individu ; L’amour ne serait-il donc pas issu d’un choix libre, s'opposant dès lors à un amour déterminé ? | A) argument 1 S’aimer soi-même est inné, c’est un sentiment que l’on éprouve par nature, et on acquiert au fur et à mesure l’amour des autres, qui nous est imposé par la société. Malgré tout, nous restons libres de faire des choix dans nos sentiments (qui nous appartiennent), ainsi, il n’est pas impératif d’un point de vue moral d’aimer les autres → selon Nietzsche : la morale est construction culturelle trompeuse, qui permet d'inculquer une logique culpabilisation. Il l’évoque dans Par delà le bien et le mal (1886) : « C’est parce que les philosophes de la morale ne se sont faits qu’une idée grossière des faits moraux, ou par en les isolant arbitrairement ou en les réduisant à la moralité de leur entourage, de leur condition, de leur état [...] » ex. nous choisissons généralement une personne qui nous plaît, que nous aimons pour le restant de notre vie, mais seulement parce que la morale de la société l’encadre. Dans toute une vie, nous rencontrons plus d’une personne qui nous plaît, mais pourtant, la moralité de la société nous invite à ne pas être polygame → selon John Stuart Mil, « Les sentiments moraux, à la vérité, ne font pas partie de notre nature ». Il l’évoque dans De l’utilitarisme (1864). Ainsi, l’amour ne fait pas partie d’un sentiment dit “moral”, car il ne représente pas un devoir, mais une attirance, c’est quelque chose de subjectif ex. naturellement, nous sommes attirés par quelqu’un en fonction de nos choix et non d’une “moralité collective” qui orientent nos choix Nous sommes donc libre d’aimer les autres, en fonction de nos choix, et non d’une exigence et d’un absolu moral collectif B) argument 2 L’amour des autres peut être néfaste pour nous-même, car il pourrait supplanter, remplacer notre plaisir, notre vie → selon le Marquis de Sade, l’amour de l’autre retranche au plaisir personnel, car il atteint notre plaisir personnel issu de notre liberté. Il l’évoque dans La philosophie dans le boudoir (1795). La réflexion du Marquis de Sade rejoint celle de Nietzsche qui évoque dans Humain trop humain (1878) : « on veut son plaisir, on veut s’éviter le déplaisir, en quelque sens que ce soit, il s’agit toujours de sa propre conservation » ex. par nature, nous possédons l’amour de soi et non pas l’amour des autres, en effet, lorsque nous nous construisons, nous avons besoin de notre propre amour et pas obligatoirement de celui des autres Nous restons libres, dans notre capacité à choisir vers qui nous éprouvons de l’amour, afin que ce sentiment n’entrave jamais l’amour inné que nous portons à nous-même. Ainsi, aimer n’est pas un devoir ni une obligation morale, c’est un choix que nous réalisons librement Transition : malgré cela, le devoir ne supplante pas l’amour, c’est l'amour qui supplante le devoir. Une fois qu’on aime librement, on ressent tout de même le besoin, le devoir inné d’aimer les autres ; Serait-il possible de ressentir le besoin inné, de devoir d’aimer tout en restant libre de nos choix ? | A) argument 1 Il existe une forme d’amour “pure” entre les être qui n’est pas un impératif moral ni un devoir, mais qui tend à trouver une valeur morale au sein de l’amour → selon Platon, l’amour représente une attirance physique qui illusoire car non essentielle ; derrière elle, se cache le véritable amour qui est celui du “beau” et de la vertu. Il l’évoque à la fin du Banquet (380 av. J. -C). ex. nous sommes attirés par ce qui est naturellement “beau”, mais au-delà tout est subjectif et il est de notre devoir pour aimer quelqu'un d’apprendre à le connaître. L’amour devient donc un devoir qui nous est propre en fonction de nos attentes par rapport à l’amour que nous portons aux autres Ainsi, nous ne sommes pas contraints d’aimer autrui, mais nous pouvons trouver une certaine moralité à aimer les autres, à travers un sentiment pure B) argument 2 Inconsciemment, dans nos comportements nous tenons à agir moralement car la “loi morale” est quasiment inné, sans aucune pression extérieure → selon Rousseau, la liberté est “l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite”. Il l’évoque dans Du contrat social (1762). → Cette réflexion se retrouve chez Kant au travers de la conscience morale comme juge intérieur : « Tout homme a une conscience et se trouve observé ». De plus, la notion d'impératif catégorique explicite que l’on s’impose une loi morale inhérente à notre être. Il l’évoque dans Fondement de la métaphysique des moeurs (1785) et dans Doctrine de la vertu (1797) ex. si nous aimons quelqu’un, nous serons alors guidés par notre loi morale intérieure, qui va en plus de l’attirance que nous éprouvons, distinguer la moralité dans notre sentiment ; si nous ne sommes pas attirés par intérêt... Nous sommes portons donc un regard moral sur nous-même, car il constitue un fondement de notre être, mais également parce que le monde fonctionne comme cela, en effet nous nous imposons une “loi morale” afin de guider nos actes, donc notre amour vers une morale universelle Nous pouvons donc dire, que oui, nous avons le devoir d’aimer, mais ce devoir viens de nous, il représente le début d’un impératif catégorique, permettant d'organiser un monde et des sociétés humaines pour qu’elles puissent exister correctement |
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