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Toutes Les Opinions Sont Elles Tolérables

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Par   •  4 Janvier 2013  •  2 786 Mots (12 Pages)  •  7 133 Vues

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TOUTES LES OPINIONS SONT-ELLES TOLERABLES ?

Dans "Le discours de la Méthode", Descartes écrit : «le bon sens est la chose du monde la mieux partagée». Les hommes sont tous doués d'une raison capable de former des idées et d'avoir des opinions personnelles. Les opinions sont considérées comme le signe de la liberté individuelle. Elles ne doivent pas être empêchées sous peine de porter préjudice au droit élémentaire de l'humanité, à savoir, le droit de penser par soi-même. Ainsi toutes les opinions devraient être tolérées, supportées. Cependant, par nature, les opinions sont individuelles, non-fondées donc diverses et incertaines. Le terme tolérable semble paradoxal avec l’idée d’opinion car il appelle au jugement de tierces personnes alors que le fondement même d’une opinion est son individualité. Le sujet invite donc à chercher qui tolère et ainsi se demander si qualifier une opinion d’intolérable n’implique pas de répondre à la question du « pour qui ? ».

La tolérance n'est-elle pas un des fondements de l'égalité parmi les hommes?

Comment la liberté d’opinion accordée par l'État se confronte-t-elle à celle des grandes ins-tances sociales (science, religion et morale) ainsi qu’à des mondes hypothétiques dans les-quels la tolérance ou l’intolérance seraient absolues?

La déclaration des droits de l’homme est le fondement de notre société démocratique et libérale. Elle affirme que tout homme est libre d’avoir sa propre opinion (Article 19). La capacité de penser permet à l’homme de prendre conscience de son existence. Le cogito de Descartes « je pense donc je suis » établit cette relation élémentaire entre le corps et l’esprit. L’homme est un sujet dont l’essence est permanente et inaltérable car notre seule essence est de penser. La diversité des opinions, chacune de même valeur, est le signe d’une égalité entre les hommes. Qui est à même de juger de ce qui est ou n’est pas tolérable ? Pourquoi moi plutôt que l’autre ? On peut penser que ce qui pour moi est intolérable ne l’est pas pour d’autres, et inversement. Il n’y aurait pas d’intolérable absolu, mais il y aurait des gens intolérants qui trouvent intolérable une pensée autre que la leur. Tolérer n’est pas admettre comme vrai. Tolérer, c’est tout en étant conscient de la stupidité voire de la gêne que peuvent entraîner certaines opinions, les accepter faute de mieux, faute de pouvoir les interdire. Tolérer est nécessaire, ne pas le faire entraînerait une atteinte à la liberté d’expression. C’est ce que soutient Spinoza, philosophe qui s’est révolté au XVIIème contre la censure que les gouvernements faisaient peser sur les citoyens : ce qu’on ne peut interdire, il faut le tolérer. Par conséquent, un État se doit d’être tolérant envers les autres régimes politiques, mais aussi envers ses citoyens. La tolérance de l'État n’a-t-elle pas de limite qui une fois franchie amènerait au conflit, au jugement puis à la sanction ?

Comment la tolérance se manifeste-t-elle quotidiennement entre les nations ?

La tolérance est une notion complexe qui rassemble de nombreuses définitions.

Une définition générale est d’accepter ce que l’on désapprouverait normalement. Par exemple, aujourd’hui, notre Etat fonctionne sous un régime démocratique et libre. Ce n’est pas le cas de tous les pays. En Chine, le régime politique instauré est communiste et le peuple subit une virulente censure, pourtant ce régime est toléré par les nations. Des relations économiques existent entre nos deux pays. Ils sont considérés comme des voisins et non des ennemis.

Pour s’assurer de la tolérance entre nations, une charte sur la « Déclaration de principes de tolérance » a été signée à Paris le 16 novembre 1995.

Une seconde conception de la tolérance est de ne pas combattre un mal s’il peut en entrainer un plus grand. Cette conception pose le problème de la limite de la tolérance. Lorsqu’au XXe siècle, le totalitarisme, notamment le nazisme, régnait sur une grande partie de l’Europe, les nations craignant une seconde guerre mondiale furent contraintes de tolérer ce régime dictatorial. Attention à ne pas confondre l’indulgence et la tolérance car on peut haïr ce que l’on tolère. La limite de la tolérance des nations fut franchie lors de la conquête de la Pologne par les Allemands mais cette limite resta floue jusqu’alors. Les États vainqueurs ont fondé une organisation internationale, l’ONU, pour pouvoir gérer les conflits entres nations, et placer une limite à la tolérance en éditant des chartes et lois, ce qui semble primordiale pour vivre en paix.

Cette tolérance est-elle toujours présente envers les citoyens ?

Comment un Etat conçoit-il le principe de tolérance et quelle limite a-t-il fixé à la liberté d’opinion ?

Nos sociétés démocratiques-libérales sont fondées sur l'individu et sur la tolérance des opinions de chacun les uns envers les autres. L'individu peut croire ce qu'il veut ! La société est là pour le protéger lui et sa croyance ! Nos sociétés ne trouvent leur légitimité que dans la protection des individus qui la composent. En ce sens, les théories du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau) sont l'inspiration directe et le fondement de nos sociétés. La société protège l'individu contrairement aux sociétés anciennes, dites holistes, où l'individu n'était que pour son collectif. Le collectif était la valeur suprême et l'individu n'était qu'une partie, remplaçable et sans grande valeur.

Les opinions sont-elles toutes tolérables par l’Etat?

Une opinion est une idée non-fondée qui ne doit être ni mensonge ni fausseté (à ne pas confondre avec erreur car une opinion peut être erreur pour autrui). Un préjugé n’est pas une opinion s’il n’est que le fruit de mensonges. Penser que les juifs sont avares n’est pas une opinion, les statistiques peuvent réfuter cette théorie. Les opinions sont donc des croyances à valeur morale ou religieuse. L'individu étant le fondement des sociétés démocratiques-libérales, ni la société, ni un autre individu, ne peut critiquer un individu pour ses opinions. En effet, d'une part la société protège l'individu contre les autres individus qui voudraient lui nuire (Cf. théories du contrat social) et d'autre part, la société n'est pas là pour dire à l'individu ce qu'il doit penser

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