Quelle Connaissance Est-elle Requise Pour Atteindre La Sagesse ?
Commentaire de texte : Quelle Connaissance Est-elle Requise Pour Atteindre La Sagesse ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 20 Octobre 2013 • Commentaire de texte • 2 135 Mots (9 Pages) • 943 Vues
Quelle connaissance est-elle requise pour atteindre la sagesse ? La connaissance de soi répond Rousseau conformément à une antique tradition. Socrate aurait écrit: « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’Univers et les dieux ! » Reste à déterminer pourquoi nous nous méconnaissons et avons à nous connaître. C’est à ce problème que répond Rousseau dans cet extrait .Il défend la thèse que nous avons à nous séparer pour nous connaître nous-mêmes de notre pseudo identité sociale qui trouve dans la vanité sa source. Or, n’est-il pas paradoxal de prétendre que nous sommes les auteurs de notre méconnaissance de nous-mêmes puisque à ce compte, nous saurions ce que nous sommes ? Si à l’inverse c’est la vie sociale qui nous empêche de nous connaître, comment pourrions-nous nous en détacher pour poser le problème de la connaissance de soi ? On s’interrogera donc d’abord sur le phénomène de la vanité qui nous fait vivre hors de nous. On se demandera ensuite s’il est possible de revenir à soi pour se connaître. Enfin, on se demandera si la connaissance du « moi humain » est une condition nécessaire de la sagesse. Rousseau expose d’abord la tendance générale des hommes à s’en tenir à l’opinion publique en ce qui les concerne. Autrement dit, sur ce qu’il est ou n’est pas, c’est le jugement contenu dans l’opinion publique qui importe à chacun. Ce terme est ambigu. En effet, il désigne un point de vue partagé par tous ou par la plupart. Or, s’agit-il de tous ou de la plupart au sens de la collectivité ou bien au sens de chacun, c’est-à-dire au sens distributif ? Il est clair qu’un jugement peut être accepté par tous ou la plupart au sens individuel sans appartenir à l’opinion publique. La preuve en est que chacun s’enquiert de l’opinion publique alors que lorsqu’il s’agit d’un jugement qui est universel au sens distributif, chacun se suffit pour le connaître. En se préoccupant de l’opinion publique, chaque homme étend son existence puisqu’il la place pour ainsi dire hors de lui. Rousseau ne veut pas dire que chacun expose ce qu’il y a d’intime en lui mais que chacun se comprend à partir de l’opinion publique, c’est-à-dire de ses jugements. Si donc il oppose l’attitude qui consiste à réserver quelque chose pour son propre coeur, c’est au sens où là c’est le sujet lui-même qui se juge. Or, qu’entendre par coeur ? Il ne s’agit pas bien entendu de l’organe physiologique. Il s’agit bien plutôt de la métaphore du siège de la sensibilité ou de la connaissance intuitive. Le coeur, c’est ainsi ce que le sujet lui-même sent de lui-même, ce qu’il peut juger de lui à partir de lui-même. Or, on dit de quelqu’un qu’il a du coeur lorsqu’on veut dire par là qu’il a une certaine sensibilité morale. Dans la mesure où l’opinion publique porte des jugements moraux, on peut penser que par coeur, Rousseau entend la source de la sensibilité morale, bref, la conscience, cet « instinct divin » comme il la nomme dans l’Émile. Pour expliquer sa thèse, Rousseau propose la métaphore de l’araignée qu’il nomme « un petit insecte » qui file sa toile. L’extension de l’homme qui s’en tient à l’opinion publique est implicitement comparée à la toile d’araignée et l’homme lui-même à l’insecte qui est au centre de la toile. Or, c’est par la toile qu’il est sensible, c’est-à-dire qu’il est à la fois susceptible d’être affecté et doué d’une certaine perception morale. Rousseau précise sa métaphore ou sa comparaison en désignant la toile d’araignée comme étant la vanité. Or, on tient celle-ci habituellement pour le caractère d’un homme satisfait de lui-même et qui étale ce qu’il paraît. Comment donc comprendre que ce soit en se préoccupant de l’opinion publique que l’homme fasse preuve de vanité ? N’est-ce pas en négligeant totalement ce que les autres pensent qu’on se montre vain ? Remarquons que la vanité présuppose qu’on se montre aux autres. Dès lors, il faut bien que leur jugement prenne le pas. Qui pense être meilleur que les autres est orgueilleux mais il ne paraît pas aux yeux des autres. Pour paraître, il faut non seulement se montrer aux autres, mais se montrer tel qu’ils veulent qu’on se montre. On fait preuve de vanité en se vêtant à la mode,
en adoptant les opinions les plus répandues, etc. bref, c’est bien l’opinion publique qui fait que la vanité constitue une perte de soi. On comprend alors qu’en filant la métaphore ou plutôt la comparaison, Rousseau indique que le vaniteux ou l’homme social est touché de l’extérieure comme la toile d’araignée. C’est précisément l’opinion publique qui fait cela. Dès lors, on voit comment l’homme dépend de l’extérieur lorsqu’il est gouverné par sa propre vanité. Il suffit qu’il ne soit pas touché comme la toile de l’araignée qu’aucun insecte ne vient visiter pour qu’il meure de langueur, autrement dit que son énergie diminue dangereusement. Mais si le vaniteux est touché négativement, c’est-à-dire si l’opinion publique ne renvoie pas à l’homme la bonne image qu’il désire, alors, son activité consistera à tenter de la reconstituer immédiatement. Ce constat que fait Rousseau ne manque pas d’a propos. Reste toutefois à se demander comment la vanité est possible puisque finalement elle a pour source le sujet lui-même ? Comment peut-il se préoccuper du jugement du public alors qu’il sait que ce n’est pas le sien, voire qu’il n’est pas juste ? Pour cela, il faut que la conscience que le sujet a ne soit pas une connaissance de soi. Dès lors, il est livré aux opinions, aux préjugés, y compris aux préjugés sur ce qu’il faut être pour être un homme. On comprend alors que pour rompre le cercle de la vanité, il soit nécessaire de chercher à se connaître. Que recouvre donc un tel programme selon Rousseau ? L’auteur quitte le registre descriptif pour passer au prescriptif. Le point de départ est de « redevenir nous ». Or, force est de constater qu’une telle expression paraît contradictoire car comment serait-il possible de ne pas être soi ? C’est que la vanité en nous faisant simplement paraître, nous empêche d’être. L’apparence n’est donc pas seulement théorique : elle conduit le sujet à perdre ce qu’il est. Or, ce n’est possible que si le sujet n’est pas une chose mais une conscience. Et c’est bien pour cela que la vanité elle-même est possible. Redevenir soi, c’est se concentrer, terme qui s’oppose à
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