Revue du poème philosophique " Dîner de têtes "
Fiche de lecture : Revue du poème philosophique " Dîner de têtes ". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Septembre 2013 • Fiche de lecture • 540 Mots (3 Pages) • 609 Vues
Le "Dîner de têtes" est à la fois un pastiche ironique du journalisme mondain, un pamphlet, une déclaration d'anticonformisme social et artistique, un poème philosophique – bien que le mot eût sans doute fait sursauter Prévert. Après avoir bâti son texte sur l'antithèse apparence-réalité, il a peut-être voulu montrer aussi qu'il ne faut pas se fier à l'apparence première des œuvres. Alors qu'il commence par attaquer la littérature à la fois à travers des littérateurs qu'il aime beaucoup (Hugo, Baudelaire), ou pas du tout (Péguy), première apparente contradiction – apparente seulement car il est des œuvres de Hugo et de Baudelaire qu'il n'aime pas –, il fait lui-même, avec "Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France", une œuvre très construite en se souvenant peut-être d'un autre créateur littéraire.
La fortune du texte fut immense. Pour Breton, qui en publiera en 1939 un large extrait dans son Anthologie de l'humour noir, il constituait un des fleurons de l'humour. Le critique Gaëtan Picon, de son côté, considérera le "Dîner de têtes", "dans son extraordinaire puissance d'invective et de violence vengeresse", comme "sans égal dans notre littérature – et tel qu'on ne peut rien lui comparer sans doute, si ce n'est quelques dessins de Daumier". [Panorama de la nouvelle littérature française, nouvelle édition refondue, Gallimard, 1960]
Les mises en scène du poème ont été nombreuses. Signalons en mai 1951, celle d'Albert Medina à la Fontaine des Quatre-Saisons, cabaret-théâtre dont Pierre Prévert venait de prendre la direction. Jacques Prévert assista à la représentation du 18 juin. La musique était de Louis Bessières et les décors de Jacques Noël. Les masques que portaient les invités de l'Élysée avaient été confectionnés par Bride, Fabra, Paul Grimault, Elsa Henriquez, Maurice Henry, Labisse, Jacques Noël, Emile Savitry et jean Vimenet. Parmi les comédiens qui figuraient derrière ces masques se cachaient Daniel Ceccaldi et François Chaumette. Seul Roger Pigaut, qui incarnait "l'homme à tête d'homme", montrait son visage à nu. Mouloudji proposa également le texte sur la scène du Vieux-Colombier en novembre 1969. Les têtes d'Édith Scob, Édith Loria, Liliane Patrick, Pierre Pernet, Aristide Demonico, Michel Paulin, sortaient d'un rideau noir, sur fond de Marseillaise malicieusement déformée. Le spectacle fut bien reçu : Paul Carrière du Figaro trouva les acteurs impressionnants malgré "les outrances de l'auteur" ["Mouloudji chante Prévert", Le Figaro, 19 novembre 1968]. Le mot se retrouvait dans un article du journal La Croix, mais dans un contexte tout à fait élogieux : "Six personnages grinçants ou pitoyables, grotesques ou tristes, très proches de nous finalement, comme l'est cette féroce comédie humaine, dans ses outrances même." ["Mouloudji et Prévert au Vieux-Colombier", La Croix, 25 novembre 1969, article J.-P. H.]
Il est surprenant de constater que ce texte – dont on ne peut nier le caractère corrosif – est souvent mieux accepté que d'autres textes polémiques de Prévert. À partir de 1976, le comédien Michel Boy proposera une interprétation solitaire
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