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L'art Doit-il être dérangeant ?

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Par   •  30 Avril 2014  •  1 302 Mots (6 Pages)  •  2 585 Vues

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« Créer, c’est résister. Résister, c’est créer. » disait Stéphane Hessel. Chaque œuvre d’art étant une création, l’art apparaîtrait alors comme une résistance à tout ce qui est imposé. Ainsi il convient de se demander : l’art doit-il être dérangeant ? Cela pose un problème car la notion de devoir renvoie à la notion de fonction. Nous devons attribuer une fonction à l’art, se pose donc le problème de son utilité. La première vocation de l’art est-elle de déranger ? L’art doit-il montrer ce que nous voulons voir ou ce que nous avons besoin de voir ? Nous tenterons de répondre aux enjeux anthropologiques de ce problème en voyant que l’artiste peut se contenter de rechercher la beauté, la satisfaction esthétique et donc des sens. Puis, nous montrerons que le sens étant difficilement séparables de l’esprit, la satisfaction esthétique peut découler du dévoilement d’une vérité et donc engendrer une satisfaction intellectuelle. Enfin, nous étudierons l’art contemporain et l’incompréhension qu’il génère.

L’artiste peut se contenter de rechercher la beauté, la satisfaction esthétique et donc des sens. Nous pouvons distinguer la simple satisfaction des sens, c’est la beauté liée à l’harmonie et à l’équilibre de la composition du plaisir esthétique lié à la grandeur d’une chose. Le point de départ de Kant était que l’art est source de plaisir. Une partie de ce plaisir résulte de la mise en éveil de nos sens par l'œuvre. C'est l'effet mécanique du piège à perception. Mais, quand elle est perçue comme un monde, l'œuvre apporte un autre type de plaisir au niveau du sens. Un plaisir plus profond qui s'apparente à la joie. Ce qui nous apparaît, c'est un monde parfaitement cohérent, unifié, qui exclut l'informe, le chaos, c'est à dire l'angoisse. L'art est donc, par essence, rassurant, apaisant, source de bien-être. Comment alors peut-il être dérangeant ? C'est que, même si elle veut représenter l'horreur, l'informe, l'œuvre d'art est elle-même toujours structurée et cohérente. Cela permet d'observer l'impensable, l'informe en lui donnant une forme, en le rendant accessible, lisible, et finalement moins menaçant. D'où la tentation, chez certains artistes, de se situer à la limite de l'horrible, de la dissonance, ce qui est une manière de faire reculer le chaos, le Mal, comme Charles Baudelaire, dans son recueil Les Fleurs du Mal et plus précisément dans son poème A une charogne.

Auparavant, lorsqu’il était question de beauté, il était dit que le beau était une chose. Si nous trouvions une chose belle, c’est que la chose était belle. Le beau était alors le révélateur de la beauté dans sa vérité. Désormais et depuis la Renaissance, le beau est dans le regard, dans le rapport à la réalité. Le beau est un sentiment. Selon Platon, c’est le fait que la vérité se dévoile dans sa vérité qui provoque un tel sentiment. Cela transparait au niveau de la sensibilité par l’harmonie. Cependant, Kant prétend que le beau est indéfinissable. Nous ne savons pas ce qui le provoque. Ce ne sont pas les choses qui sont belles, c’est notre regard qui les rend belles. Une véritable beauté n’est-elle pas pour autant aussi dérangeante ? Classiquement, une beauté résultait d’une harmonie. Cependant, une harmonie respectée ne serait-elle pas en même temps fade ? La beauté mathématique ne serait-elle pas quelque peu froide et du coup insatisfaisante ? Ainsi, nous en venons à nous demander si la véritable beauté n’est pas la discorde, la non harmonie, le non beau. Ainsi Jean Pierre Jeunet, le réalisateur de Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, a dit récemment « Plus c’est moche, mal joué, mal écrit, plus c’est de l’art ! » Mais cette idée de la beauté n’est-elle pas gênante et non conforme aux idées reçues ? Aimer l’art qui apporte un supplément d’âme, quelque chose d’indéfinissable qui emporte notre assentiment est-il conforme aux opinions admises par la société ?

Le sens étant difficilement séparables de l’esprit, la satisfaction

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