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Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ?

Note de Recherches : Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Avril 2013  •  3 327 Mots (14 Pages)  •  937 Vues

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"Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ?"

-Foscolo

Le dramaturge italien Hugo Foscolo écrit dans les Dernières Lettres de Jacques Ortis :« Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ? » Il relève une contradiction entre le fonctionnement du gouvernement et l'origine de celui-ci qui se ferait en toute violation des lois préexistantes. D'un côté, le gouvernement présente des moyens institutionnels pour imposer la justice, et de l'autre un gouvernement qui se fonde sur l'injustice et la violence. Dans le contexte de l'½uvre, Foscolo vise les régimes despotiques, qui se maintiennent après le congrès de Vienne (de 1815). Mais même la démocratie, respectueuse du droit et des citoyens a pu s'imposer par la force d'une révolution et par le rejet violent d'une législation antérieure. Cette citation nous invite à nous interroger sur le lien entre la justice, où le gouvernement est garant, et une violence originelle qui lui est constitutive. Elle met en question le pouvoir politique légitime qui manque à la justice tout en prétendant de l'imposer.

Quel rapport le gouvernement institué entretient-il avec la violence ?

Quels rapports de forces existent-ils au sein même de la justice et des institutions politiques ?

Répondons à ces questionnements en trois parties, dont l'une expliquera d'abord que le gouvernement

résulte d'un rapport de forces qui méprise la loi et la justice, puis dans un second temps, une partie qui expliquera comment la justice garantit un ordre et prévient le chaos, pour finalement terminer sur la conciliation de la justice universelle et de l'exercice du gouvernement.

L'histoire nous montre que les gouvernements ont vu le jour dans des guerres, dans des familles et des clans. Ils sont l'expressions, bien souvent, de la domination d'un groupe (ethnique, social, ...) La succession paisible dans une monarchie ou l'alternance du pouvoir dans une démocratie ne suffisent pas pour démentir l'existence d'un rapport de force, au terme duquel le vainqueur impose sa loi ; sa justice qui est un fondement de l'ordre social. Commençons par la violation originelle. C'est de cette violation première qu'il faut d'abord débattre. Mythologies et récits historiques convergent. Tout comme Zeus qui a anéanti les Titans pour régner sur l'Olympe, tout comme Romulus qui a tué son frère Remus qui le contestait la limite de son territoire, les fondateurs d'une dynastie ont versé le sang pour prendre le pouvoir par la force. Dans L'Orestie, Eschyle confirme ce qui apparait être un règle dans l'histoire : La prise du pouvoir par la force de Clytemnestre, et Egisthe, par l'assassinat d'Agamemnon. Ici, nous retrouvons une double vengeance : tout d'abord de la part d'Egisthe sur Agamemnon, sont cousin qu'il haït, mais aussi Clytemnestre se vengeant du sacrifice de sa fille Iphigénie. Par la suite de

l'½uvre, Oreste fait lui aussi acte de vengeance, en tuant sa propre mère Clytemnestre, et Oreste, pour retrouver ainsi son trône légitime : Toutes ses vengeances se veulent actes de justice, et s'accompagnent de violence. On cherche la réparation dans le sang. Ne nous attardons pas plus sur des exemples de l'Orestie, regardons du côté de Pascal, dans Les Pensées : Il n'ignore pas que tout pouvoir ne résulte pas du pouvoir naturel de celui qui les détient. Le hasard joue donc un rôle, comme il l'affirme dans le Premier Discours sur la condition des Grands. Dans Les Raisins de la Colère, les paysans chassés de leurs terres se souviennent des sacrifices et des peines de leurs ancêtres sur leurs propres terres, mais oublient la violation de leurs ancêtres sur les populations antérieurs, je veux bien sûr faire référence aux tribus indiennes, préalablement installées. Peut-être n'y a-t-il jamais eu de justice idéale naturelle, et les lois font perdurer une usurpation, donc une injustice.

Venons-en maintenant à un fait : les lois servent trop souvent les intérêts des puissants. Dans le livre de Steinbeck Les Raisins de la Colère, l'état de Californie édictent les lois qui protègent les propriétaires, qui parviennent à intervenir lors d'une grève, et payent une justice locale, qui est faite respectée par les shérifs : Nous sommes en présence d'une justice locale où le gouvernement n'y peut rien.Les salaires baissent, les expulsions et les interdictions aux migrants sont persistantes, il s'établit

bien une violence originelle qui se loge dans l'application des lois. Il ne faut pas être dupe d'une justice fictive, qui sert le droit du plus fort. Dans Les Pensées, Pascal estime que « ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force ». Les lois ne sont pas déalement jutes, elles sont une justification persuasive de la force. « De là vient le droit de l'épée, car l'épée donne un véritable droit » Rappelons également les deux derniers vers de la fable Les Animaux Malades de la Peste de Jean de la Fontaine : « Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blanc ou noirs. ». Voyons aussi le rapport de force, chez Marx, appelée 'la lutte des classes', et ses rapports violents en permanence, et cette aspiration à la justice. La nouvelle théogonie dans l'Orestie, à la fin des Euménides, montre que la justice des plus forts (des olympiens) s'impose aux autres (les hommes, ainsi que les chtoniens).

La justice légale dépend du contexte historique, elle sert des situations acquises, et méprise l'équité. Montaigne, puis Pascal constatent que les lois varient selon les endroits où l'on vit. « La coutume fait l'équité » dit naïvement et ironiquement Pascal. Si le juste et l'injuste varien, si une rivière ou une montagne suffisent à faire changer la loi, la justice légale est alors liée à des coutimes, qui traduisent une hiérarchie des rapports de domination (l'homme sur la femme dans certaines sociétés, le guerrier sur le paysans, ou encore la cadet

des frères sur les autres de sa famille). La coutume

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