Voltaire (1694-1778)
Étude de cas : Voltaire (1694-1778). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 17 Juin 2013 • Étude de cas • 7 517 Mots (31 Pages) • 589 Vues
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Pierre Larcher
Université de Provence et IREMAM
Abstract: Some people think that Voltaire (1694-1778) might have been inspired by the
«Story of Moses and the servant of God» (related in Koran XVIII, 60-82) for his chapter
«The Hermit» of Zadig (1748). In fact, it has long been known that Voltaire’s direct
source for this chapter is the poem The Hermit by Thomas Parnell (1679-1718). This
poem finds its roots via some previous authors in the Medieval «Story of the Hermit and
the Angel», which seems itself to have been one of Voltaire’s sources. This story has
an oriental origin, where oriental Christianity, Judaism and Islam each seem to have
played a role.
Keywords: Voltaire-Zadig-Thomas Parnell-The Hermit-Vitae Patrum-The Story of the
Hermit and the Angel- Koran- The Story of Moses and the servant of God-Bible-Talmud-
Rabbinic Literature
C’est André Miquel qui m’a lui-même indiqué le sujet de ce bref article.
Relisant récemment Zadig (1748) de Voltaire (1694-1778), il m’écrit, en date
du 22 Mars 2009, que le chapitre « l’Hermite »1
raconte une « étrange histoire :
un sage mettant le feu à une maison, puis assassinant un enfant, le tout se
révélant ensuite bonnes actions d’un être qui, en fait, est un ange. Je me suis
souvenu alors de faits analogues autour de Moïse (Coran, XVIII, 60-82). Voltaire
Synergies Monde arabe n° 6 - 2009 pp. 295-306
Voltaire, Zadig et le Coran
Résumé : Certains pensent que Voltaire (1694-1778) a pu s’inspirer dans le
chapitre l’Hermite de Zadig (1748) de l’histoire de « Moïse et du serviteur
de Dieu » racontée dans Coran XVIII 60-82. La source directe de Voltaire pour
ce chapitre est connue depuis longtemps : c’est le poème The Hermit de
Thomas Parnell (1679-1718). Mais celui-ci, via un certain nombre d’auteurs
antérieurs, trouve son origine dans l’histoire médiévale de l’Ange et de
l’ermite, où Voltaire semble également avoir puisé. Cette histoire a une
origine orientale, où christianisme oriental, judaïsme et islam semblent
avoir chacun une part.
Mots-clés : Voltaire-Zadig-Thomas Parnell-The Hermit-Vitae Patrum-Histoire
de l’ange et de l’ermite-Coran-Histoire de Moïse et du serviteur de Dieu-
Bible-Talmud-littérature rabbinique296
connaissait-il une traduction du Coran ? ». Et Miquel d’ajouter : « En d’autres
temps, je me serais fait détective, mais aujourd’hui… Je ne vous demande pas
de me répondre, ni de vous lancer sur cette piste. Simplement, si elle vous
intéressait, à vous de jouer ». Ce numéro de Synergies étant consacré à la
littérature narrative d’une part, dédié à André Miquel d’autre part, j’ai profité
de la trêve estivale des cours (et autres travaux plus austères) pour me lancer
sur la piste qu’il m’avait suggérée.
En fait, il n’est pas difficile de répondre à la question posée par Miquel. Oui,
Voltaire connaissait non seulement une, mais plusieurs traductions du Coran.
Son Dictionnaire philosophique contient un article « ALCORAN ou plutôt LE
KORAN »2
. Or, dès les premières lignes, évoquant les lois coraniques sur les
femmes (un des sujets traditionnels de polémique entre Islam et Occident !), il
note qu’ « elles sont également traduites par du Ryer qui demeura longtemps
à Constantinople, par Maracci qui n’y alla jamais, et par Sale, qui vécut vingt-
cinq ans parmi les Arabes ».
N’ayant pas accès au texte dans sa version originale, Voltaire n’en a pas
moins pris soin de collationner trois traductions du Coran, dans trois langues
différentes, faites par des traducteurs très différents. André du Ryer, né vers
1580 en Bourgogne, fut un agent diplomatique français à Constantinople et
Alexandrie, auteur, entre autres travaux, d’une traduction en français du
Coran, publiée pour la première fois en 16473
et constamment rééditée dans
la seconde moitié du XVIIème siècle (1649, 1672, 1683, 1685) et la plus grande
partie du XVIIIème (1719, 1734, 1746, 1770, 1775), avant d’être remplacée
(1786) par celle de Claude-Etienne Savary (1750-1788). Ludovico Maracci (1612-
1700) était un prêtre catholique italien, auteur d’une traduction du Coran en
latin (1698)4
. Enfin George Sale (1697-1736) était un orientaliste anglais, auteur
d’une traduction du Coran en anglais (1734)5
: notons que sa courte vie exclut
qu’il ait vécu vingt-cinq ans parmi les Arabes !
Une
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