L’homme est-il capable d’avoir accès à lui totalement ?

L’homme est-il capable d’avoir accès à lui totalement ? Cette question qui ne peut que difficilement trouver une solution puisqu’elle est posée aux hommes, et qu’il est très difficile d’être objectif sur sa propre condition, a connu une grande avancée grâce à la découverte par Sigmund Freud au XXème siècle de l’inconscient, il dit d’ailleurs lui-même avoir infligé à l’homme la 3e blessure après la découverte du système solaire par Copernic, et la théorie de l’évolution de Darwin. Cette révolution dans le monde de la philosophie a remis en cause la connaissance que l’homme avait de lui-même. Mais qu’appelle-t-on « avoir accès à soi » ? Il semblerait que ce soit le fait de pouvoir avoir accès à la totalité de ses pensées et de ses actions, mais aussi connaître entièrement sa personnalité et pouvoir l’expliquer ou même la choisir.

Nous nous demanderons donc si l’homme est capable d’avoir accès à lui et de se connaitre totalement grâce à sa capacité à raisonner ou si la notion même d’inconscient découverte par Freud ne remet finalement pas en question le fait que l’homme puisse avoir accès à toutes ses pensées et puisse se connaitre.

Pour répondre à cette question, nous différencierons le fait d’avoir accès à soi, à ses pensées, et le fait de se connaitre : la première partie consiste donc à expliquer que la découverte de l’inconscient remet totalement en cause le fait que l’homme puisse avoir accès à toutes ses pensées, et cela nous amène à nous demander dans une seconde partie si malgré l’existence de l’inconscient, l’homme peut se connaitre et se comprendre dans sa totalité.

Descartes, philosophe métaphysicien du XVIIème siècle, est le premier à parler de « conscience ». Il fait la découverte de l’existence d’un « moi intérieur » auquel l’homme peut avoir totalement accès par l’introspection qui correspond à un « œil interne » que l’homme aurait sur lui-même. Cela semblerait vouloir dire que l’homme peut avoir accès entièrement à lui grâce à cette introspection. Mais deux siècles plus tard, Freud, psychanalyste allemand, révolutionne cette théorie en découvrant l’inconscient : cette instance psychique située dans notre cerveau qui le découpe en deux parties séparées par une censure : la conscience, où se situent toutes nos pensées conscientes et réfléchies, et le pré-conscient, où se trouvent toutes nos normes, nos valeurs, et notre vision de la morale et de la justice. Et de l’autre côté de la censure, l’inconscient, qui a un caractère révolutionnaire puisque c’est dans cette partie interne que se trouvent tous nos désirs refoulés, auxquels nous n’avons pas accès. Cette découverte implique de grandes conséquences : si l’inconscient existe, l’homme ne peut en aucun cas se connaitre totalement puisque le « ça », l’autre nom de l’inconscient, dirige nos actes et nos pensées à notre insu. Le seul moyen d’avoir accès à cet inconscient est l’hypnose, et elle induit forcément la présence d’autrui. De plus cet inconscient peut se manifester dans les rêves, les lapsus et actes manqués, ou alors par l’hystérie dans les cas les plus extrêmes de conflits entre conscience et inconscient. Toutes ces manifestations de l’inconscient pourraient nous aider à avoir accès à nous si nous étions capables de les interpréter, mais les rêves ont un contenu latent, caché, que nous ne pouvons déchiffrer. Il nous ait d’ailleurs déjà tous arrivé de se réveiller après un rêve incompréhensible et ne pas savoir pourquoi nous avons fait ce rêve. Et bien cela montre qu’il y a une partie de nous que nous ne connaissons pas et que nous ne comprenons pas. L’accès total et personnel à nous-même semble donc incompatible avec l’existence de l’inconscient. Freud a d’ailleurs illustré cette impossibilité en disant : « Je ne suis pas maitre dans ma propre maison ». Cela signifie que même dans son intérieur le plus profond, l’homme n’est pas le maitre et ne peut tout diriger et avoir accès à tout. L’inconscient constitue donc une barrière à la connaissance de soi, mais aussi à la liberté de l’homme.

En effet, si l’inconscient détient nos pensées refoulées, il les détermine à notre insu, et la liberté de l’homme est remise en question. L’homme n’est donc pas totalement libre de ses actes et de ses pensées puisqu’elles sont régies par cet inconscient inaccessible. Il est donc en quelque sorte soumis à une partie de son cerveau qui lui appartient, mais à laquelle il n’a pas accès. Cependant, l’inconscient et la conscience sont liés, ils sont en mouvement perpétuel et les pensées peuvent passer de l’inconscient à la conscience et vice versa.

De plus, des techniques ont été développées pour toucher l’inconscient de l’homme et y faire pénétrer des idées sans que l’homme ne s’en aperçoive, ce qui prouve que l’homme n’a pas accès à tout ce qui peut se passer dans sa

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