Philosophes contre technologie

Les philosophes contre la technique.

Quand on examine les positions philosophiques d’un penseur, on peut dans une perspective nietzschéenne s’intéresser davantage aux valeurs qui sont à l’origine des idées philosophiques plutôt qu’aux idées elles mêmes. La proposition tenue sur le réel est ainsi révélatrice d’un instinct d’une forme de vie, ou bien encore de tout un arrière plan de valeurs qui conditionnent les prises de position sur un problème donné. La critique philosophique de la technique s’inscrit dans cette approche. Il est frappant de voir à quel point les thèses tenues sur le sujet prennent leur origine dans le sentiment de peur. A propos de ce dernier, on peur parler de peur théologique et de peur philosophique. Parmi les philosophes professionnels, c'est-à-dire ceux qui pensent de l’intérieur même de la philosophie, on peut citer Heidegger. Pour Heidegger, l’ être est une réalité métaphysique menacée dans son dévoilement par la technique omniprésente qui revêt une valeur quasi métaphysique pour les modernes. La critique de la technique est donc émise non au nom de la réalité, mais au nom de la réalité philosophique. C’est en effet par rapport à des enjeux et à des croyances philosophiques que Heidegger réfléchit à la technique. Il ne cherche pas à penser l’univers technique pour lui-même, mais par rapport à des préoccupations et des inquiétudes philosophiques. Or ces inquiétudes philosophiques ne prennent sens que dans une interprétation philosophique du réel. Ce n’est pas le monde qui intéresse Heidegger, mais la philosophie qui construit un monde dans lequel l’être, principe somme toute très mystérieux, phagocyte la réflexion sur le péril technicien. A la crainte philosophique s’ajoute l’anxiété propre aux penseurs chrétiens qui mettent en gardent leurs contemporains contre les dérives du technocosme Parmi ces derniers, on peut citer Paul Virilio et Jacques Ellul. Le premier urbaniste de formation s’intéresse à l’accélération de monde lié aux moyens de transport et aux nouvelles technologies. Pour Virilio, notre rapport à l’espace au temps et au territoire menace l’environnement et l’homme.

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