La Culture

La culture

I. Introduction : des significations contrastées Le langage courant associe plusieurs sens du mot « culture » qu’il nous appartiendra de dissocier soigneusement. Les enjeux d’une telle cla- rification sont en effet considérables. La culture d’une personne dite « culti- vée » ne saurait être assimilée à la culture d’une nation, pas plus qu’au système de marqueurs identitaires par lesquels un groupe s’affirme ou bien tend à se distinguer de sa communauté d’origine. La question de savoir si l’on parle de « culture » (au singulier) ou de « cultures » (au pluriel) recoupe cette première difficulté, sans se confondre toutefois avec elle : la « culture » (au singulier) renvoie à une série de caractères qui définissent l’homme en général, tandis que les « cultures » désignent des systèmes de normes et d’institutions qui qualifient des nations ou des groupes, et dont l’une des vocations serait de les particulariser. La « culture » qui unifie l’humanité n’est donc pas la culture qui sépare, voire oppose, les nations, les cités ou les catégories sociales. Pourtant tous ces usages du mot « culture » déri- vent d’un seul et même signifiant, dont l’étymologie peut sans doute éclairer l’unité dissimulée. Dérivé du latin colere : cultiver, honorer, le mot « cultura » appa- raît à la fin du XXe siècle. Outre le culte religieux, il désignait au départ le travail effectué sur la terre pour produire de la végétation. Le terme était alors synonyme d’agriculture ; ce sens initial se maintient actuellement dans des expressions telles que « culture vivrière », « culture fourragère », « po- lyculture ». À partir du XVIe siècle, les philosophes du courant humaniste commencent à employer le terme de « culture » dans le sens figuré que nous lui connaissons aujourd’hui. Mais c’est à partir du XVIIIe siècle que les dictionnaires parlent de « culture » pour désigner les activités mentales et les productions de l’esprit en général : la culture désigne désormais le développement de fonctions intellectuelles par l’étude et des exercices sou- tenus. On admettra désormais qu’un homme de grande « culture » n’est pas seulement un savant ou un érudit, mais qu’il est également une personne de goût, capable de faire preuve, dans les domaines les plus variés, de ju- gement et d’esprit critique - par opposition à un homme fruste, c’est - à - dire inculte. Les usages actuels du mot « culture », dans leur diversité, té- moignent de cette genèse à la fois cohérente et mouvementée. Aujourd’hui, le terme de « culture » peut désigner soit le développement (comme dans l’expression « culture physique »), ou l’exploitation, d’une donnée préalable (comme dans le mot « agriculture »); soit l’invention de formes symboliques et d’institutions caractéristiques de l’humanité. Dans ce deuxième sens, le terme de « culture » fut longtemps synonyme de « civilisation » la culture,

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la civilisation, désignaient l’ensemble des coutumes, des croyances, des modes de vie, mais aussi les règles juridiques, les interdits, les croyances religieuses, sans oublier les techniques matérielles etc. propres à une so- ciété donnée. Aujourd’hui, les deux notions tendent à se dissocier, et l’on parlera plus

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