L'amitié est-elle la forme privilégiée de la connaissance d'autrui ?
Dissertation : L'amitié est-elle la forme privilégiée de la connaissance d'autrui ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lauradg1996 • 12 Mai 2013 • 1 445 Mots (6 Pages) • 1 913 Vues
Analyse de la formule :
Amitié : le terme peut être pris dans une acception très large ( la sympathie en générale) ou tout à fait particulière si on le distingue d'autres sentiments comme l'amour, la tendresse filiale, ou la charité envers le prochain.
Privilégier : l'amitié fait de l'ami un privilégié, nous lui donnons la préférence sur les autres à chaque fois que le choix dépend de nous. Mais justement ce parti- pris est un préjugé. Il faut réfléchir à ce que serait une forme privilégiée de connaissance
Connaissance : c'est à la fois la rencontre : « faire connaissance » et l'étude, la recherche d'informations objectives permettant de cerner l‘autre.
Exemple d'introduction
Il y a d'abord un paradoxe à associer l‘amitié à la connaissance puisque l'amitié est un lien affectif et un état alors que la connaissance est une activité intellectuelle. Comment et en quoi la sphère de l'affectivité peut- elle apporter un type de connaissance, et de surcroît « privilégié » c'est à dire de qualité supérieure ?
Spontanément, on aurait plutôt tendance à croire que l'amitié (comme l'amour) aveugle, rend complaisant envers ceux qu'on aime. Le jugement y perd en objectivité.
Toutefois, la connaissance suppose une capacité d'ouverture, il faut accepter d'épouser les formes singulières de ce qui est étudié ; cette plasticité requiert une disponibilité de temps et d‘énergie que seule la passion est capable de fournir. En ce sens, la formule de saint Augustin se comprend : « On ne connaît bien que ce qu'on aime ». Le souci de connaissance prend la forme d'une « vocation dévote ».C'est peut-être à cette seule condition que l'activité de connaissance évite la tentation de l'assimilation de l'inconnu au connu et les autres réductions falsifiantes. La sympathie est peut-être la voie de la véritable objectivité.
La résolution du problème implique de réfléchir sur les rapports entre l'autre et l'activité cognitive.
Autrui est-il un objet de connaissance comme un autre ? Ou est-il bien plus retors, car fondamentalement secret…L'amitié qui est une forme de rapport qui lie un sujet à un autre de manière privilégiée, n'est-elle pas un écran déformant supplémentaire entre moi et l'autre ?
I)L'amitié est une forme privilégiée de rencontre de l'autre.
Aristote distingue « l'homonoia » le consensus ( la concorde, l'identité de vue) qui lie entre eux tous les citoyens d'une République bien constituée de la « philia » l'amitié, par laquelle on goûte le plaisir de la relation avec cet homme particulier, en tant qu'il est ce qu'il est » Ethique à Nicomaque VIII 3,1156 a 16
L'amitié est à la fois prise en compte de la singularité individuelle de l'ami, (ses goûts et dégoûts, sa façon propre de bouder comme d'être heureux) et sentiment de notre affinité profonde, « Parce que c'était lui, parce que c'était moi » disait Montaigne de La Boétie Les essais livre I chap. XXVIII. L'amitié naît de la révélation d'une parenté fondamentale ( qui n'est pas celle engendrée par la vie en famille et qui fascine d'autant plus qu'elle lie intimement deux êtres qui sont d'abord des inconnus). La découverte de l'ami est donc aussi découverte de soi et révélation de notre identité essentielle au-delà des gangues et pesanteurs des inscriptions familiales et sociales. Ainsi, tout en soulignant que l'amitié se nourrit de respect réciproque et de sentiment d'égalité, Aristote remarque qu'un maître peut éprouver de l'amitié pour un esclave : c'est qu'en ce cas, il le considère en tant qu'homme et non en tant qu'esclave. VIII 9,1159, a .
Ce sentiment de « fraternité » envers l'autre en tant qu'homme (au -delà des frontières territoriales et sociales) est au cœur aussi bien de la philosophie stoïcienne que de la sensibilité des premières sectes chrétiennes. Ainsi voit-on que l'amitié opère ses propres révolutions de mentalité et a beaucoup fait pour la reconnaissance de l'autre en tant qu'homme, reconnaissance qui est sans doute la première étape, indispensable, tant à la rencontre de l'autre qu'à l'effort de connaissance objective d'autrui.
II)L'autre n'est pas un
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