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L'imagination Est Elle L'ennemie De La Raison

Mémoire : L'imagination Est Elle L'ennemie De La Raison. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Mars 2015  •  1 600 Mots (7 Pages)  •  2 912 Vues

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Dans le célèbre roman de Cervantès, Don Quichotte de la Mancha, après avoir lu de nombreux romans de chevalerie, est en proie à des hallucinations qui lui font croire qu’il vit une aventure chevaleresque comparable à celle des héros de ses lectures. Son imagination débridée a pris le pas sur sa raison. Rien, ni même son valet Sancho Panza, qui représente la réalité dans son délire, ne peut le ramener à la raison. Ainsi, il semble que cette faculté de produire des images mentales ne s’en tienne pas uniquement à reproduire des perceptions passées mais en crée de nouvelles et déforme le réel. En ce sens, elle semble radicalement opposée à la raison , faculté de l’entendement qui prétend rendre compte du réel et permettre à l’homme d’atteindre la vérité. De plus, comme le démontre cet exemple, l’imagination a tendance à étendre son action sur la raison, entravant ainsi sa capacité à rendre compte du réel. Ainsi, l’imagination est-elle l’ennemie de la raison ? Est elle la faculté qui éloigne l’homme du vrai et gêne la raison dans sa quête de connaissance ? Il semble de prime abord que cette puissance d’illusion lui nuise et doive être soumise à l’entendement. Cependant, la fonction d’irréel qu’elle représente ne permet-elle pas à une distanciation menant à une compréhension globale de la réalité ? De plus, la réalité que nous offre la raison est-elle l’unique vérité de ce monde ? L’imagination ne rend-elle pas également compte de vérités dont la raison peut user pour améliorer ses performances ?

Depuis l’antiquité, la raison est au sommet de la hiérarchie des facultés humaines. Puissance de l’esprit, elle permet à l’homme de se détacher du monde sensible pour atteindre les vérités universelles qui le régissent. En effet, comme l’explique Platon dans son allégorie de la caverne, les hommes sont rivés au monde sensible qui , constamment en mouvement, ne peut apporter un connaissance immuable et universelle. L’imagination est fondamentalement rattachée à la perception. En effet, il serait absurde de penser qu’elle crée ses images ex-nihilo. Elle les tire plutôt de sensations passées qu’elle combine plus ou moins aléatoirement pour offrir à l’homme des images qui ne sont donc jamais nouvelles. Ces images sont, selon Platon, « le plus bas degré de connaissance », dont il faut s’arracher pour atteindre, par la raison uniquement, les concepts du Bien, du Vrai et du Beau dont les choses du monde empirique ne sont que le reflet, la pale copie imparfaite et inconstante. C’est une ascension difficile car les hommes prennent pour vrai les images qu’ils perçoivent.

De plus, l’imagination est bien plus limitée que la raison, qui permet de conceptualiser, c’est à dire d’avoir une connaissance exacte et universelle des choses. La conceptualisation, à l’inverse de l’imagination est nécessaire. Elle permet d’atteindre les vérités qui ne sont pas présentée par les sens d’où l’imagination tire son contenu. Le triangle, par exemple, est une chose qui n’a jamais été observée dans la nature et qui, pourtant, n’est pas imaginée aléatoirement et sans loi. Il présente des propriétés intrinsèques et immuables ( la somme des angles, par exemple ) qui lui confèrent une consistance réelle et vraie. L’imagination peut aisément figurer, soit présenter aux yeux de l’esprit, un triangle. Cependant, peut elle, selon l’exemple de Descartes, représenter un chiliogone, ce polygone régulier à mille cotés ? La réponse est négative. Au mieux, le chiliogone ressemblera de loin à un cercle. Nous pouvons pourtant clairement en penser le concept. Ainsi, l’imagination, en plus de river l’homme aux images, ne permet pas de connaissance des concepts qui la dépassent.

Cette puissance est encore ennemie de la raison lorsqu’elle lui impose des visions délirante et dénuées de sens. Un exemple emprunté à Malebranche décrit un sage sur une planche en bois au dessus du vide qui ne peut s’empêcher d’avoir le vertige. Pourtant, sa raison lui assure qu’il ne tombera pas. L’imagination l’emporte ici sur la raison qui, selon Pascal, « a beau crier, elle ne met pas le prix aux choses ». En effet, la raison sévère et rigide rappelle à l’homme sa finitude, tandis que l’imagination transfigure les choses et les rend plus attrayantes qu’elle ne le sont en réalité. Ainsi, nombreux sont ceux qui se réfugieront dans un monde imaginaire pour fuir leur existence misérable.

Elle fait passer le vrai pour le faux et éloigne l’homme de la connaissance en imposant à la raison des visions irréelles. L’imagination est bien, jusqu’aux temps modernes, cette « superbe puissance ennemie de la raison » (Pascal). Cependant, il semble que les aspects sur lesquelles les penseurs se sont attardés jusque là ne soient pas ceux qui caractérisent le mieux l’imagination. Est elle réellement seulement un réservoir d’images ou un puissance d’hallucination ? L’imagination par sa puissance de distanciation ne permet-elle pas d’arracher la conscience immédiate du monde matérielle ou elle est enlisée ?

Kant conçoit lui aussi toute connaissance comme nécessairement détachée du monde empirique. Cependant, de

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