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Le Morceau De Cire - Descartes

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Par   •  14 Octobre 2014  •  443 Mots (2 Pages)  •  1 293 Vues

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“Prenons pour exemple ce morceau de cire qui vient d’être tiré de la ruche : il n’a pas encore perdu la

douceur du miel qu’il contenait, il retient encore quelque chose de l’odeur des feurs dont il a été

recueilli sa fgure, sa couleur, sa grandeur sont apparentes il est dur, il est froid, on le touche, et si

vous le frappez, il rendra quelque son. Enfn toutes les choses qui peuvent faire distinctement

connaître un corps se rencontrent en celui-ci. Mais voici que, pendant que je parle, on l’approche du

feu ce qui y restait de saveur s’exhale, l’odeur s’évanouit, sa couleur se change, sa fgure se perd, sa

grandeur augmente, il devient liquide, il s’échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu’on le

frappe, il ne rendra plus aucun son. La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouer

qu’elle demeure et personne ne le peut nier. Qu’est-ce donc que l’on connaissait en ce morceau de cire

avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de ce que j’ai remarqué par l’entremise des sens,

puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l’odorat, ou la vue, ou l’attouchement ou

l’ouïe, se trouvent changées, et cependant la même cire demeure. Mais (...) éloignant toutes les choses

qui n’appartiennent point à la cire, voyons ce qui reste. Certes il ne demeure rien que quelque chose

d’étendu, de fexible et de muable. Or qu’est-ce que cela, fexible et muable ? N’est-ce pas que

j’imagine que celle cire étant ronde est capable de devenir carrée, et de passer du carré en une fgure

triangulaire? Puisque je la conçois capable de recevoir une infnité de semblables changements et ne

saurais néanmoins parcourir cette infnité par mon imagination ; il faut donc que je tombe d’accord,

que je ne saurais pas même concevoir par l’imagination ce que c’est que cette cire, et qu’il n’y a que

mon entendement seul qui le conçoive (...). Or quelle est cette cire qui ne peut être conçue que par

l’entendement ou l’esprit ? Certes c’est la même que je vois, que je touche, que j’imagine, et la même

que je connaissais dés le commencement. Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l’action

par laquelle on l’aperçoit n’est point une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l’a

jamais été, quoiqu’il semblât ainsi auparavant, mais seulement une inspection de l’esprit, laquelle

peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien claire et distincte, comme elle

est à présent, selon que mon

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